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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges TYAN

À l’heure du choix

Dans la vie il y a des choix à faire, c'est ainsi qu'en dépit de l'avis de certains amis proches, j'ai refusé d'aborder le cas du pauvre monsieur sauvagement piétiné, poignardé et tué en plein jour dans les ruelles de Achrafieh, encore moins dénoncer le comportement des personnes présentes lors du massacre, ne pouvant pas préjuger de ma réaction si par un malheureux hasard je m'étais comme elles retrouvé sur les lieux du drame.
Un autre sujet que je n'aborderais pas est celui des ordures ménagères, ignorant que les détritus non seulement pouvaient mettre en danger le devenir d'une nation, mais encore rapporter gros. J'aurais dû, sur les bancs de l'école, mieux potasser mes livres de chimie pour m'engager sur une voie d'activité plus terre à terre, opter pour un métier plus lucratif semble-t-il, qui aurait fait de moi un milliardaire.
Il faut certes avouer qu'au temps de ma jeunesse la vie était plus simple, les éboueurs, des personnes du patelin, ils arrêtaient leur tombereau tiré par un vieux cheval fourbu juste devant votre immeuble, montaient les escaliers, sonnaient à votre porte, vidaient votre poubelle dans un gros sac de jute noir jeté sur les épaules, vous remerciaient pour leur avoir gardé de côté quelques miches de pain et les restes du dîner de la veille.
Le virus des gratte-ciel n'avait pas encore atteint notre capitale, les immeubles avaient tout au plus quatre ou cinq étages, les artères et les rues dont certaines subsistent toujours acceptaient avec bonheur le flot des véhicules qui les empruntaient, il faisant bon de flâner au coucher du soleil sur les trottoirs toujours proprets, nettoyés en permanence par les employés de la voirie.
Beyrouth c'était ceci, le Liban était une communauté bon enfant, qui se voulait la Suisse du Moyen-Orient, la grenouille qui pensait devenir aussi grosse que le bœuf en somme, le clamant haut et fort, le criant sur tous les toits tant et si bien qu'elle a fini par attiser les convoitises des envieux, qui se sont engouffrés par les portes et fenêtres laissées ouvertes à tout venant.
Il n'est pas dans mon intention de faire le procès de ceux qui nous ont menés où nous sommes, et encore moins d'énumérer les innombrables erreurs, sinon errements à la pelle des personnes qui à un moment ou un autre de ces dernières années se sont retrouvées au gouvernail du bateau ivre appelé Liban. Elles n'ont jamais pu ni su redresser la barre et n'ont à aucun moment réussi à l'amener à bon port.
Il faut souligner que la confiance a toujours été une notion toute relative entre les Libanais. Ceux qui au grè du hasard, des décès, des meurtres, des disparitions, des héritages, des magouilles, sont arrivés aux postes de commandement, se sont rarement alliés entre eux pour sortir le pays du marasme où il est, préférant à la main tendue par leurs concitoyens pourtant du même rang saisir celle de l'étranger et avec elle toutes les vicissitudes que cela sous-entend.
Bien sûr elle est plus grosse et plus grasse. Il faut cesser de se leurrer, de chercher des faux-fuyants, de se mentir, de tergiverser, d'accepter l'inacceptable, de continuer à être les dindons de la farce. Cette tragédie écrite et mise en scène par des étrangers, jouée par de piètres comédiens locaux sur le tréteau de la nation devant un parterre de moutons de Panurge abêtis par les slogans communautaires, doit être retirée de l'affiche.
Les acteurs, eux, renvoyés sans autre forme de procès, incapables de donner à notre république un président et au peuple la possibilité de pratiquer son droit démocratique le plus élémentaire, en procédant à des élections législatives dont par ailleurs ils ne veulent pas, invoquant de fallacieux mobiles qu'il serait pénible d'égrener ici, tant ils ne tiennent pas la route.
Bien sûr le tableau n'est pas si terne. Même les volutes de fumée des détritus jonchant les rues et qu'on a fait flamber n'ont pas réussi à assombrir le ciel des festivals qui ont lieu un peu partout dans le pays, ils mettent du baume au cœur de notre peuple, chapeau et merci à tous les organisateurs.
Mais la cigale ayant chanté tout l'été se trouva fort dépourvue quand la brise fut venue. Et partant de ce corollaire : « La croissance économique du peuple étant inversement proportionnelle à celle des responsables de la nation », il y a fort à parier que l'hiver ne sera pas de tout repos.
À l'heure du choix, si jamais elle sonne, ne l'oubliez pas !

