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Économie - France

Patrick Drahi, un self-made-man en quête d’influence

Patrick Drahi magnat des télécoms. Fred Dufour/AFP

Le magnat des télécoms Patrick Drahi, qui va gonfler son portefeuille de médias en s'emparant de BFMTV et RMC, ne cesse d'étendre son influence par ses coups audacieux, mais l'endettement vertigineux de son groupe Altice suscite des inquiétudes.
Il va racheter le groupe NextRadioTV, qui comprend notamment la radio RMC et la chaîne d'info en continu BFMTV, pour environ 595 millions d'euros (657,8 millions de dollars), conjointement avec son PDG Alain Weill. Le patron d'Altice pourra reprendre d'ici à 2019 la totalité du capital d'un des seuls groupes audiovisuels indépendants de France.
Patrick Drahi, troisième fortune de France, poursuit ainsi à toute allure ses rachats dans les médias, après l'acquisition, en juin 2014, du quotidien Libération et, en février 2015, de L'Express et une douzaine d'autres magazines. Au point d'être à la tête du cinquième pôle de presse magazine français.
Déterminé à développer son pôle médias dans l'audiovisuel et à l'international, qui pèse déjà environ 300 millions d'euros de chiffre d'affaires avec notamment la chaîne israélienne d'information en continu i24news, le groupe israélien de télévision et de téléphonie mobile Hot ou encore Ma Chaîne Sport TV, M. Drahi frappe de nouveau un grand coup.
« Cette acquisition fait sens pour être un groupe qui pèse dans le monde des médias et de la publicité. À ce stade, l'empire est encore un peu étroit, mais il le devient de moins en moins », confie à l'AFP Sébastien Leroyer, directeur au cabinet PwC.
L'homme d'affaires franco-israélien de 51 ans, qui combine des talents d'ingénieur et de financier habile, multiplie les acquisitions ces derniers mois à coups de milliards : SFR en mars 2014 en France (14,8 milliards de dollars), Portugal Telecom en décembre (8,2 milliards), puis le câblo-opérateur Suddenlink aux États-Unis (9,1 milliards de dollars). Il avait même lancé le mois dernier une offre de 10 milliards pour s'offrir Bouygues Télécoms avant d'essuyer un refus catégorique, et hésité à s'offrir le géant américain Time Warner Cable, avant d'y renoncer.
Sa façon de mettre à profit la grande confiance que lui accordent les marchés jusqu'à présent et des taux d'intérêt historiquement bas pour des acquisitions financées par de la dette suscite l'admiration chez de nombreux patrons.
Mais sa propension à tailler dans les coûts des entreprises qu'il rachète génère des tensions avec les syndicats et les fournisseurs, et l'endettement de plus de 33 milliards d'euros (36,5 milliards de dollars) d'Altice commence à soulever des inquiétudes, car il n'est tenable que si les actifs acquis génèrent des flux de trésorerie importants.
Par ailleurs, son statut de résident fiscal suisse, où il habite toutefois avec sa famille depuis ses 35 ans selon son entourage, et la cotation de son groupe à Amsterdam, où doit être transféré le siège d'Altice, sont aussi pointés du doigt par ses détracteurs, même si le groupe Numericable est lui immatriculé et coté en France.
Né à Casablanca, ce fils de deux profs de maths, quasi inconnu avant le rachat de SFR en 2014, est passé par les plus grandes écoles de la République française, enchaînant Maths sup, Maths spé et l'école polytechnique et se spécialisant dans les télécoms.
M. Drahi commence sa carrière au sein de Philips, puis est embauché par UPC, filiale européenne de Liberty Global, le groupe de John Malone, magnat américain du câble, qui deviendra son modèle. Il se met ensuite à son compte et commence à racheter un à un de petits câblo-opérateurs régionaux, alors en mauvaise posture.
En France, il bâtit Noos, qui deviendra Numericable. Mais c'est l'acquisition de SFR, une cible huit fois plus grosse, qui le propulse sur le devant de la scène en mars 2014. M. Drahi s'empare alors de cette filiale de Vivendi au terme d'une bataille homérique contre Bouygues, dans laquelle le patron de l'opérateur, Martin Bouygues, met tout son poids.
À la suite de cette cascade d'acquisitions, M. Drahi est devenu la troisième fortune française et la 57e mondiale, selon le classement annuel du magazine américain Forbes, qui valorisait lundi ses actifs à 22,6 milliards de dollars.
Yassine KHIRI/AFP

Le magnat des télécoms Patrick Drahi, qui va gonfler son portefeuille de médias en s'emparant de BFMTV et RMC, ne cesse d'étendre son influence par ses coups audacieux, mais l'endettement vertigineux de son groupe Altice suscite des inquiétudes.Il va racheter le groupe NextRadioTV, qui comprend notamment la radio RMC et la chaîne d'info en continu BFMTV, pour environ 595 millions d'euros...

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