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À La Une - Liban

Un an après l'enlèvement de leurs proches, les familles des militaires menacent de nouveau d'une escalade

"Il semble que ce soit à nous désormais, et à nous seuls, de porter la voix de nos enfants disparus", déclare Hussein Youssef à L'Orient-Le Jour.

Nizam Mghayt, frère de l'otage Ibrahim Mghayt (à droite) et le porte-parole des familles des otages, Hussein Youssef, s'exprimant au cours d'un rassemblement organisé dans la localité de Qalamoun, au Liban-nord. Photo Ani

Un an après l'enlèvement de leurs proches à Ersal, les familles des militaires retenus en otage par le Front al-Nosra et le groupe État Islamique (EI) menacent de recourir à l'escalade afin de dénoncer l'immobilisme des responsables chargés du dossier et réveiller l'opinion publique alors que le pays célébrait la fête de l'armée libanaise.

S'exprimant au cours d'un rassemblement organisé lundi par les familles des militaires otages de l'EI dans la localité de Qalamoun, au Liban-nord, à l'occasion du premier anniversaire de l'enlèvement, Nizam Mghayt, frère de l'otage Ibrahim Mghayt a menacé de prendre de nouvelles mesures d'escalade dans les prochains jours, si l'État ne prend pas des dispositions sérieuses pour régler le dossier des otages.

Une escalade que Hussein Youssef, le père de l'otage Mohammad Youssef, interrogé par L'Orient-Le Jour, assume totalement. "Nous avons l'intention de faire pression sur les autorités pour réactiver le dossier", affirme-t-il sans néanmoins donner plus de détails.

 

(Dossier : Qui sont les militaires libanais otages des jihadistes?)

 

Il y a un an, plus d'une trentaine de soldats et policiers libanais étaient enlevés par des islamistes lors de combats sanglants entre l'armée libanaise et les jihadistes du Front al-Nosra et de l'EI à Ersal dans la Békaa. Probablement détenus dans le jurd de la ville, certains otages ont été relâchés, d'autres assassinés. A ce jour, 25 militaires, 13 policiers et 12 soldats, sont toujours retenus par les jihadistes. Seize d'entre eux sont aux mains d'al-Nosra, et neuf aux mains de l'EI.

Lors du rassemblement organisé à Qalamoun, M. Mghayt a critiqué l'action du gouvernement dans ce dossier, l'accusant de manquer à son devoir, alors que leurs proches souffrent le martyr et qu'aucune information ne filtre sur leur sort. Une colère partagée par Hussein Youssef. "Depuis plusieurs mois, nous n'avons enregistré aucune percée, nous n'avons reçu aucune véritable nouvelle positive", s'inquiète Hussein Youssef.

Interrogé sur les informations du quotidien panarabe al-Charq al-Awsat, qui explique que le dossier des militaires otages a été scindé en deux -les otages d'al-Nosra et ceux de l'EI- pour rendre les négociations plus efficaces avec les preneurs d'otages, M. Youssef soupire : "Ce genre d'informations est régulièrement distillé pour donner l'illusion que les choses bougent. On oscille entre espoir et manipulation". "Tout cela est bien triste", ajoute-t-il, assurant que toutes les proches des otages ne forment qu'une seule famille.

Si des progrès ont été enregistrés dans le dossier des otages d'al-Nosra, celui des otages de l'EI est au point mort, rapportait lundi al-Charq al-Awsat, citant une source proche du dossier. Le contact avec l'EI est rompu depuis plus de six mois, précise cette source. "Nous ne savons même pas où se trouvent les otages de l'EI et leur sort reste incertain malgré quelques garanties données de temps à autre", s'inquiète cette même source.

 

(Pour mémoire : Kahwagi : Les militaires otages resteront le souci majeur de l'armée jusqu'à leur libération)

 

Comme une grande partie des familles des otages, Hussein Youssef estime que leur cause a été relégué au second plan, par les politiques, mais aussi par l'opinion publique. "Tout le Liban a célébré ce week-end la fête de l'armée avec faste, banquets et chanteurs. Comment pouvons-nous, nous, proches des militaires retenus en otage depuis un an maintenant, nous associer à ce genre de célébrations ?" s'insurge-t-il.

"Nous avons organisé samedi un rassemblement, place Riad el-Solh à Beyrouth, dans l'espoir de placer cette année la fête de l'armée sous le signe des otages. Très peu de monde a répondu à notre appel", déplore également M. Youssef. "Il semble que ce soit à nous désormais, et à nous seuls, de porter la voix de nos enfants disparus", estime-t-il.

 

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S'exprimant au cours d'un rassemblement...

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