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Liban - La situation

Le paradoxe du Hezbollah et le dilemme de Salam

Le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, en conversation avec le Premier ministre Tammam Salam, à Mousseitbé. Photo Ani

« Dans la situation où nous nous trouvons, tous les scénarios sont possibles », affirme une source ministérielle. En effet, les lignes rouges, nées de l'impératif de préserver la sécurité du pays et son gouvernement, dans l'attente du déblocage de la présidentielle, ne semblent plus inviolables : le dossier des déchets aura servi au moins de moyen – particulièrement symbolique – pour achever le processus visant à resserrer l'étau sur le cabinet, et d'en paralyser, en pratique, la présence. Que ce processus ait été l'œuvre du Courant patriotique libre (CPL) seul, à l'instant où il décida de recourir à la rue au nom de la protection des droits des chrétiens, ou que ce processus ait été voulu par le Hezbollah, en dépit de ses déclarations contraires, ne change rien au dilemme auquel le gouvernement, et plus précisément le Premier ministre, se trouve aujourd'hui confronté : il est interdit au gouvernement de démissionner, mais il lui est tout autant interdit de fonctionner.

Cette équation se dégage du message paradoxal renvoyé par le discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, samedi : s'il a estimé que la démission du Premier ministre « ne changerait rien à l'état des choses », il a en même temps mis en garde contre cette démission, qui serait « un saut dans l'inconnu ». Soulignant avec insistance « le danger » que cela comporterait, il a en même temps veillé à s'en laver les mains, se positionnant au-delà de toute polémique : le parti chiite n'est ni « un médiateur » entre le CPL et le Futur, ni n'est concerné par « la corruption institutionnelle » ayant conduit à la crise des déchets.
En cherchant à s'innocenter de toute faillite institutionnelle éventuelle, le Hezbollah touche, en réalité, aux lignes rouges de la sécurité et du maintien du gouvernement : il minimise l'optique de la démission du Premier ministre, tout en mentionnant avec insistance un « danger » éventuel pour le pays.
Ce qu'il faut en retenir pour l'instant, c'est que même si les lignes jadis infranchissables existent toujours, elles ne sont plus intangibles. Leur violation serait tributaire des effets réels, encore peu connus, de l'accord sur le nucléaire. Cela expliquerait l'enjeu, pour le Hezbollah, de maintenir une sorte de statu quo, en plaçant le gouvernement dans une sorte de « limbes ». C'est ce qui conduit plus d'une source du 14 Mars à qualifier d'« inquiétante » la dernière allocution du secrétaire général du Hezbollah.
Cette lecture permet d'identifier le Hezbollah comme le véritable destinataire, non déclaré, de la
« rumeur » qui circule sur une possible démission du Premier ministre.
Elle permet aussi de comprendre la dualité de l'action du parti chiite par rapport à l'exécutif : si le Hezbollah tient en principe au cabinet comme il le prétend, pourquoi n'exerce-t-il pas une pression sur son allié chrétien pour le convaincre d'abattre l'obstacle du mécanisme de prise de décision, par le biais duquel il empêche le débat sur le dossier des déchets ?, s'interrogent plusieurs sources ministérielles.
