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Moyen Orient et Monde - Afghanistan

La succession éclair du mollah Omar, une victoire à risques pour le Pakistan

Des membres pakistanais du parti Jamiat Nazraiti en train de prier la mort du chef des talibans afghans, le mollah Omar, durant une cérémonie à Quetta hier. Banaras Khan/AFP

Le remplacement éclair du mollah Omar par le « modéré » mollah Mansour à la tête des talibans afghans est vu comme une victoire pour le Pakistan.
« Le Pakistan a gagné. » Tel est le diagnostic lâché hier au téléphone par un cadre taliban, encore sous le choc après une folle journée qui a vu la rébellion annoncer la mort de son chef historique, puis son remplacement express. Dans la matinée, la direction des talibans a annoncé avoir choisi le mollah Akhtar Mansour, un proche du mollah Omar réputé modéré, qui dirigeait déjà opérationnellement la rébellion depuis deux ans. La direction des talibans a également adjoint au mollah Mansour deux lieutenants, l'influent dignitaire religieux mollah Haibatullah Akhundzada, et Sirajuddin Haqqani, leader du célèbre réseau du même nom, réputé proche d'el-Qaëda et encore plus du Pakistan. Les trois élus sont considérés comme « proches », voire « très proches » du Pakistan, ont affirmé hier à l'AFP plusieurs cadres talibans. Ainsi, la nomination d'Akhtar Mansour a été accueillie sans heurt côté pakistanais.
« Mansour dirige les talibans depuis deux ans et il a fait du bon travail, il est donc très capable de succéder au mollah Omar. Et il sera même peut-être meilleur », explique le général pakistanais à la retraite Mehmood Shah. Pour sa part, le lieutenant Sirajuddin Haqqani dirige un réseau dont la proximité avec Islamabad ne fait aucun doute, au point que l'armée américaine l'avait qualifié publiquement en 2011 de « bras armé de l'Inter-Service-Intelligence », les puissants services de renseignements pakistanais. Enfin, coïncidence troublante, Haibatullah Akhundzada avait, quant à lui, été brièvement arrêté dix jours plus tôt par les forces pakistanaises dans son refuge de Quetta. S'agissant de cette arrestation, un cadre taliban antipakistanais a déclaré : « On pense que le Pakistan, en prévision de la succession du mollah Omar, l'a arrêté pour le briefer sur la suite. »

Complètement isolés
La suite, ce sont les négociations de paix attendues de longue date entre les talibans et Kaboul après plus de 13 ans de conflit. Ces négociations ont connu début juillet une avancée inédite avec une première prise de contact officielle entre les deux camps, à Murree, au Pakistan, en présence de représentants chinois et américains. Une seconde rencontre doit avoir lieu ce week-end. Arrivé au pouvoir en Afghanistan, Ashraf Ghani s'est montré prêt à accepter l'aide du Pakistan pour négocier avec les talibans. L'inquiétude internationale face aux avancées des talibans et à l'émergence de factions locales ralliées au groupe État islamique (EI) ont également pesé sur la prise de position du président afghan. Toutefois, si le processus de paix lancé par le Pakistan semble soutenu par les États-Unis, la Chine et l'Arabie saoudite, les talibans se montrent contre le processus de paix. « Mais les talibans finiront bien par l'accepter, car sinon ils se retrouveront complètement isolés », selon les propos d'un cadre taliban. En attendant, hier, des voix commençaient à s'élever au sein de la rébellion contre un processus de succession jugé trop rapide, biaisé et non conforme. Cette insatisfaction intéressera sans doute au plus haut point son nouveau concurrent, le groupe État islamique (EI) qui commence à s'implanter dans la région.
Emmanuel DUPARCQ/AFP

Le remplacement éclair du mollah Omar par le « modéré » mollah Mansour à la tête des talibans afghans est vu comme une victoire pour le Pakistan.« Le Pakistan a gagné. » Tel est le diagnostic lâché hier au téléphone par un cadre taliban, encore sous le choc après une folle journée qui a vu la rébellion annoncer la mort de son chef historique, puis son remplacement express....

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