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Culture - Concert

Maryam Saleh sème du « Farah » à tout vent

Un look rebelle, une allure kitsch un peu années 80, c'est ainsi que Maryam Saleh entre en scène, sautillant, hurlant et chantant. Un bolide en feu à deux pieds qui se produit encore les 23 et 24 juillet au Métro al-Madina.

Son spectacle a pour nom Farah. Il est incontestable que Maryam Saleh sait contaminer le public avec son virus : la joie. Entourée de son groupe également très kitsch, la femme-ressort bondit et rebondit. Arpentant à grands pas les planches, elle laisse croire que la scène du Métro al-Madina est un Bercy-sur-Hamra. La chanteuse underground, qui n'a jamais mis de label ou d'étiquette sur ses chansons, invite le public dès la première minute dans son univers de gaieté. Farah, un concert qu'elle veut festif pour braver les « immondices » de ce monde. Un répertoire de chansons « semsiyya » (du nom de l'instrument semblable au oud, utilisé à Port-Saïd et dans la région du Suez). Et Dieu que ça sent bon le sucré !

Depuis qu'elle a posé le pied dans l'univers du spectacle (chant, films ou danse), c'est-à-dire depuis ses 7 ans, sous l'influence de son artiste de père, cette jeune femme (de moins de trente ans), qui a grandi dans une atmosphère musicale et côtoyé les plus grands, se bat contre ce monde avec pour seules armes ses mots et ses harmonies.
Elle est gouailleuse, fait parfois le bouffon sur scène à la manière d'Ismaïl Yassine ou d'autres grands comiques de son pays. Mais elle sait aussi susurrer, la Maryam. Elle danse, balance, se déhanche, invite même une danseuse du ventre à l'accompagner sur les planches. Elle chante, mais dit ne pas chanter, sortant parfois du ton juste. Cela lui importe peu, car elle aime les sorties de routes, les chemins non balisés. « La chanson est faite pour ça », dit-elle. Elle-même s'était d'ailleurs présentée à ses débuts dans un album intitulé Je ne chante pas.

Faire swinguer Tahrir
Mais que fait-elle au juste, si elle ne chante pas ? Elle dit concocter une expérience musicale à laquelle tout le monde est convié. Ce trublion de la chanson, cette chanteuse engagée qui s'adresse à Nixon, à Valéry Giscard d'Estaing et à d'autres grands de ce monde comme si c'étaient des potes qui ont grandi sur le même banc d'école. Celle qui a fait swinguer la place Tahrir et qui dit aimer chanter dans les rues s'est rendue célèbre pour ses reprises des chansons révolutionnaires de Sheikh Imam, idole du peuple et ami de sa famille, avant de créer le groupe rock égyptien Baraka. Culottée? Certainement. Et elle le sait. Elle l'assume. Puisque les paroles de Sheikh Imam, écoutées par les gérontocrates égyptiens, sont devenues accessibles aux jeunes générations grâce au virus rock qu'elle a su leur inoculer. Avec son côté révolutionnaire et underground, il était donc normal que l'artiste rencontre un jour Zeid Hamdane, un autre undergrounder, fondateur des Soapkills. Une collaboration qui dure depuis 2010 et qui donne naissance à ce fameux tube, Islahat, en 2012.

Avec les larmes du Nil, Maryam Saleh a tissé de la musique, et avec l'absurdité dans laquelle se noie actuellement le monde arabe, elle a confectionné des rengaines, des ritournelles qu'elle a saupoudrées de tonalités orientales et occidentales à la fois. Pour se couvrir et couvrir tous ceux qui veulent se protéger sous sa grande capeline musicale.

Son spectacle a pour nom Farah. Il est incontestable que Maryam Saleh sait contaminer le public avec son virus : la joie. Entourée de son groupe également très kitsch, la femme-ressort bondit et rebondit. Arpentant à grands pas les planches, elle laisse croire que la scène du Métro al-Madina est un Bercy-sur-Hamra. La chanteuse underground, qui n'a jamais mis de label ou d'étiquette sur...

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