Séance "fructueuse" du gouvernement sur les déchets, les salaires des fonctionnaires et les eurobonds

Le Conseil des ministres, présidé par le chef du gouvernement, Tammam Salam, s'est réuni jeudi au Grand Sérail en l'absence des ministres du Courant patriotique libre de Michel Aoun, du Hezbollah, des Marada et du Tachnag, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Plusieurs points, se rapportant aux dossiers des déchets, des salaires des fonctionnaires et de l'émission d'euro-obligations ont toutefois fait l'objet de décisions lors de cette séance qualifiée de "fructueuse" par certains ministres.

S'agissant des déchets, "une formule qui prévoit des mesures rapides pour traiter ce problème" a été adoptée, a annoncé le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, dans un communiqué lu à l'issue de la séance. Ce plan prévoit, entre autres, d'amener les municipalités qui souhaitent traiter elles-mêmes leurs déchets, à se manifester. Dans ce cas, elles bénéficieraient des fonds municipaux qui leur sont dûs, et qui seraient dès lors débloqués, a-t-il expliqué.

M. Salam a demandé au ministère de l'Intérieur de dresser une liste des municipalités intéressées. Après cette démarche, le chef du gouvernement doit convoquer la commission gouvernementale en charge du dossier à se réunir".

Le Conseil des ministres a affiché son attachement à la liberté d’expression et de manifestation, tout en condamnant les actes de violence des émeutiers et en exprimant son soutien aux forces de l'ordre. Le weekend dernier, les manifestations organisées par le collectif "Vous Puez !" avaient dégénéré en affrontements entre plusieurs manifestants et les policiers et soldats présents sur le terrain.

Peu avant le début du Conseil, le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk a fait savoir que les employés de la société de ramassage et de stockage des déchets Sukleen ont levé leur sit-in au niveau de la Quarantaine, et que par conséquent la compagnie allait reprendre ses opérations de collecte des déchets..
Les employés de Sukleen sont inquiets pour l'avenir de leur emploi, après l'expiration du contrat avec la société, le 17 juillet dernier. La compagnie a assuré dans un communiqué jeudi matin avoir déployé ses camions en vue de collecter les déchets dans les régions qui ont réussi à assurer des décharges, notamment Beyrouth et sa banlieue.

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Sur un autre plan, le Conseil des ministres a approuvé à l'issue de sa réunion l'ouverture de crédits afin d'assurer les salaires des fonctionnaires et des militaires. Le ministre des Finances Ali Hassan Khalil avait tiré la sonnette d'alarme quant à un manque de fonds à cet effet, à partir du mois de septembre.

Le Conseil a également approuvé l'émission d'euro-obligations pour assurer des liquidités à l'Etat. Il a demandé par ailleurs la nomination d'un bureau d'avocats qui se chargerait de la défense de l'Etat dans le litige qui l'oppose à la compagnie Imperial Jet. Le Liban a déjà perdu son droit de nommer un arbitre dans l'affaire mais a toujours la possibilité de nommer un bureau de défense pour le représenter. Imperial Jet réclame à l'Etat libanais la somme de deux milliards de dollars pour les dommages subis entre les années 2009 et 2015.

Revenant sur le boycottage des ministres frondeurs jeudi, M. Salam a souhaité que le dialogue "reste ouvert entre les parties politiques afin de ramener tous les ministres à participer aux Conseils en vue de répondre aux besoins des Libanais", a ajouté M. Jreige.

Mardi, lors d'une session extraordinaire du Conseil, ces ministres s'étaient retirés avant la fin de la réunion en signe de protestation contre la procédure de prise de décision au sein du gouvernement. Soixante-dix décrets simples avaient été signés, au grand dam des ministres aounistes et du Hezbollah. Selon la LBCI, M. Salam a gelé l'entrée en vigueur des décrets en question, afin de les réexaminer avec les ministres du CPL et ceux du Hezbollah.

Pour le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, l'absence des six ministres en question "est une escalade, mais tout peut être réglé par le dialogue".

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"S'ils sont patriotes, qu'ils se présentent au Conseil"
Le ministre de l'Économie, Alain Hakim avait de son côté haussé le ton avant d'entrer en réunion, menaçant d'un retrait des ministres membres des Kataëb, dont il fait partie, si le dossier des déchets n'était pas réglé aujourd'hui et si les décisions du Conseil des ministres ne sont pas signées par la totalité des 24 ministres. Le ministre d'État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, avait pour sa part critiqué ses collègues boycotteurs : "S'ils sont patriotes, qu'ils se présentent au Conseil des ministres, car le peuple a besoin de nous tous".

Concernant le Akkar, au Liban-nord, M. Rifi a souligné que "si un plan national qui prévoit la répartition des déchets est mis en place, c'est à ce moment-là que le Akkar serait prêt à participer à ce plan". Le gouvernement avait annoncé mardi qu'une somme de 100 millions de dollars a été allouée au développement de la région, et souhaité que celle-ci accepte d'accueillir une décharge pour les déchets du Grand-Beyrouth. De nombreux habitants ont immédiatement exprimé leur opposition lors d'une manifestation. Une autre manifestation est prévue dans ce sens aujourd’hui. Samedi, c'est le collectif "Vous Puez !" qui organise une nouvelle manifestation place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth. Le CPL a convié mercredi ses partisans à participer à cette manifestation, estimant que la formation a les mêmes demandes que les activistes de la campagne "Vous Puez !".

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