Dans la vie il y a des choix à faire, c'est ainsi qu'en dépit de l'avis de certains amis proches, j'ai refusé d'aborder le cas du pauvre monsieur sauvagement piétiné, poignardé et tué en plein jour dans les ruelles de Achrafieh, encore moins dénoncer le comportement des personnes présentes lors du massacre, ne pouvant pas préjuger de ma réaction si par un malheureux hasard je m'étais...

commentaires (1)

La critique du "libanisme" parfait et niais désarçonne l’enchaînement libaniste, non pas pour que le Libanais porte la chaîne désolante, mais pour qu'il la secoue, se rebelle et se libère. Cette très bonne critique le désillusionne afin qu'il pense et forme sa réalité, et afin qu’il se meuve autour de lui-même et autour de son bonheur. Le "libanisme" n'est que l’illusoire qui se meut autour de lui, tant que le Libanais ne se meut pas autour de lui-même. Il a donc pour mission, une fois que ce "libanisme" niais sera realy démystifié, d'établir sa réelle vie présente. Sa tâche d’homme au service de L’Homme consiste, 1 fois démasquée l'image libaniste, à la démasquer sous ses formes matérielles. La critique du libanisme se transforme ainsi en real critique de la réalité stricte politique. Si l'on veut partir du statu quo libanais, fût-ce de la façon la plus adéquate, i.e. éhhh, éhhh négative, le résultat n'en resterait pas moins pur anachronisme. La négation même de ce présent libanais est déjà en vrai remisée, tel un fait poussiéreux, dans le Kjbi historique des pays Développés. On a beau nier l’existence des sales poubelles libanaises pleines, il reste toujours les poubelles libanaises vides. Lorsqu’on nie la situation libanaise 015 présente, on est d'après la chronologie vraiment moderne, à peine au siècle passé en l'an 75 ; et encore moins au centre même du temps présent !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 59, le 02 août 2015

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Commentaires (1)

  • La critique du "libanisme" parfait et niais désarçonne l’enchaînement libaniste, non pas pour que le Libanais porte la chaîne désolante, mais pour qu'il la secoue, se rebelle et se libère. Cette très bonne critique le désillusionne afin qu'il pense et forme sa réalité, et afin qu’il se meuve autour de lui-même et autour de son bonheur. Le "libanisme" n'est que l’illusoire qui se meut autour de lui, tant que le Libanais ne se meut pas autour de lui-même. Il a donc pour mission, une fois que ce "libanisme" niais sera realy démystifié, d'établir sa réelle vie présente. Sa tâche d’homme au service de L’Homme consiste, 1 fois démasquée l'image libaniste, à la démasquer sous ses formes matérielles. La critique du libanisme se transforme ainsi en real critique de la réalité stricte politique. Si l'on veut partir du statu quo libanais, fût-ce de la façon la plus adéquate, i.e. éhhh, éhhh négative, le résultat n'en resterait pas moins pur anachronisme. La négation même de ce présent libanais est déjà en vrai remisée, tel un fait poussiéreux, dans le Kjbi historique des pays Développés. On a beau nier l’existence des sales poubelles libanaises pleines, il reste toujours les poubelles libanaises vides. Lorsqu’on nie la situation libanaise 015 présente, on est d'après la chronologie vraiment moderne, à peine au siècle passé en l'an 75 ; et encore moins au centre même du temps présent !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 59, le 02 août 2015

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