On ne touche pas au drapeau

Il y a ceux qui, à la voir, ont hoché la tête tristement en se disant, une fois de plus, « oui c'est tout à fait ça ». Une telle image illustre en effet parfaitement le stade, on ne peut plus dégradant, que nous avons malheureusement atteint, nous qui demandons à chaque fois : « Est-ce possible d'en arriver là ? Jusqu'où encore ? »
L'image étant aujourd'hui le moyen de communication le plus expressif, efficace et rapide, elle résume les faits, transmet clairement le message aux personnes visées et circule dans les médias en un temps record.
Néanmoins, il est tout aussi outrageant de mettre notre drapeau au service de notre misère quotidienne. Le drapeau est le symbole principal de la patrie. Hissé en hauteur, il nous donne l'espoir d'aller vers l'avant, avec optimisme et fierté. À l'échelle nationale, ses couleurs et ses motifs sont décrits dans notre Constitution. Bien évidemment, à l'échelle internationale, il représente le pays qui le porte partout dans le monde. Avec un tel poids, il n'est donc pas acceptable qu'il soit utilisé pour caricaturer la situation déplorable dans laquelle nous sommes.
Si nos leaders nous manquent de respect, nous ne devrions pas en faire davantage. D'une part, ça ne fera qu'amplifier notre rage. D'autre part, nous qui sommes sensibles à nos apparences, nous ferions mieux de ne pas exposer de telles horreurs au monde entier, lequel, au lieu de compatir comme nous cherchons tant à faire, ne fera de notre ridicule que l'objet de nouvelles dérisions.
Notre saison d'été s'annonçait pourtant relativement bien.
Bien qu'elle soit ensevelie sous les ordures et que les cèdres frôlent l'extinction, épargnons-en au moins notre cher drapeau. Il est probablement l'un des derniers symboles qui nous unit et nous rattache à notre patrie.

Sybille BADRUDDIN