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Économie - Liban - Commerce

Le Liban est-il paré pour la ruée vers l’Iran?

Avec l'accord sur le nucléaire iranien et la levée progressive des sanctions financières qui doit suivre, le deuxième marché du Moyen-Orient en termes de PIB s'ouvre au reste du monde. Le Liban saura-t-il en tirer parti ?

Les exportations libanaises vers l’Iran se sont élevées à plus de 3,2 millions de dollars en 2014, contre environ 50 millions de dollars d’importations. Photo Borna/Bigstock

L'Onu devrait entériner, la semaine prochaine, l'accord de Vienne sur le nucléaire conclu mardi entre l'Iran et les grandes puissances, et rendre effective la levée des sanctions qui pèsent contre la République islamique depuis 2006 et donner un nouveau souffle à un marché domestique asphyxié depuis 30 ans. Et avec un PIB supérieur à 370 milliards de dollars, près de 78 millions d'habitants, les premières réserves mondiales de gaz naturel et les quatrièmes de pétrole (non conventionnel inclus), l'Iran a des arguments de poids pour susciter les convoitises des investisseurs de la planète...


« Avec le dégel de ses avoirs, le budget du gouvernement iranien va se retrouver gonflé de 100 milliards de dollars à court terme, sans compter les autres retombées positives de cette détente », se réjouit auprès de L'Orient-Le Jour le ministre de l'Économie, Alain Hakim. Il a prévu de se rendre en Iran en septembre afin de « donner aux marques libanaises – principalement dans l'agroalimentaire et le textile – le coup de pouce nécessaire pour pouvoir se positionner sur ce marché ». Même enthousiasme du côté de l'Union des hommes d'affaires méditerranéens : « Nous avons commencé les tractations il y a trois mois avec nos homologues iraniens afin d'être prêts à agir », révèle son président, Jacques Sarraf, qui s'apprête à recevoir une délégation d'hommes d'affaires de la République islamique en septembre avant de se rendre à Téhéran. « Il faudra toutefois attendre que l'accord sur le nucléaire soit formellement transposé au sein de tous les pays signataires pour obtenir le feu vert définitif à une probable ruée », explique-t-il.
« Au niveau des investissements, la priorité pour le gouvernement iranien sera de combler la demande sur le marché interne pour les trois à cinq années à venir », décrypte Samir Nasr, économiste et directeur général d'ECE capital. « Tous les exportateurs auront leur carte à jouer sur ce marché et les Libanais ne devraient pas faire exception. L'appareil productif iranien aura enfin besoin de se moderniser, ce qui ouvrira des débouchés pour de nombreux métiers dans le conseil ou les services », poursuit-il

 

(Lire aussi : La relance économique iranienne devrait se faire attendre)

 

Échanges marginaux
De quoi espérer rééquilibrer une balance commerciale exiguë mais largement déficitaire ? D'après les chiffres de l'administration des douanes libanaises, les exportations à destination de l'Iran se sont élevées à plus de 3,2 millions de dollars en 2014, répartis principalement entre les machines et appareils électriques, la pulpe de bois ou les produits en plastique. Sur la même période, plus de 50 millions de dollars de légumes, d'aliments conditionnés et de produits en métal en provenance d'Iran étaient dédouanés par les agents libanais.
« Les quantités qui ont transité légalement entre les deux pays ces dernières années sont restées marginales parce que les banques bloquaient la plupart des transactions financières avec les institutions financières iraniennes et même celles qui avaient la réputation de traiter avec elles », explique un cadre d'une entreprise sous couvert d'anonymat. « Certes, entre les sociétés libanaises historiquement liées avec l'Iran et les sociétés étrangères qui décident de passer par le Liban pour éviter des ennuis avec leurs administrations, le commerce a toujours existé. Mais de nombreuses entreprises ont fini par geler leurs échanges avec ce pays lorsque l'administration américaine a décidé d'exclure les banques iraniennes de la plateforme internationale Swift qui régit les transactions financières au niveau international. Ce qui a profité à certains pays du Golfe », poursuit-il. « Près de 35 % du commerce qui transite par Dubaï concerne des marchandises à destination de l'Iran », confirme M. Sarraf, avant de noter que l'ouverture du marché iranien aura forcément pour effet de redistribuer les cartes dans la région.

