Dans une initiative spontanée, cinq jeunes activistes, Nadine Jouni, Amir Fakih, Karim Hawwa, Imad Bazzi et Assaad Zebiane, ont lancé hier un appel à travers une page facebook intitulée « #Tol3etri7etkoun », ce qui correspond à « #vouspuez », à la société civile et aux médias de les rejoindre à 19 heures devant le Grand Sérail, place Riad el-Solh. L'objectif était « de déverser des sacs de poubelles devant l'endroit qui est responsable de cette nouvelle crise, le siège du gouvernement », selon les militants.
Bien que l'appel ait été lancé tardivement, quelques dizaines de jeunes ont répondu présent et sont arrivés à l'heure fixée devant le Sérail munis de sacs remplis d'ordures et de pancartes sur lesquelles les jeunes dénoncent « la corruption » et « la négligence » des autorités. « Nos dirigeants sont laxistes », pouvait-on lire sur l'une des pancartes critiquant aussi une tendance chez les responsables à remettre à plus tard le traitement des questions urgentes.
Des militants écologistes ont rejoint les manifestants et ont fustigé le « nouveau fiasco gouvernemental » sur la question des déchets ménagers.
(Lire aussi : Devant le fait accompli, les municipalités se débattent comme elles peuvent)
« Le pays est littéralement noyé sous les ordures aujourd'hui et il est déjà noyé depuis longtemps sous les ordures des politiciens dont la corruption commence à sentir mauvais, c'est pour cela que nous avons appelé les citoyens à se mobiliser et à réagir, car la situation est devenue intenable », explique Nadine Jouni derrière le masque qu'elle porte afin d'exprimer, comme ses camarades, son « dégoût de la puanteur qui se dégage du Grand Sérail ».
« C'est le gouvernement qui est la décharge et le dépotoir, c'est lui qui doit accueillir les ordures des gens », reprend un jeune participant au sit-in. « Eux ne sont pas concernés par notre misère et notre lutte pour la préservation de l'environnement du pays, ils sont bien installés loin des poubelles et des décharges, alors nous allons leur montrer à quoi ressemble une rue pleine de sacs poubelles », dit-il, outré du comportement des forces de l'ordre qui tentaient d'empêcher les participants de jeter des sacs de déchets au-delà des fils barbelés. L'un des manifestants souligne que ses camarades expriment « des doléances qui ne trouvent pas d'écho chez les dirigeants politiques, inconscients du danger » qui menace le pays.
Après avoir effectué une marche symbolique en direction du Grand Sérail, les manifestants ont observé un sit-in près des tentes érigées depuis presque un an par les parents des militaires pris en otages à Ersal.
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commentaires (5)
"Vous puez !".... Si ce n'était que ça !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
15 h 23, le 23 juillet 2015