Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Les ordures sont déchargées dans le fleuve de Beyrouth, s'indignent les activistes

Les manifestants ont bloqué l'accès de plusieurs artères du centre-ville, réclamant la démission du gouvernement.

Les manifestants de la campagne "Vous Puez", dans les rues du centre-ville de Beyrouth, le 28 juillet. Photo Suzanne Baaklini

La tension est montée d'un cran, mardi matin, alors que les activistes de la société civile ont à nouveau manifesté leur colère dans les rue de Beyrouth, face à la crise des déchets qui frappe le pays.

Lundi tard en soirée, avec l'émergence d'informations sur une solution concoctée par une commission ministérielle au Grand Sérail, le ramassage des ordures a recommencé à Beyrouth. Toutefois, cette solution n'avait pas convaincu les activistes qui étaient déterminés à sortir dans la rue. C'est surtout une vidéo qui a scandalisé les citoyens, où l'on voit des camions déversant les ordures ménagères, entre autres, dans le périmètre du fleuve de Beyrouth.

Selon le bloggeur Imad Bazzi, les activistes de la campagne "Vous Puez" ont suivi les camions qui transportaient les ordures des rues de la capitale durant la nuit de lundi à mardi afin de connaître leur destination finale. Ils se sont alors rendus compte que ceux-ci déversaient leurs charges à Sin el-Fil, à Furn el-Chebbak et dans le fleuve de Beyrouth, a-t-il expliqué à la LBCI.

 

 

الساعة الواحدة والنصف صباحاً: لانزال نلاحق الشاحنات التي تهرب النفايات من بيروت الى جهة مجهولة لرميها تحت جنح الظلام!! هذا هو الحل المؤقت الذي تكلم عنه الوزير؟؟ #طلعت_ريحتكم*تحديث تم رمي البعض من النفايات في مواقف الباصات القديمة في سن الفيل*

Posted by ‎طلعت ريحتكم‎ on Monday, July 27, 2015

Vidéo postée sur la page Facebook de la campagne "Vous Puez" طلعت ريحتكم‎

 

 

 

"En flagrant délit : voilà où ils ont déchargé les ordures, sous le couvert de la nuit", peut-on lire dans ce message posté sur la page Twitter de Imad Bazzi.


Le metteur en scène libanais et activiste Lucien Bou Rjeily a confié à notre correspondante sur le terrain, Suzanne Baaklini, que "les déchets d'Achrafieh ont été déversés en douce, durant la nuit, dans la zone près du Forum de Beyrouth", évoquant la vidéo publiée par la campagne "Vous Puez", qui est censée le prouver.



Les précisions de Nadim Gemayel
Contacté par L'Orient-Le Jour, le député Nadim Gemayel s'est de son côté montré catégorique : "Nous n'avons pas jeté les ordures d'Achrafieh dans le fleuve de Beyrouth. Ces affirmations sont fausses. Si quelqu'un l'a fait, ce n'est absolument pas nous".

Il explique avoir chargé plusieurs camions de ramasser les ordures qui inondent les rues d'Achrafieh afin de les "déposer provisoirement dans deux terrains vagues, l'un au bas d'Achrafieh, au niveau de la compagnie Fiat, et l'autre, à proximité du siège de Sukomi, à la Quarantaine, à côté du Forum de Beyrouth".

Le député insiste sur le terme "dépôt provisoire" des déchets et assure que ces moyens sont uniquement temporaires afin de pallier la paralysie du gouvernement au niveau de ce dossier. Il ajoute que ces terrains sont éloignés par rapport aux quartiers résidentiels. "Vous voulez que nous restions les bras croisés alors que les habitants sont submergés par les ordures?"

M. Gemayel ajoute que si le transport des déchets a été fait de nuit, cela n'avait pas pour but d'effectuer l'opération à l'insu des populations : "tout le monde sait que nous avons transporté ces déchets et les destinations sont connues. Le soir, il y a moins d'embouteillage, et les camions peuvent circuler après 20h".

Nadim Gemayel assure qu'il poursuivra cette démarche jusqu'à ce que l'Etat et les compagnies concernées se chargent du ramassage des ordures. "Mieux vaut être critiqué en faisant quelque chose qu'en ne faisant rien", conclut-il.

