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Liban - Coopération

Un centre académique pour encourager les ingénieurs libanais à travailler en Allemagne

Le projet a été mis en place conjointement par l'ambassade d'Allemagne au Liban, le German Academic Development Center (Centre allemand pour le développement académique – GADC) et l'Université d'Aix-la-Chapelle.

Le panel libano-allemand a sélectionné la première promotion d’ingénieurs libanais pour faire carrière en Allemagne. De gauche à droite : Deborah Greis, responsable du programme en Allemagne, Helmut Dinger, directeur de l’Académie internationale de l’Université d’Aix-la-Chapelle, Janina Latzke, coordinatrice du programme, Ayman Chéhadé, directeur général du GADC, Dalia Farhat, directrice exécutive du GADC, Ulf-Oliver Hösch, troisième secrétaire et responsable des affaires culturelles et de la presse à l’ambassade d’Allemagne, Michlène Wehbé-Suleiman, professeur à l’Université libanaise et membre du comité directeur de l’ordre des ingénieurs, et Elsy Oueiss, chef des ingénieurs chez Khoury.

Ayman Chéhadé, directeur général du GADC, et Ulf-Oliver Hösch, troisième secrétaire et responsable des affaires culturelles et de la presse à l'ambassade d'Allemagne, parlent à deux voix du projet qui a commencé à germer il y a trois ans et qui a été mis en pratique au début de cette année. Aujourd'hui, 24 ingénieurs libanais se préparent à aller en Allemagne, la deuxième promotion suivra.
Ayman Chéhadé est lui-même ingénieur. Il a suivi des études en Allemagne et il est le représentant d'une compagnie d'ingénierie allemande au Moyen-Orient. Il met donc ses propres connaissances, son expérience et son savoir-faire au service du projet. Ulf-Oliver Hösch, comme de nombreux diplomates à l'ambassade d'Allemagne au Liban, veut soutenir une forme de coopération qui porte ses bénéfices aux deux pays, loin des idées reçues d'assistance Nord-Sud. Il veut aussi promouvoir une image positive du Liban auprès de ses compatriotes.
« Il n'est pas facile, sans bénéficier de l'infrastructure nécessaire, d'amener des ingénieurs libanais à faire carrière en Allemagne. Il y a certes le barrage de la langue et aussi la mauvaise image des émigrés libanais dans ce pays », indique M. Chéhadé.
En effet, la diaspora libanaise n'a pas bonne réputation en Allemagne. Ayant quitté le Liban avec la guerre, et faisant partie au Liban d'un milieu rural et pauvre, elle n'a pas trop progressé dans ce pays. Nombre de Libanais sont également impliqués dans une mafia de drogue et de prostitution, notamment à Berlin et à Dresde.
Le projet permet donc de changer petit à petit l'image du Liban dans l'esprit allemand et donne l'opportunité aux ingénieurs locaux de s'établir en Allemagne, leur permettant de faire carrière auprès de compagnies germaniques.