Mais le Premier ministre continue de prendre en compte, semble-t-il, les doléances du CPL, dans une tentative de déblocage. Ses visiteurs rapportent en effet des arguments qui démontrent que la position du CPL dessert en réalité les droits des chrétiens. Ainsi, par exemple, réclamer un mécanisme rigide de l'unanimité conduirait à créer un substitut au président de la République, susceptible d'être institutionnalisé, rapportent les visiteurs du Grand Sérail. C'est également dans cet esprit que le Premier ministre préférerait le terme d'« approche » à celui de « mécanisme », préconisant une prise de décision consensuelle au sein du cabinet. Celle-ci s'est d'ailleurs substituée, depuis un certain temps déjà, au mécanisme de l'unanimité initialement convenu, qui a démontré ses limites. Et si, enfin, pour le CPL, faciliter la marche du cabinet porterait un aveu de l'inutilité de la présidence de la République, pour le Premier ministre, c'est, au contraire, le blocage de la présidentielle qui est source de la déliquescence généralisée : la source de la paralysie institutionnelle est la vacance présidentielle, que les parties libanaises seraient à même de combler seules, rapportent ses visiteurs.
Mais la crise se situe au-delà de cette polémique : si le Premier ministre pourrait « sérieusement » recourir à « l'option » de la démission, qui n'est ni « une menace » ni « une prise de risque », selon une source autorisée, c'est que cette option est préférable à la gestion d'un gouvernement dysfonctionnel.
D'ailleurs, le ministre d'État Nabil de Freige a poussé cette logique encore plus loin : « Si le Premier ministre a eu l'impression, comme moi, lors du Conseil des ministres de jeudi, que le Hezbollah n'est plus soucieux de la cohésion du cabinet, il doit prendre la décision soit de gérer le gouvernement avec force, avec ou sans les ministres du CPL et du Hezbollah, soit de démissionner, et je préfère personnellement la démission. » Pour le député Mouïn Merhebi, « un gouvernement d'expédition des affaires courantes serait préférable à l'état actuel, surtout que le pays semble, en tout cas, se diriger vers une assemblée constituante ».
Cette position radicale ne fait pas l'unanimité au sein du Futur. Le député Hadi Hobeiche a appelé le Premier ministre à ne pas se précipiter vers la démission.
Le mouvement Amal lance plus d'un appel dans ce sens : le ministre Ali Hassan Khalil, entre autres, a rappelé l'impératif de l'entente interne. « Nulle partie ne peut atteindre ses buts par la paralysie », a ajouté le député Hani Kobeissi, tandis que son collègue, Abdel Majid Saleh, a estimé que « la menace de démission ne fait que compliquer la situation ».
Les Forces libanaises, par la voix du député Antoine Zahra, ont appelé pour leur part le Premier ministre à rester patient.
Cette solidarité interne avec le Premier ministre est relayée par des appels externes, de l'Élysée notamment, à éviter coûte que coûte la démission.
À 48 heures de la prochaine réunion du Conseil des ministres, mardi, les contours de la séance restent flous. Il n'est pas sûr que le dossier des déchets sera examiné, ni comment, le cas échéant. Le député Alain Aoun a encore une fois souligné hier que « ce dossier n'a pas sa place au sein du Conseil des ministres. Preuve en est, une solution temporaire aux déchets a été avancée par le Premier ministre, avec le ministre de l'Environnement ». Il a en même temps déclaré que « ce n'est pas dans une logique de confrontation que le CPL entend prendre part au Conseil des ministres de mardi ». Pour le ministre Élias Bou Saab, c'est pour ne pas « suspendre le détournement des deniers publics » que le dossier des déchets ne sera pas résolu en Conseil des ministres. Le CPL n'y est donc pour rien. Le ministre Gebran Bassil a coupé court, enfin, à tout compromis, lors de sa tournée, hier, à Markabta (Minyé-Denniyé) : « Nous ne renoncerons pas à nos droits, et nous ne nous laisserons pas intimider par le chantage (de la démission). »

