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Moyen Orient et Monde - Crise

À Aden, l’acheminement de l’aide humanitaire est un parcours laborieux

À Aden, grande ville du sud du Yémen dévastée par quatre mois de combats, l'aide alimentaire commence à être distribuée à la population, mais le processus est laborieux, avouent les humanitaires sur le terrain.
La guerre au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, a fait près de 4 000 morts depuis mars selon l'Onu et 21 millions de personnes ont besoin d'aide ou de protection. Reprise par les forces loyalistes à la mi-juillet aux rebelles chiites houthis au prix de violents combats, la cité portuaire d'Aden présente de profondes blessures de guerre : bâtiments éventrés, égouts crevés, réseaux d'eau et d'électricité détruits. Dans les rues qui commencent à peine à être déblayées, les habitants errent à la recherche de produits de base. « Nous vivons une véritable catastrophe, sans eau, sans électricité et sans salaire », murmure Abdel Rahmane Saleh qui traîne des bidons en plastique en espérant pouvoir les remplir d'eau dans une mosquée du quartier Crater qui a un puits. « Je n'ai pas pu quitter mon quartier, car je n'avais pas où aller », ajoute-t-il les traits tirés. Awad Nasser, autre habitant de Crater, s'est quant à lui réfugié pendant les combats dans le quartier de Cheikh Othman, mais n'a trouvé qu'un désert en rentrant chez lui. « Il n'y a plus rien, absolument rien », dit-il en se désolant de l'absence d'aide des autorités.

Gouttes d'eau Crisedans un océan
Depuis la reconquête de la ville par les forces loyalistes et le départ des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, la réouverture de l'aéroport a permis d'acheminer par voie aérienne des aides d'urgence de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Qatar, trois pays membres de la coalition antirebelles.
L'accès maritime a lui aussi été rétabli, mais les quantités d'aide acheminées par air et par mer ne sont qu'une goutte d'eau par rapport à l'océan des besoins d'une ville qui compte habituellement près d'un million d'habitants. « Les aides ne sont pas suffisantes pour faire face aux besoins. Elles ne font qu'atténuer la catastrophe que nous vivons », a déclaré à l'AFP Adnane al-Kaf, porte-parole d'un collectif de secours. Son organisme a commencé dimanche à distribuer des aides saoudiennes dans le quartier de Cheikh Othman, à raison de 15 000 rations alimentaires par jour. L'Arabie saoudite, chef de file de la coalition antirebelle, avait annoncé le 13 mai le doublement de son aide humanitaire au Yémen, à 540 millions de dollars (493 millions d'euros). Mais l'Onu avait déploré le 7 juillet n'avoir reçu que 13 % des 1,6 milliard de dollars demandés à la communauté internationale pour assister la population yéménite.

Services publics paralysés
Nasser Bajanoub, chef de l'Association d'entraide humanitaire, un partenaire de l'Onu, a précisé que trois navires du Programme alimentaire mondial (PAM) ont pu décharger depuis le 21 juillet 7 000 tonnes d'aide alimentaire à Aden. « Nous avons commencé il y a deux jours à distribuer de l'aide alimentaire à 7 000 familles et nous avons l'intention d'atteindre 26 000 familles », a-t-il indiqué.
« Il n'y a pas de difficulté particulière pour nos opérations à Aden, mais on n'arrive pas à avoir un accès à la population des autres provinces du sud », en raison de la poursuite des combats, explique-t-il.
Les forces antirebelles tentent d'avancer vers le nord au prix de violents affrontements avec les houthis. Les autorités loyalistes fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi brillent pour le moment par leur absence à Aden, déplorent des habitants. Certes, certains ministres sont arrivés dans la ville et le chef du gouvernement, Khaled Bahah, y a fait un passage éclair samedi, affirmant que sa visite symbolique était destinée à confirmer « la libération d'Aden et la normalisation de la vie » dans la deuxième ville du pays. Les services publics, totalement désorganisés par la guerre, restent paralysés. « Les autorités manquent de moyens pour entamer la reconstruction », constate Mohammad Messaed, un activiste de la société civile impliqué dans les opérations d'aide. « Elles ne disposent même pas de câbles pour rétablir l'électricité » ajoute-t-il.

Fawaz AL-HAÏDARI/AFP

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