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Nos Lecteurs ont la Parole - Nicolas SBEIH

Dictature de l’ordre

La journaliste responsable de la page santé dans L'Orient-Le Jour a cité, sans les nommer, des «médecins spécialistes», en couvrant dans votre édition de mercredi l'affaire des déchets et leurs possibles répercussions sur la santé publique. Dans d'autres articles, elle déclare qu'elle puise dans les archives du journal ou sur Internet les données nécessaires à ses investigations. Tout ceci est justifié par le fait que le président de l'ordre des médecins a interdit aux médecins de s'exprimer dans les médias, suite à une récente affaire médicale controversée.
Ceci paraît secondaire à la lumière des problèmes dont souffre le pays? Pas tout à fait. D'abord, cette censure est contraire à la Constitution dans son préambule, puis à l'article 13 qui stipule: «La liberté d'expression est garantie dans le cadre des lois en vigueur.» Nul donc ne peut ôter ce droit, dans certains cas justifiés, sauf le pouvoir législatif, dont le président de l'ordre des médecins ne fait pas partie. Ce droit peut être pratiqué par les médecins pour s'exprimer dans toute affaire publique, comme sur des sujets scientifiques, sans demander l'autorisation de quiconque. Ni la Constitution ni les lois afférentes n'ont donné ce pouvoir dictatorial à un responsable syndical. Dans les affaires scientifiques médicales, l'intervention des médecins est même vivement souhaitée, sinon, comment le public pourrait-il être sensibilisé aux affaires qui touchent à sa propre santé? Les récentes législations sur l'interdiction de la cigarette dans certains endroits n'auraient jamais pu aboutir si les médecins n'avaient pas mené des campagnes assidues depuis des années sur les effets néfastes du tabac.
Enfin et surtout, l'affaire n'est pas anodine car elle ouvre la voie de la censure et de l'interdiction d'expression libre à tout un chacun. Tous les citoyens peuvent être potentiellement muselés, car chacun appartient à un groupe structuré: entreprise, syndicat, université, club, association, etc. Plusieurs cas de ce genre ont été récemment relevés. En plus, le travail d'information des médias s'en trouve fortement entravé. Au moment où le Liban se veut le chantre de la démocratie dans une région muselée, en voilà certains qui, par une ancestrale habitude d'abus de pouvoir, se prévalent d'un droit canonique qu'ils n'ont pas.

Nicolas SBEIH
Consultant en média

La journaliste responsable de la page santé dans L'Orient-Le Jour a cité, sans les nommer, des «médecins spécialistes», en couvrant dans votre édition de mercredi l'affaire des déchets et leurs possibles répercussions sur la santé publique. Dans d'autres articles, elle déclare qu'elle puise dans les archives du journal ou sur Internet les données nécessaires à ses investigations....

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