« Dans la situation où nous nous trouvons, tous les scénarios sont possibles », affirme une source ministérielle. En effet, les lignes rouges, nées de l'impératif de préserver la sécurité du pays et son gouvernement, dans l'attente du déblocage de la présidentielle, ne semblent plus inviolables : le dossier des déchets aura servi au moins de moyen – particulièrement symbolique...

commentaires (4)

"Nous ne sommes point dans l’interprétation", docte le Walïï, "comme si ce gouvernement avait provoqué 1 entier bouleversement." ! D'abord vient "l'événement", titre pudique des Ordures dans la Ville. Après, vient sa "doctrine" sectariste qui vide de son contenu "l'événement" qui a fait de "nobody" ; chefs de ces bêtes sectarismes. Par 1 salto mortale, on saute ce passé et on trouve ces A-"responsables" qui ont trouvé "leur doctrine" ! Au 1er souffle du sectarisme à sa tête ces "nobody", la "Démocratie" se décompose. Parmi les victimes se trouve feu le Parlementarisme, mélange repoussant de chimère et de mensonge ; leur "féal vassal", quoi ! Si cette "Wilâïyâh-Moutassarifïyâh" ne peut se fêter qu'en passant sur le Parlement, ces A-"responsables" ne peuvent faire que de passer sur lui. Ils invoquent le spectre du féal vassal qui apparaît, pendillant et exécutant des cabrioles car le sol lui manque sous les pieds : c'est que l'ancien terrain ante, sa base, a été englouti par "l’événement d’1 amoncellement "d’Ordures". Ces maîtres djinns-sorciers apprennent alors au spectre, qu’ils vont liquider sa succession et se comporter en "loyaux" héritiers. Le spectre ne peut apprécier ce style de "politesses", car il ne laissera point des défunts établir de testaments posthumes. Excédé, net il désapprouve sans 1 salamalec ces sorciers, sans révérence démissionne et disparaît. La "raison" du plus fort, tel est le testament posthume de ces sectarismes.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

06 h 12, le 28 juillet 2015

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Commentaires (4)

  • "Nous ne sommes point dans l’interprétation", docte le Walïï, "comme si ce gouvernement avait provoqué 1 entier bouleversement." ! D'abord vient "l'événement", titre pudique des Ordures dans la Ville. Après, vient sa "doctrine" sectariste qui vide de son contenu "l'événement" qui a fait de "nobody" ; chefs de ces bêtes sectarismes. Par 1 salto mortale, on saute ce passé et on trouve ces A-"responsables" qui ont trouvé "leur doctrine" ! Au 1er souffle du sectarisme à sa tête ces "nobody", la "Démocratie" se décompose. Parmi les victimes se trouve feu le Parlementarisme, mélange repoussant de chimère et de mensonge ; leur "féal vassal", quoi ! Si cette "Wilâïyâh-Moutassarifïyâh" ne peut se fêter qu'en passant sur le Parlement, ces A-"responsables" ne peuvent faire que de passer sur lui. Ils invoquent le spectre du féal vassal qui apparaît, pendillant et exécutant des cabrioles car le sol lui manque sous les pieds : c'est que l'ancien terrain ante, sa base, a été englouti par "l’événement d’1 amoncellement "d’Ordures". Ces maîtres djinns-sorciers apprennent alors au spectre, qu’ils vont liquider sa succession et se comporter en "loyaux" héritiers. Le spectre ne peut apprécier ce style de "politesses", car il ne laissera point des défunts établir de testaments posthumes. Excédé, net il désapprouve sans 1 salamalec ces sorciers, sans révérence démissionne et disparaît. La "raison" du plus fort, tel est le testament posthume de ces sectarismes.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 12, le 28 juillet 2015

  • Le Liban serait-il devenu un" dekkan" privé pour le hasbeen de 82 ans Michel Aoun et ses beni-oio-oui ? Non, le Liban ne sera jamais une possession isolée de l'Empire perse à sa tête un malade rancunier incurable ! Le Liban était déjà autonome depuis 1860, puis indépendant depuis 1920. Il ne reviendra jamais en arrière et ce, par la volonté de ses héros Emile Eddé,Béchara el-Khoury, Riad es-Solh, Sabri Hamadé, Kamal Joumblat, Camille Chamoun, Kazem el-Khalil, Ahmad el-Assaad, Fouad Chéhab, Hussein el-Husseini...

    Un Libanais

    16 h 14, le 27 juillet 2015

  • LE PARAVENTISSIME... QUI CACHE LES TIREURS DE FICELLES... ENDOMMAGE IRRÉVERSIBLEMENT LA CHRÉTIENTÉ DU LIBAN ! SUNNITES ET CHIITES ONT "TOUS DEUX" ACCAPARÉ DES POSTES REVENANT AUX CHRÉTIENS... ET LE PARAVENTISSIME NE VEUT VOIR (CAR AINSI IL LUI CONVIENT) QUE LES DÉFAUTS DES PREMIERS ET NON LES EXACTIONS DES SECONDS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 27 juillet 2015

  • LA SITUATION (en rouge) Une patience quasiment illimitée, mais à bout de souffle, du Premier ministre Tammam Salam, face à des irresponsabilités monstres.

    Halim Abou Chacra

    06 h 09, le 27 juillet 2015

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