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Moyen Orient et Monde - Turquie

Selahattin Demirtas, opposant et cible numéro un du président Erdogan

Selahattin Demirtas, leader du Parti populaire démocrate prokurde, durant une conférence de presse à Istanbul hier. Bulent Kilic/AFP

À la tête du Parti démocratique du peuple (HDP), M. Demirtas est devenu à 42 ans l'opposant numéro un de l'autoritaire président turc Recep Tayyip Erdogan. Le président du HDP, avocat de formation, dispose d'un certain don d'orateur, unanimement reconnu et qui lui assure une large couverture médiatique face à d'autres leaders de l'opposition nettement plus effacés. Le président turc, agacé, n'hésite pas à le provoquer publiquement et frontalement en l'interrogeant par exemple sur sa santé mentale. Outre cette attaque, ce dernier traite son adversaire avec un mépris non dissimulé, le caractérisant « d'infidèle », de « beau gosse » ou encore de « pop star ». Allant plus loin, M. Demirtas est désormais visé par une enquête judiciaire pour « troubles à l'ordre public » et « incitation à la violence ». Cette enquête judiciaire lancée jeudi en pleine offensive du pouvoir contre la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) concerne des faits qui remontent à octobre 2014. À l'automne dernier, des manifestations soutenues par le HDP avaient éclaté à l'encontre de la politique étrangère menée par le président Turc vis-à-vis des Kurdes de Syrie menacés par l'avancée des jihadistes du groupe État islamique (EI). Au cours de ces manifestations 35 personnes avaient été tuées. Faisant fi de l'attaque, le leader du HDP riposte et accuse le président Erdogan de vouloir « punir » son parti pour son score inattendu aux législatives du 7 juin. Avec 13 % des voix et 80 députés, sa progression spectaculaire explique largement la contre-performance du parti au pouvoir AKP, privé de la majorité absolue pour la première fois depuis 2002. Un affront dont M. Erdogan ne se serait pas remis et qui expliquerait à lui seul la stratégie actuelle du pouvoir et sa « guerre contre le terrorisme » lancée simultanément contre le PKK et le groupe État islamique (EI).

L'engagement de son frère
« Cette guerre n'est pas destinée à protéger notre pays mais à protéger le palais », a dit jeudi M. Demirtas à l'AFP, accusant en conséquence le président turc de faire de « l'esbroufe » à l'intention des Occidentaux sous couvert de s'en prendre à l'EI. Concernant le PKK, le M. Demirtas a tenu s'est montré réticent à condamner les dernières attaques de la guérilla kurde en assurant qu'il était impossible de mettre sur le même plan le PKK et l'EI comme a tendance à le faire Ankara. Outre les attaques sur sa santé mentale et l'enquête judiciaire lancée contre lui, le leader du HDP est régulièrement mis en cause pour l'engagement militaire de son frère Nurettin qui a rejoint l'état-major de la rébellion dans les montagnes du nord de l'Irak. Ce dernier se défend en affirmant qu'il n'a pas de nouvelles de ce frère depuis des années et que « le HDP n'est pas la branche politique du PKK », comme l'en accuse le pouvoir.

Philippe VALAT/AFP

À la tête du Parti démocratique du peuple (HDP), M. Demirtas est devenu à 42 ans l'opposant numéro un de l'autoritaire président turc Recep Tayyip Erdogan. Le président du HDP, avocat de formation, dispose d'un certain don d'orateur, unanimement reconnu et qui lui assure une large couverture médiatique face à d'autres leaders de l'opposition nettement plus effacés. Le président turc,...

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