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Culture - Cimaises

De la piété, oui, mais des plaisirs surtout

Après quatre siècles, la versatilité de la palette mythologique, biblique, érotique et mystique de Joachim Wtewael séduit et choque toujours.

« Les Noces de Thétis et Pelée ».

À la manière des maniéristes ou l'essence même de ce mouvement artistique, tel que pratiqué par l'un des grands maîtres de l'âge d'or hollandais, Joachim Wtewael (1566-1638). La National Gallery of Art à Washington le présente à travers 37 de ses œuvres, sous le thème Plaisir et Piété, où il se fait ange et démon. C'est la première fois qu'une exposition d'une telle envergure lui est consacrée. Quant à son nom difficile, paraît-il, même ses concitoyens le prononceraient approximativement ainsi : « Outuhval ».
C'est avec fascination que la presse a suivi le curateur lui frayant un chemin dans cet exubérant entremêlement de corps sinueux qui tissent aussi bien l'érotisation des légendes que les grands thèmes religieux. À commencer par sa spectaculaire toile intitulée Les Noces de Thétis et Pelée, une sorte de bacchanale où se retrouvent une cinquantaines de personnages s'affairant autour des dieux de l'Olympe. C'est une célébration des corps nus : ceux étendus avec luxuriance sur l'herbe, ceux haut perchés dans le (septième) ciel et ceux formant, à tous les niveaux, le second plan de la composition. Pour Persée et Andromède, le coup de pinceau, toujours précieux, est apaisé. Les deux héros transcendent le monde. Au premier plan Andromède, dans toute sa beauté sculpturale, attachée à un rocher, attend la délivrance par Persée que l'on voit descendre du ciel sur son cheval Pégase. Toujours dans cette veine mythologique, Judith et la tête d'Holopherne, que le peintre traite d'une manière opératique, faisant apparaître Judith comme une diva que l'on s'apprête à acclamer.

Débauches de détournements
L'ange aussi apparaissait dans ses toiles évoquant Moïse fendant les eaux, l'Annonciation, l'Adoration des bergers, l'Adoration des rois. Entre le « plaisir » et la « piété », vient s'insérer sa vision du Martyre de saint Sébastien qui, pour de nombreux peintres, a été prétexte à créer un corps masculin idéalisé. Wtewael l'interprète plus libéralement. Le sien n'est ni attaché ni transpercé par une flèche. Il se tient dans une pose alanguie, les muscles tendus et son pagne tombant jusqu'à ses jambes. Flottant au-dessus de lui, un angelot nu, allant à sa rencontre.
Wtewael possède plusieurs flèches à son arc. De la débauche d'images détournées, réinterprétées et contournées, il passait aisément à la justesse du trait quand il devenait portraitiste. Son autoportrait, ainsi que le portrait qu'il a fait de son épouse Christina, sont reconnus comme des chefs-d'œuvre. Tous deux représentaient l'image du succès avec leur élégance, leur soierie et leur contrôle de soi. Bref un parfait modèle de couple citoyen.

Who is Wtewael ?
Né à Utrecht et fils de peintre, Joachim Wtewael a fréquenté des écoles d'art françaises et italiennes avant d'opter pour le stylé maniériste, sous l'influence de l'artiste belge Bartholémy Spranger. Et, fait rare chez un artiste, il possédait les qualités d'un habile homme d'affaires qu'il cultivait à bon escient et qui l'avait enrichi. Il faisait de la spéculation dans l'immobilier et possédait des actions dans une société de transport maritime. Il était également marchand de lin. Né catholique, il s'était converti au calvinisme et était un fidèle de la Maison Orange-Nassau. Il était également impliqué dans la vie politique locale, comme membre du conseil de la ville d'Utrecht et membre fondateur de la Guilde des artistes. Dans un double portrait de lui et de son épouse, il s'est représenté tenant une palette et un pinceau pendant que son épouse lui tend une série de poids.
Un cumul de la faconde picturale et de la fécondation du gain.

À la manière des maniéristes ou l'essence même de ce mouvement artistique, tel que pratiqué par l'un des grands maîtres de l'âge d'or hollandais, Joachim Wtewael (1566-1638). La National Gallery of Art à Washington le présente à travers 37 de ses œuvres, sous le thème Plaisir et Piété, où il se fait ange et démon. C'est la première fois qu'une exposition d'une telle envergure lui...

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