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Culture - Cimaises

Trois pinceaux... et Fiat Lux !

La lumière comme forme, la lumière comme mouvement, la lumière comme symbole. Une lumière mystérieuse, vivante, qu'exploitent Mounzer Kamnakache, Thaier Helal et Farzad Kohan dans leurs tableaux.*

Mounzer Kamnakache, Untitled, 2012.

C'est l'univers de Mounzer Kamnakache, sculpteur et artiste syrien, que le visiteur de la galerie Ayyam découvre en premier. Un univers suspendu, céleste, en apesanteur. Ses peintures révèlent un monde mythique, mystique, avec, au centre, un corps empourpré, une femme, une divinité. La chair de cette créature mythologique dévoile des formes généreuses, sensuelles, abandonnées dans un éther clair et limpide. Figure maternelle, déesse de la fécondité, ou amante voluptueuse, sa chaleur se heurte à la fraîcheur de son environnement, à la légèreté des nuages. Mais le tout semble très uni. Femme, amant, enfants, nuages, oiseaux, tous se meuvent dans la lumière céleste.
Des cieux, l'artiste syrienne Thaier Helal nous ramène à la terre, à la nature. Ses tableaux sont abstraits, hybrides et marient une peinture chaotique, dense, sombre à des éléments de la nature, feuilles ou cailloux, posés soigneusement, méticuleusement, en rangées. L'imprévisibilité se heurte à la méthode, la virulence instinctive à la discipline, comme une belle métaphore des passions humaines, des tempéraments de la nature, d'un temps irrépressible. Et l'observateur, en face de ces couleurs qui coulent violemment sur ces formes solides, croit découvrir les séquelles d'une âme qui aurait implosé, dégoulinante de passions, de fureur.
C'est avec les œuvres de l'Iranien Farzad Kohan que se termine l'exposition, en beauté. Playful Shadow, Make me Crazier, les titres de ses tableaux évoquent déjà les jeux de lumière révélateurs, et les techniques diverses qu'emploie l'artiste pour s'exprimer. Collage et décollage, peinture, écriture, le spectateur a l'impression d'observer un tableau unifié, avant de s'en rapprocher pour découvrir les nombreuses strates des œuvres complexes de Kohan. Ce processus de collage/décollage, de superposition de couches, fait allusion aux transformations du temps, aux incertitudes, à l'indécision. Les mots sont dissimulés sous une couche épaisse de peinture et sont donc illisibles, les phrases incompréhensibles. Il n'y a plus de clarté, plus de transparence, plus de certitude, uniquement des interrogations, des impressions, des suppositions.
Trois artistes donnent forme à la lumière. Elle est désormais le guide spirituel du visiteur, elle l'éclaire, le pousse à poser son regard sur l'essentiel, sur l'essence artistique, sur l'âme de l'œuvre. Et le simple spectateur, subjugué, s'élève et se transforme en contemplateur envoûté, lucide, illuminé.

* « Light as form » , Ayyam Gallery, Beirut Tower, Zaitunay, jusqu'au 28 août.

C'est l'univers de Mounzer Kamnakache, sculpteur et artiste syrien, que le visiteur de la galerie Ayyam découvre en premier. Un univers suspendu, céleste, en apesanteur. Ses peintures révèlent un monde mythique, mystique, avec, au centre, un corps empourpré, une femme, une divinité. La chair de cette créature mythologique dévoile des formes généreuses, sensuelles, abandonnées dans un...

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