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Liban - Focus

Décharges et incinération : le décryptage de deux écologistes

Rencontrés en marge du sit-in organisé hier par la campagne « Vous puez ! » au centre-ville de Beyrouth hier, deux écologistes de longue date, Ali Darwiche, président de Green Line, et Fifi Kallab, présidente de Byblos Ecologia et experte en sociologie de l'environnement, expriment leur scepticisme face aux « solutions » proposées par le gouvernement et expliquent les raisons de leur hostilité à l'option de l'incinération.
« Ce qu'on vient de nous proposer, ce ne sont pas des sites de décharges, mais des dépotoirs temporaires pour six mois, à partir du 8 août, date à laquelle aura lieu l'ouverture des plis pour les nouveaux entrepreneurs qui signeront des contrats avec l'État », souligne Ali Darwiche à propos de la solution annoncée la veille par le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk.


Mais comment sortir de cette impasse ? « Ce sont les autorités qui nous ont mis dans cette impasse, dit-il. Les responsables savaient très bien que le problème allait éclater, pourquoi n'ont-ils rien prévu ? Notre problème vient du fait que nous ne demandons de comptes à personne. Nous ne l'avons pas fait après la guerre, nous ne l'avons pas fait avec Sukleen non plus. »
Ali Darwiche pense que « cette crise a été artificiellement provoquée pour accorder des contrats à certaines sociétés et pour nous faire avaler la pilule des incinérateurs ». « À mon avis, les incinérateurs feront l'objet d'un nouveau marché qu'on se prépare à conclure, poursuit-il. J'en vois la preuve par les multiples contradictions que je relève dans le discours des responsables. Ceux-ci parlent en effet aujourd'hui d'enfouissement dans des décharges, ce qui signifie qu'il faudra récupérer les gaz émis par les déchets, qui serviront à produire de l'énergie. Pourquoi, dans ce cas, chercher à instaurer un système de "Waste to Energy" (incinération), qui servira aussi à produire de l'énergie ? De plus, l'installation des incinérateurs nécessite quatre ans en moyenne, à un coût très élevé. Pourquoi alors faire un appel d'offres pour des contrats d'une durée de sept ans (celui qu'a lancé récemment le ministère de l'Environnement pour les entrepreneurs qui seront en charge des six régions du plan national de gestion des déchets), pour ensuite dépenser 1,4 milliard de dollars quatre ans plus tard en vue d'installer des incinérateurs ? »
« Soit ils sont tous dans le coup, soit ils ignorent ce qu'ils font », conclut-il.


« Nous sommes assurément contre les incinérateurs, affirme Fifi Kallab. Tout ce que les responsables entreprennent depuis 2006 vise à nous mener vers la seule option de l'incinération. Comme ils ne peuvent l'imposer de but en blanc, ils nous ont dirigés vers des impasses successives en vue de décrire l'incinération comme la solution idéale. Il faut reconnaître que, du point de vue de leurs intérêts personnels, il s'agit de la technologie la plus lucrative par rapport au coût élevé de sa mise en place, de son entretien... Le fait que ce soit une solution centralisée les avantage aussi, car une solution plus décentralisée profiterait à un grand nombre de personnes. »


Fifi Kallab énumère ce qu'elle considère comme les inconvénients des incinérateurs au Liban, même les plus sophistiqués. « D'une part, le Liban ne pourrait jamais se conformer aux standards internationaux des émanations produites par les incinérateurs, dit-elle. D'autre part, si l'on réussissait à garder le taux d'émanations plutôt faible, cela signifierait qu'il y aurait d'autant plus de cendres toxiques (ce qui reste des déchets brûlés) produites par la technique d'incinération elle-même. Où allons-nous les enfouir ? L'Europe entière envoie ces cendres toxiques à deux décharges seulement, l'une en Allemagne et l'autre en Norvège. »

 

Repères
Crise des déchets : les principaux points du plan de Machnouk (infographie)

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Diaporama
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