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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Le drapeau américain flotte à nouveau sur La Havane, 54 ans après...

Malgré la réconciliation entre les États-Unis et Cuba, de nombreux points de frictions persistent, mais l'île se dit disposée à « dialoguer sur tous les sujets », y compris les droits de l'homme.

Les marines américains hissent le drapeau des États-Unis en présence de John Kerry, à La Havane, le 14 août 2014, marquant la reprise des relations diplomatiques entre les deux États. Pool/Pablo Martinez Monsivais/AFP

Cinquante-quatre ans après avoir été abaissé, le drapeau américain flotte à nouveau devant l'ambassade des États-Unis à Cuba, hissé hier en présence du secrétaire d'État américain John Kerry, qui a salué un « moment mémorable » entre les deux ex-adversaires de la guerre froide.
« Mes amis, il n'y a pas besoin d'un GPS pour réaliser que la voie de l'isolement mutuel empruntée par les États-Unis et Cuba n'était pas la bonne », a affirmé M. Kerry dans un discours prononcé en partie en espagnol devant l'ambassade. Vêtu d'un costume sombre malgré la chaleur, il a aussi estimé que « le peuple de Cuba serait mieux servi par une véritable démocratie où les gens sont libres de choisir leurs dirigeants ». Ce dernier a également réaffirmé que le gouvernement du (président) Barack Obama était « fortement en faveur » de la levée de l'embargo économique imposé à l'île communiste depuis 1962. Derrière des barrières de sécurité, une petite foule a assisté à cette cérémonie en agitant des drapeaux cubains. Les hymnes cubain et américain, et le lever du drapeau ont été accompagnés de « Viva » et d'applaudissements. Façades repeintes, rues asphaltées dans l'urgence : La Havane s'est mise sur son 31 pour accueillir M. Kerry, qui a atterri vers 09h00 (13h00 GMT) et doit rester une dizaine d'heures sur place.
Premier secrétaire d'État américain à fouler le sol cubain depuis 1945, John Kerry a salué un « jour historique » entre les États-Unis et Cuba, quelques heures après avoir assisté à la réouverture officielle de l'ambassade américaine sur l'île communiste, au cours de laquelle la bannière étoilée a été à nouveau hissée, 54 ans après son retrait. « Aujourd'hui, nous faisons un pas historique, et j'ajouterais qu'il aurait dû survenir bien plus tôt, dans la bonne direction, et nous sommes déterminés à aller de l'avant », a insisté M. Kerry. Il s'est voulu optimiste pour l'avenir, disant « ne pas imaginer » que le prochain président des États-Unis revienne sur la normalisation des relations avec Cuba.
Cette visite intervient huit mois après l'annonce solennelle et simultanée, le 17 décembre, par Barack Obama et Raul Castro d'un rapprochement historique. Et pour marquer un peu plus l'histoire, ce sont les trois marines, Jim Tracy, F.W. Mike East et Larry C. Morris, qui avaient abaissé en janvier 1961 le drapeau flottant au fronton de la représentation diplomatique, qui l'ont remis aux jeunes marines pour le hisser de nouveau hier, scellant la nouvelle entente des anciens ennemis. « Voir flotter le drapeau américain sur le Malecon (front de mer) de La Havane est un sentiment aussi profond que celui ressenti à Washington », quand a été hissé le drapeau cubain, confiait cette semaine Hugo Cancio, l'un des rares Cubano-Américains invités à la cérémonie. Dans les faits, les relations diplomatiques sont déjà rétablies, et les ambassades des deux côtés rouvertes, depuis le 20 juillet, mais le département d'État a salué un « jour historique ». Les deux gouvernements avaient rompu les liens en 1961 dans la foulée de la révolution castriste, mais ils entretenaient depuis 1977 des sections d'intérêts qui faisaient office d'ambassades.

Des conceptions « différentes »
La brève visite de John Kerry vise aussi à aborder les sujets qui fâchent, comme la protection des droits de l'homme et des dissidents politiques. Alors que de nombreux dissidents cubains craignent de perdre le soutien des États-Unis une fois les deux pays complètement réconciliés, M. Kerry est très attendu sur cette question. Des opposants à la détente accusent aussi l'administration démocrate d'avoir mis sous l'éteignoir ses exigences en matière de droits de l'homme et de libertés publiques. « Je vais rencontrer des dissidents (...). J'aurai la chance de m'asseoir avec eux » au cours d'une réception, privée, à la résidence de l'ambassadeur américain à La Havane, a assuré John Kerry sur la télévision américaine en espagnol Telemundo News avant son voyage. Il a promis aussi que les droits de l'homme seraient « en haut » de son programme d'entretiens. Il a également dit qu'il s'offrirait « une promenade à pied, librement, dans la vieille ville de La Havane ».
Dans ce contexte, le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a affirmé hier à La Havane que Cuba était disposé à « discuter de tous les sujets » avec les États-Unis, y compris des droits de l'homme. « Nous avons des conceptions différentes de la souveraineté, de la démocratie et des droits de l'homme », a déclaré M. Rodriguez lors d'une conférence de presse aux côtés de M. Kerry, mais « nous sommes prêts à dialoguer sur tous les sujets même si nous ne sommes pas toujours d'accord ». Il a toutefois répété les exigences de La Havane avant de sceller complètement la bonne entente entre les deux ex-ennemis de la guerre froide, brouillés pendant plus d'un demi-siècle. « J'ai rappelé au secrétaire d'État que la levée totale de l'embargo (économique imposé par Washington depuis 1962) est essentielle pour pouvoir avoir des relations normales avec les États-Unis, de même que la restitution de la base navale de Guantanamo », située à Cuba, a-t-il affirmé.

Nicolas REVISE et Francisco JARA/AFP

Cinquante-quatre ans après avoir été abaissé, le drapeau américain flotte à nouveau devant l'ambassade des États-Unis à Cuba, hissé hier en présence du secrétaire d'État américain John Kerry, qui a salué un « moment mémorable » entre les deux ex-adversaires de la guerre froide.« Mes amis, il n'y a pas besoin d'un GPS pour réaliser que la voie de l'isolement mutuel empruntée...

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