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À La Une - Turquie

Pour Erdogan, Poutine est en train de "lâcher" Assad

Le président turc continue d'affirmer sa détermination à lutter contre le terrorisme, tandis que ses opposants y voient une tentative d'asseoir la légitimité de son parti, l'AKP, au Parlement.

 

Le président Vladimir Poutine "ne partage plus l'opinion selon laquelle la Russie doit soutenir Assad jusqu'au bout", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan à la presse turque à son retour d'une tournée en Chine et en Indonésie. AFP / Bay ISMOYO

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que le dirigeant russe Vladimir Poutine était en train de "lâcher" son homologue syrien Bachar el-Assad, dans des propos rapportés lundi par la presse turque. M. Poutine "ne partage plus l'opinion selon laquelle la Russie doit soutenir Assad jusqu'au bout. Je pense qu'il peut lâcher Assad", a dit M. Erdogan dans l'avion de retour d'une tournée l'ayant conduit notamment en Chine et en Indonésie. MM. Erdogan et Poutine s'étaient longuement rencontrés en juin en marge de la cérémonie d'ouverture des Jeux européens de Bakou en Azerbaïdjan. "Notre rencontre à Bakou et la conversation téléphonique qui a suivi m'ont donné l'impression qu'il était en train de changer d'attitude" dans la crise syrienne, a dit M. Erdogan, selon ces propos rapportés par la presse turque.

La Russie a été jusque-là un allié de premier plan du président Bachar al-Assad, dont le président turc est en revanche devenu un farouche adversaire. 

 

Dans les mêmes déclarations aux journalistes turcs, M. Erdogan a une fois de plus affiché sa détermination à mener à bien la "guerre contre le terrorisme" qu'il a simultanément déclenchée contre la guérilla kurde du PKK et le groupe Etat islamique (EI). Interrogé sur les risques d'une "déflagration régionale" après la rupture de la trêve avec le PKK, il a répondu : "ceux qui disent cela voudraient que la Turquie mette un terme à ses opérations militaires". Mais la Turquie conduira des opérations militaires autant qu'elle le juge nécessaire". M. Erdogan a en outre accusé l'EI et le PKK de "partager des intérêts communs" en vue d'un affaiblissement de l'Etat turc.

 

Lire aussi : Selahattin Demirtas, opposant et cible numéro un du président Erdogan

 

Erdogan accusé d'empêcher la formation d'un gouvernement

Sur le front intérieur, M. Erdogan était accusé par le dirigeant du principal parti d'opposition turc d'entraver les efforts entrepris pour former un gouvernement de coalition et de vouloir conduire le pays à de nouvelles élections en menant une "politique du sang" impliquant la reprise du conflit avec les Kurdes. L'AKP, le parti fondé par l'actuel chef de l'Etat, a perdu sa majorité parlementaire lors des élections législatives de juin et tente depuis de former une coalition apte à gouverner. Il doit achever ce lundi les discussions préliminaires avec le Parti républicain du peuple (CHP), la principale formation de l'opposition.

"Je le dis en toute sincérité: le Premier ministre Ahmet Davutoglu est réellement disposé à s'asseoir pour discuter de la formation d'une coalition et sortir le pays de ses difficultés", a dit dimanche Kemal Kilicdaroglu, le chef de file du CHP, à la chaîne de télévision Haberturk dimanche soir. "Mais la personne assise au poste de président ne le permet pas", a-t-il ajouté.

Les partis représentés au Parlement ont jusqu'au 23 août pour former une coalition, faute de quoi de nouvelles élections législatives devront être convoquées. Les opposants d'Erdogan lui reprochent de souhaiter un nouveau scrutin qui pourrait permettre à l'AKP de retrouver une majorité, ouvrant ainsi la voie à une modification de la constitution renforçant les pouvoirs exécutifs du président.

Dans cette optique, l'offensive militaire visant le PKK est perçue comme un moyen de nourrir le soutien des nationalistes au chef de l'Etat et à l'AKP tout en affaiblissant l'opposition prokurde, qui avait enregistré de bons résultats en juin. Quatre soldats turcs ont été tués et plusieurs dizaines d'autres blessés ce week-end dans des combats avec des membres du PKK dans le sud-est du pays. "La principale raison pour laquelle le processus de paix (avec les Kurdes) a déraillé, c'est Erdogan. Il s'y est ouvertement opposé", a dit Kemal Kilicdaroglu. "Si l'objectif était de conduire le pays à des élections par le biais d'une politique du sang, il serait extrêmement coûteux."

 

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