La « Semaine des ambassadeurs », un pari gagné pour Laurent Fabius

Pari gagné pour le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son équipe avec la réussite de la première Semaine des ambassadeurs, inaugurée lundi au centre de conférence gouvernemental de la rue de la Convention à Paris.
Jusqu'ici, cette rentrée politico-diplomatique se limitait à des concertations en huis clos entre les chefs des missions françaises à l'étranger et les responsables du Quai d'Orsay avec des discours de circonstance du président de la République et du ministre des Affaires étrangères.
La « version élargie » de 2015, qui sera désormais annuelle, a ainsi mis en contact les ambassadeurs avec le public, notamment des étudiants, des membres des professions libérales et des hommes d'affaires. Ce qui marque une dérogation voulue et contrôlée aux vieilles règles de la diplomatie à portes closes.

Par tables rondes et rencontres en petits groupes, les représentants de la France ont évoqué mille et un sujets sur leur mission, le fonctionnement des chancelleries et les sujets d'actualité dans les points chauds du monde. Les titres des tables rondes animées par des journalistes étaient suffisamment explicites : La question ukrainienne, traitée par l'ambassadrice à Kiev Isabelle Dumont ; Les diplomates face aux crises, avec la participation des ambassadeurs au Yémen et en Irak, Jean-Marc Grosgurin et Marc Baréty, ainsi que de l'ambassadeur Patrice Paoli récemment rentré de Beyrouth pour diriger le Centre de crise et de soutien du Quai ; Qui a besoin de l'Europe ?, avec les ambassadeurs et ambassadrices au Royaume-Uni, auprès de l'Union européenne, en Italie et en Grèce. Un autre thème, Vers un nouvel Iran, a été particulièrement suivi, avec le chef de l'équipe de négociation de l'accord sur le nucléaire, Nicolas de Rivière, l'ambassadeur à Téhéran Bruno Foucher et l'ambassadeur à Washington Gérard Araud.

Hier, des centaines de rencontres entre des hommes d'affaires français et des ambassadeurs ont eu lieu et ont porté sur les pays où se trouvent des entreprises tricolores ou des entreprises qui comptent s'y installer. Dans deux salles du centre de la rue de la Convention, les ambassadeurs de France, installés derrière de petits bureaux avec des écriteaux portant leurs noms et les pays où ils sont en mission, ont reçu plusieurs centaines de chefs d'entreprise, notamment des PME.
Nous avons pu repérer le nouvel ambassadeur de France au Liban, Emmanuel Bonne, s'entretenant avec la directrice d'une société agroalimentaire intéressée par le marché libanais. Le diplomate nous a confié qu'il avait auparavant reçu – sujet d'une brûlante actualité – un chef d'entreprise spécialisée dans la collecte des « ordures entassées » qui a proposé une intervention rapide et directe pour remédier à l'entreposage sauvage de nos ordures ménagères et autres déchets déposés dans les rues et à la campagne.

(Lire aussi : Une « Semaine des ambassadeurs » pour rapprocher les diplomates et le public)

Paris et le climat
Par ailleurs, le président François Hollande a prononcé hier à l'Élysée, devant les ambassadeurs de France, le Premier ministre et des membres du gouvernement ainsi que des parlementaires un discours dans lequel il a rappelé les grandes lignes de la politique étrangère de la France, s'attardant sur des questions et des problèmes tels que le terrorisme et les risques qu'il représente pour le monde entier. Sur le terrorisme, M. Hollande a prôné un recours à la force organisé et en concertation avec la communauté internationale. Parallèlement à l'engagement militaire qui n'est « jamais suffisant à lui seul », le chef de l'État a préconisé le recours à la diplomatie pour trouver des voies de sortie à ce problème et « aux crises que nous connaissons. La Syrie (voir par ailleurs), l'Irak, la Libye, l'Égypte, la Tunisie et d'autres points chauds dans le monde ont été également évoqués par le président. Celui-ci est passé ensuite au problème des crises migratoires dans le monde et en particulier en Europe, invitant les partenaires de l'UE à adopter une politique commune face à ce problème, c'est-à-dire un système unifié d'asile avec des délais raccourcis, une harmonisation des règles et une répartition équitable des réfugiés. Concernant l'Iran, M. Hollande a estimé qu'une nouvelle relation avec ce pays est possible et qu'elle suscite des espoirs « qui ne doivent pas se transformer en illusions ou en innocence ». Les relations avec l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, avec l'Égypte, et la position de la France à l'égard du problème israélo-palestinien ont été ensuite passées en revue. Il a souligné l'importance de maintenir les liens d'amitié avec ces pays et rappelé l'attachement de la France à la solution de deux États à laquelle, a-t-il dit, il n'y a pas d'alternative.

En attendant, la Semaine des ambassadeurs se poursuivra aujourd'hui et demain avec une séquence, ce matin, intitulée Vers l'alliance de Paris pour le climat. Elle aura lieu avec la participation du secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, et sera suivie en début d'après-midi au Quai d'Orsay par un point de presse conjoint de Laurent Fabius et de M. Ban. Demain, aura lieu la clôture de la Semaine avec une annonce des orientations pour la mise en place d'un « ministère des Affaires étrangères et du Développement économique international du XXIe siècle ». Enfin, Laurent Fabius prononcera un discours pour dresser le bilan de cette nouvelle formule des assises diplomatiques françaises.

Lire aussi
Hollande juge indispensable la "neutralisation" d'Assad

Emmanuel Bonne : Comptez sur moi et sur la France pour rester aux côtés du Liban