 

Prudence
La majorité des observateurs interrogés par L'Orient-Le Jour affichent toutefois une certaine prudence. « Il est encore trop tôt pour se réjouir », commente Nassib Ghobril, analyste à la Byblos Bank. L'industrie libanaise va nécessairement profiter de la stabilisation des cours du pétrole à court terme – qui impacteront également la baisse des transferts à EDL –, mais pourra difficilement concurrencer les pays occidentalisés sur un marché iranien intéressé en priorité par les hautes technologies ou l'automobile. « Quant au secteur bancaire libanais, il devra attendre la levée effective des sanctions pour se positionner », ajoute-t-il.


Même retenue du côté du vice-président de l'Association des industriels libanais, Ziyad Bekdache, qui estime « qu'il est impossible de se projeter avant d'avoir étudié les besoins du marché iranien ». Il relève cependant qu'il sera indispensable dans un premier temps de réviser les tarifs douaniers qui grèvent actuellement les exportations libanaises vers l'Iran et qui peuvent atteindre jusqu'à « 40 % et 60 % des valeurs des biens exportés ».
Le président de la Lebanese Franchise Association, Charles Arbid, appelle pour sa part les pouvoirs publics à « rester sur la logique de l'appel du 25 juin lancé par les instances économiques afin d'aider le secteur privé à surmonter la concurrence des pays voisins dans cette course ». Enfin, le président de la Chambre de commerce de Tripoli, Toufic Dabboussy, espère de son côté que cet accord « permettra à tous les Libanais, sans discrimination, de profiter des opportunités offertes par l'ouverture de ce nouveau marché ».

 

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commentaires (5)

Faut pas être niais quand même !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 57, le 18 juillet 2015

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Commentaires (5)

  • Faut pas être niais quand même !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 57, le 18 juillet 2015

  • L'EXPORTATION VERS L'IRAN PÉNALISÉE ! L'IMPORTATION ILLÉGALE PAR PORTS ET AEROPORTS... LIBRE DE DROITS... ET TOUS LE SAVENT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 15, le 17 juillet 2015

  • C'est une très bonne nouvelle ..! l'Iran en tant que commanditaire de la guerre de 2006 ...pourra donc rembourser les dommages de guerre....car ca suffit de jouer à la guerre ...sur le terrain de foot libanais...

    M.V.

    11 h 29, le 17 juillet 2015

  • LIBAN/L'IRAN NPR ... juste une question d'inversion de lettre ! Si Le Liban peut profiter de cette nouvelle manne economique , il ne faudra jamais oublier grace a qui ce pays mis a terre injustement pendant 35 ans , a ete releve par des hommes et des femmes convaincus qu'on lui faisait une mauvaise presse . Et la je m'adresse a L'Iran NPR , never forget ! les jeunes martyrs libanais mort pour avoir voulu s'emanciper d'une occupation barbare par un pays malfaisant qui n'a pas fini de payer la facture .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 56, le 17 juillet 2015

  • Il relève cependant qu'il sera indispensable dans un premier temps de réviser les tarifs douaniers qui grèvent actuellement les exportations libanaises vers l'Iran et qui peuvent atteindre jusqu'à « 40 % et 60 % des valeurs des biens exportés ». ah bon? mais je comprend pas si on dit vouloir aider un pays alors on fixe le droit de douane a l'importation de ce pays vers l'iran de 40 a 60% !! d'accord mais une chose et du coter libanais les droits de douanes a l'importation de l'iran vers le liban est de combien?

    Bery tus

    03 h 33, le 17 juillet 2015

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