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Culture - Portrait

Dans les pommeraies, des trilles

Une pétulante Despina de « Cosi Fan Tutte » de Mozart venue de Kfarzebiane, aux pieds des ruines de Faqra. Brune piquante, Mira Akiki, vingt-sept printemps, soprane léger colorature, fait en trilles cristallins et retentissants son entrée dans le bel canto en territoire libanais.

Mira Akiki : « J’ai toujours séché mes cours de biochimie pour mes cours de chant... »

Rencontre avec une jeune fille au rire désarmant, déterminée, débordante de projets dans la tête, la voix et la vie. Escarpins rouges à talon, mèche eurasienne raide, jean fuselé, bustier en dentelle et veste noire cintrée, le tout assorti d'un sourire mutin tout en dents bien rangées, d'une éclatante blancheur.


De Mazraet Kfarzebiane, ce village calfeutré en flanc de montagne, Mira Akiki semble l'indéfectible et fringante compagne. Navette entre sa terre natale ombragée de ses paisibles pommeraies et cerisaies, où elle réside, et Beyrouth, capitale des bruits, de la cacophonie et des stridences où elle mène énergiquement sa carrière. Élevée dans une maison où la culture se respire comme l'air pur de la campagne, initiée et encouragée par son père à l'art lyrique, Mira est tombée des nues lorsqu'à onze ans, dans la chorale où elle s'est inscrite, son prof de solfège lui dit : « Tu as une belle voix. »
Et depuis, c'est-à-dire depuis ses longues années de choristes à la NDU à son apparition en Clotilde dans la Norma (au Festival du Bustan aux côtés de vedettes confirmées) le chant est devenu l'élément sacré de son existence.

Ignoré est son master en biochimie de l'UL et cours accélérés pour ses vocalises, ses mélodies, ses cadences, sa respiration, son art lyrique de la scène. Pour un diplôme obtenu avec la mention d'excellence. « J'ai toujours séché mes cours de biochimie pour mes cours de chant... » dit-elle avec un petit rire perlé et espiègle comme une petite fille surprise la main dans le pot de confiture.
À son actif déjà Les Noces de Figaro, Le Barbier de Séville, La Norma et récemment Cosi Fan Tutte où elle campait, par-delà entourloupes vocales, croches et anicroches, une désopilante soubrette Despina, rusée et manipulatrice, d'une craquante féminité.

Son rêve à cette jeune fille toute menue et bien gaulée qui confesse aimer les dentelles et les chaussures rouges, ne pas sortir en boîte, ne pratiquer aucun sport, éviter sauces lourdes, fritures et chocolat, ne pas avoir beaucoup de goût pour les chansons de variétés (sauf fredonner les Abba et les Bee Gees) et qui sait pertinemment que faire du bel canto au pays du Cèdre n'est pas une sinécure ?
« Chanter est mon rêve profond, répond-elle spontanément. Chanter c'est ma passion, mon confort, ma joie, l'essence de mon âme. Et je sais que, dans notre environnement, c'est un défi. J'ambitionne aussi de pouvoir interpréter Susannah des Noces de Figaro pour ses grandes vertus de fidélité et d'amour. Vocalement, je suis éprise aussi de la reine de la nuit de La flûte enchantée de Mozart. Pour tout dire, je rêve d'aller de l'avant. Surtout davantage d'études et me lancer en Italie pour des concours qui ouvriront des portes nouvelles. Car ici, l'horizon est un peu plombé... »

Des vœux de future diva qui semblent se réaliser. En chantier déjà cette invitation de bourse (grâce à sa master class avec Elizabeth Norberg-Schultz) pour trois ans à Stavanger, quatrième ville portuaire en Norvège. Un appel du large, une vibration, un chant de sirène de bout du monde.

Rencontre avec une jeune fille au rire désarmant, déterminée, débordante de projets dans la tête, la voix et la vie. Escarpins rouges à talon, mèche eurasienne raide, jean fuselé, bustier en dentelle et veste noire cintrée, le tout assorti d'un sourire mutin tout en dents bien rangées, d'une éclatante blancheur.
De Mazraet Kfarzebiane, ce village calfeutré en flanc de montagne, Mira...

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