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Diaspora - Témoignage

« Même après un siècle et cinq générations, la culture libanaise ne s’oublie pas »

Yara Haddad, une jeune participante libano-française au voyage « Retour aux sources », organisé par RJLiban à l'intention de dizaines de descendants d'émigrés, livre ses impressions après sa rencontre avec les participants qui recherchaient, à travers cette aventure, leurs liens avec le passé. Le voyage vient de s'achever.

Yara (à droite) en compagnie de ses frère et sœurs Georges, Myra et Ryma à l’entrée de leur village d’origine, Ebel el-Saki.

« Pour commencer cet article, je vais tout d'abord me présenter. Je m'appelle Yara Haddad, j'ai 22 ans, je suis étudiante à Paris Sorbonne IV en master de recherche, spécialité espagnol. Je me suis inscrite il y a quelque temps au tirage au sort de l'association RJLiban, comme on jouerait au Loto, sans grande conviction. Je dois reconnaître que je savais à peine de quoi il s'agissait. Lorsque j'ai reçu le mail m'informant que j'ai été sélectionnée pour participer au voyage Retour aux sources, je n'ai pas sauté de joie car je connais la plupart des lieux figurant au programme et j'avais de superprojets pour les vacances, alors à quoi bon ? De plus, j'avais prévu de partir à la rentrée en convention au Liban, à l'Université Saint-Joseph (USJ), mon sujet de mémoire étant la diaspora libanaise en Amérique latine, basé sur un film, Beirut-Buenos Aires-Beirut. Je pensais qu'il n'y avait pas grand-chose à dire à ce sujet. Bien que mes parents soient libanais, je n'ai jamais vécu au Liban et j'ai toujours voulu y vivre ma propre expérience.
« Mon père m'ayant poussé à faire partie du voyage, je prends quand même l'avion le jeudi 9 juillet. Le premier jour de ce séjour, nous avons assisté à une conférence de presse à Beyrouth, en présence de tous les participants. La plupart sont d'origines latines, les trois quarts étant des argentins.
« La première grande étape du voyage était une visite dans la région de Hammana. J'ai pu commencer à connaître petit à petit les personnes avec qui j'allais partager cette aventure. Je dois dire que j'ai été doublement, voire triplement, surprise. Je me suis rendue compte que non seulement j'allais faire partie d'une aventure vraiment incroyable, mais qu'en plus, en ce qui concerne mon mémoire de l'année prochaine, j'auras la primeur de raconter ce voyage important pour le Liban, à travers les rencontres et les histoires de ces personnes.
« Le récit de tous ces Sud-Américains m'a surprise. Je n'en revenais tout simplement pas de la chance que j'avais. La majorité d'entre eux étaient là pour retrouver les villages de leurs ancêtres. Beaucoup ont des origines françaises ou italiennes, plus récentes que leurs origines libanaises, mais ils y accordent peu d'importance. Leur physique, mais surtout leur nom de famille, est libanais, c'est ce qui compte pour eux. La passion du Liban et la fierté du sang libanais les réunit. Pour la plupart, il s'agissait de leur première visite au pays du Cèdre. Ils ont tous été émus car ils sont venus de si loin, payant cher leur billet et ayant fait plus de trente heures de voyage, un effort impressionnant pour avoir l'honneur de mettre les pieds sur leur terre d'origine.

« Tous à la recherche d'une identité »
« Pour eux, c'était un rêve de venir au Liban, de retrouver le village, la maison ou encore la famille de l'ancêtre qui a émigré il y a plus de cent ans. C'est leur rêve et RJLiban l'a compris et s'est rendu compte de son importance. Parfois ils ne disposent que d'un matricule, une photo ou un arbre généalogique pour identifier leur famille qui demeure au pays. Ils sont tous à la recherche de cette identité qui les attend au Liban, et ils sont tous désireux de vivre la culture précieuse que leur a transmis leur grand-père, leur arrière-grand-mère ou encore les grands-parents des grands-parents.
« Ceux-là avaient émigré à une époque où il n'y avait même pas d'avion. Ils ont dû fuir leur pays soit à cause de la guerre, soit pour trouver du travail, alors que mes parents sont restés là. La plupart viennent d'Argentine et vivent même, si je peux dire, leur culture libanaise plus que moi. Ils sont presque tous inscrits dans des écoles nationales de "dabké", ils mangent des plats typiques et leurs grands-pères ont conservé certaines traditions comme s'asseoir sur le trottoir pour parler au voisin. Même après un siècle et cinq générations, la culture libanaise ne s'oublie pas et demeure dans les esprits. Des décennies après l'émigration de leurs arrière-arrière-grands-parents, ils sont les premiers à remettre les pieds ici.
« Le jour où nous avons été à la plage à Byblos, une ville que je connais très bien, je me suis rendu compte que je ne regretterais pour rien au monde de m'y trouver une nouvelle fois car j'ai fait partager à mes nouveaux amis ce que je connais de cette ville. Je suis le témoin d'un pas historique pour le Liban, je suis fière d'en faire partie et d'avoir l'opportunité de raconter ce qui s'y est passé. C'est si incroyable que je n'en reviens pas. Je remercie les organisateurs pour ce voyage et pour m'avoir donné l'opportunité d'assister à l'accomplissement du rêve et des désirs les plus fous de tant de descendants d'émigrés libanais. C'est tout simplement un authentique honneur. Je sais qu'à la fin de cette aventure, chacun rentrera chez lui, mais que nous garderons toujours le contact. Quoi qu'il arrive, il existe entre nous désormais un lien puissant qui trouve ses origines jusque dans nos gênes. »

« Pour commencer cet article, je vais tout d'abord me présenter. Je m'appelle Yara Haddad, j'ai 22 ans, je suis étudiante à Paris Sorbonne IV en master de recherche, spécialité espagnol. Je me suis inscrite il y a quelque temps au tirage au sort de l'association RJLiban, comme on jouerait au Loto, sans grande conviction. Je dois reconnaître que je savais à peine de quoi il s'agissait....