Même son de cloche de la part de Carole Babikian, présidente du collectif Achrafieh 2020 qui a participé à l'opération. Elle assure que les déchets n'ont pas été déversés dans le fleuve de Beyrouth et souligne également le caractère "temporaire" de ces mesures. Pour elle, "il n'y a pas lieu de polémiquer : les gens ont le droit de se poser des questions, mais ne devraient pas nous critiquer. Il vaut mieux déplacer ces ordures en dehors des zones résidentiels que les voir incendiées par des habitants excédés".

 

(Lire aussi : Les ordures dans la rue, la contestation aussi)

 


"Peur de la réaction du mouvement civil"
Peu de temps avant le début de la manifestation, le Premier ministre Tammam Salam a annoncé le report à jeudi du Conseil des ministres prévu pour la matinée, afin de donner plus de temps aux concertations sur le dossier des déchets. Pour Lucien Bou Rjeily, la réunion gouvernementale a été ajournée, "de peur de la réaction du mouvement civil".

Au centre-ville, notre correspondante qui suivait les manifestants évoque des dizaines d'activistes dont les rangs grossissaient. Ceux-ci ont arpenté les rues des souks de la capitale qu'ils ont brièvement bloquées. Arrivés au niveau de la rue des banques, certains ont réclamé la démission du ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk, et même de tout le gouvernement. Les activistes se sont également dirigés vers le siège du Parlement, place de l’Étoile, mais n'ont pas pu dépasser les barrières métalliques qui bloquent les accès en direction de la Chambre des députés. Ils ont alors décidé de se rendre devant le ministère de l'Environnement, également au centre-ville.

Hala, la trentaine, fait partie d'un groupe qui compte lancer un mouvement pour le tri et le recyclage. Elle affirmait en avoir "marre des politiques tronquées et des duperies au niveau de ce dossier et des autres". "Je manifeste pour faire entendre ma voix et réclamer de vraies solutions à long terme", lançait-elle. D'autres manifestants criaient "révolution". Ils étaient équipés de masques afin de se protéger des fumées toxiques qui se dégageaient des nombreux déchets incinérés en pleine rue.

 

(Lire aussi : Samy Gemayel se déchaîne contre Sukleen et la caste politique)

 

Un peu plus tard, les protestataires ont bloqué devant les automobilistes l'accès à la place des Martyrs au centre-ville, en provenance du secteur de Sodeco, créant d'énormes bouchons. Ils les ont laissé passer, un peu plus tard. Vers 14h, un groupe de manifestants s'est dirigé vers Hamra, où il a bloqué la rue Abdelaziz. En chemin, ils ont tenté de bloquer le passage à la voiture du ministre des Affaires sociales Rachid Derbas, au niveau de la rue Spears. Toutefois, les activistes de la campagne "Vous Puez" ont précisé que ces manifestants ne faisaient pas partie de leur mouvement.

Photo Ani

Impassible face à ces remous, le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk a estimé dans un communiqué publié en matinée que "le temps est à l'action et non à la parole". "Le Premier ministre a lancé le travail de la cellule opérationnelle au sein du Conseil du développement et de la reconstruction", a souligné le ministre.

 

 

Repères
Crise des déchets : les principaux points du plan de Machnouk (infographie)

Comment, en pleine crise, réduire le volume des ordures chez soi

 

Diaporama
Retour en images sur la crise des déchets au Liban


Pour mémoire
« Sar Lezem Rassak Yifroz », une initiative pour inciter les Libanais à trier leurs déchets

La tension est montée d'un cran, mardi matin, alors que les activistes de la société civile ont à nouveau manifesté leur colère dans les rue de Beyrouth, face à la crise des déchets qui frappe le pays.
Lundi tard en soirée, avec l'émergence d'informations sur une solution concoctée par une commission ministérielle au Grand Sérail, le ramassage des ordures a recommencé à Beyrouth....

commentaires (2)

Politiciens malades, pauvre Liban!

Christine KHALIL

21 h 01, le 28 juillet 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Politiciens malades, pauvre Liban!

    Christine KHALIL

    21 h 01, le 28 juillet 2015

  • QU,ATTEND-ON LORSQUE LE CHAOS REGNE ? KIL MIN IDOU ILOU BHAL BALAD... C,EST LA PAGAILLE A TOUS LES NIVEAUX... L,ABRUTISSEMENT DE LA TETE ET JUSQUES LA QUEUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 12, le 28 juillet 2015

Retour en haut