Un déficit de 80 000 ingénieurs
« À cause du changement démographique et du vieillissement de la population, l'Allemagne a un déficit de 80 000 ingénieurs », souligne M. Hösch. Ce déficit existe également dans de nombreux autres métiers, notamment la médecine.
« Nous pouvons à travers le German Academic Development Center pourvoir l'Allemagne avec un maximum de 200 ingénieurs par an. Aujourd'hui nous sommes à notre première promotion qui compte 24 personnes », indique M. Chéhadé.
Il a fallu de longs mois pour mettre le programme en place. Le Liban dispose certes de nombreux ingénieurs, spécialisés dans tous les domaines, mais il fallait trouver la structure adéquate en Allemagne et les préparer pour pouvoir entamer une carrière dans ce pays.
« Il fallait trouver avant tout la structure académique allemande. Nous avons choisi l'Université d'Aix-la-Chapelle, qui est une université d'élite. Il y a quelques années, l'institution avait pris part à un projet académique de l'Union européenne au Liban. Elle disposait donc de données dans le domaine de l'ingénierie au Liban. Nous avons aussi retrouvé un important professeur qui enseignait le génie à l'Université américaine de Beyrouth et qui se trouve actuellement à l'Université d'Aix-la-Chapelle », explique M. Chéhadé.
Le GADC, conjointement avec l'Université d'Aix-la Chapelle et l'ambassade d'Allemagne au Liban, met donc le projet en place. Il trouve aussi d'autres partenaires, notamment l'ordre des ingénieurs de Beyrouth, l'ordre des ingénieurs de Baden-Würtemberg et le Forum académique Beyrouth-Berlin.
Pour présenter le projet, des conférences sont données à l'ordre des ingénieurs de Beyrouth ainsi que dans les universités libanaises. « Pour la première promotion, nous avons eu une centaine de candidats, pour la deuxième plus de 150... et nous ne nous sommes présentés jusqu'à présent qu'auprès de l'AUB et de l'Université arabe de Beyrouth. Des présentations à l'Esib, à la LAU, à la NDU, à l'Université de Balamand et à l'Université antonine devraient suivre », indique M. Chéhadé.
Les détails du programme sont les suivants : les ingénieurs, de tous les horizons (civil, mécanique, hydraulique, électrique, informatique...) présentent une candidature en ligne ; une fois sélectionnés, ils répondent, également en ligne, à un questionnaire ; un entretien en présence d'un panel libano-allemand suivra ; trente à trente-cinq personnes seront sélectionnées.

Un permis de séjour permanent au bout de 21 mois
« Nous leur proposons six mois de cours intensifs de langue allemande au Liban. Ils partent ensuite pour une formation d'un mois à l'Université d'Aix-la-Chapelle, où ils reçoivent une formation sur les normes allemandes en matière d'ingénierie. Ils passent ensuite cinq mois dans une entreprise allemande. Chaque ingénieur est suivi par un tuteur qui l'aide dans son expérience allemande. Si au bout de quelques semaines les choses ne fonctionnent pas correctement avec la première entreprise, l'ingénieur est transféré dans une deuxième compagnie », poursuit-il.
Au bout de ces cinq mois au maximum, l'ingénieur venu du Liban signe un contrat avec l'entreprise allemande. Et au bout de 21 mois de travail en Allemagne, chacun peut bénéficier d'un permis de séjour permanent dans le pays. Il faut attendre huit ans, à partir de la première année de travail en Allemagne, pour pouvoir déposer une demande de nationalité allemande.
« Les Libanais sont à la base trilingues, ils bénéficient de bonnes formations universitaires. S'ils travaillent auprès des compagnies allemandes et connaissent la langue allemande, ils peuvent être des intermédiaires entre ces compagnies et d'autres dans le monde arabe », indique M. Hösch.
M. Chéhadé vante de son côté la qualité de vie en Allemagne et la proximité géographique de ce pays du Liban (un peu moins de quatre heures de vol Beyrouth-Berlin ou Beyrouth-Francfort).
« Un ingénieur libanais qui travaille au Liban ou dans un pays du Golfe ne progresse plus. Cela n'est pas le cas en Allemagne. L'Université d'Aix-La Chapelle, par exemple, prévoit dans son budget 15 milliards de dollars pour la recherche en matière d'ingénierie. De plus, également pour être à la pointe de la recherche en matière de technologie, la plupart des grandes entreprises allemandes, de BMW à Siemens, possèdent des bureaux dans cet établissement. Et puis, qu'y a-t-il de mieux pour un ingénieur d'exercer son métier en Allemagne, un pays qui figure en tête de liste avec le Japon et les États-Unis en matière d'industrie et de technologie », souligne-t-il en conclusion.

Ayman Chéhadé, directeur général du GADC, et Ulf-Oliver Hösch, troisième secrétaire et responsable des affaires culturelles et de la presse à l'ambassade d'Allemagne, parlent à deux voix du projet qui a commencé à germer il y a trois ans et qui a été mis en pratique au début de cette année. Aujourd'hui, 24 ingénieurs libanais se préparent à aller en Allemagne, la deuxième...

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