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Moyen Orient et Monde - New York

Un « triomphe », une « débâcle » ou un « succès diplomatique » ?

Cet « accord important et historique » peut « contribuer de manière essentielle à la paix et la stabilité dans la région et au-delà », a jugé le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, hier. REUTERS/Tiksa Negeri

L'accord « historique » sur le programme nucléaire iranien scellé à l'arraché à Vienne entre l'Iran et un groupe composé de six nations (États Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) est-il un « triomphe du nucléaire diplomatique », une « débâcle » ou un « succès diplomatique » appelant à son « application rapide » ?

Annoncé dans la matinée du 14 juillet, cet accord, dont les termes limiteront sensiblement la capacité de la République islamique à enrichir de l'uranium dans les dix prochaines années, en échange d'une levée des sanctions internationales pétrolières et financières affectant le pays, a été « salué » par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, dans un communiqué de presse rendu public à Addis-Abeba, où le chef de l'Onu assiste actuellement à la troisième Conférence internationale de financement du développement. « C'est bien la preuve de la valeur du dialogue », a-t-il déclaré.
« Je sais qu'une quantité de travail immense a été investie dans cet accord, et j'admire la détermination et l'engagement des négociateurs, ainsi que le courage des dirigeants qui ont approuvé cet accord difficilement élaboré par leurs équipes à Vienne et ailleurs », a poursuivi M. Ban. Le secrétaire général s'est dit convaincu que cet accord contribuera à une meilleure compréhension mutuelle entre États et à une coopération accrue dans la gestion des crises au Moyen-Orient. « Les Nations unies se tiennent prêtes à coopérer pleinement avec les parties dans le processus de mise en œuvre de cet accord historique et important », a souligné M. Ban.
Stéphane Dujarric, porte-parole de l'Onu, a indiqué hier dans un point de presse que le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a également « salué » la conclusion de l'accord, qui facilitera selon lui la conduite des travaux de vérification de son agence en Iran. Il a ajouté que M. Amano a indiqué que l'AIEA sera « appelée à surveiller et à vérifier le respect des mesures liées au nucléaire énoncées dans l'accord, » ajoutant qu'il lui incombait désormais d'obtenir les ressources nécessaires pour y parvenir.

 

(Lire aussi : À Vienne, tout le monde a gagné, ou presque..., le décryptage d'Anthony Samrani)

 

Une résolution de l'Onu, « phase opérationnelle »
Quel impact cet accord iranien aura sur le Moyen-Orient? « Le secrétaire général de l'Onu félicite tous ceux qui ont été autour de la table et espère, bien sûr, que cet accord mènera à une plus grande compréhension et coopération entre les différents pays de la région. Ce qui nous aidera, on espère, à gérer les crises », a indiqué à L'Orient-Le Jour Stéphane Dujarric. « Nous n'allons pas essayer de prédire ce qui va se passer. L'étape d'après, que l'on sait, est qu'il y aura une résolution du Conseil de sécurité, qui sera la phase opérationnelle de cet accord. Bien sûr, le rôle des Nations unies dans cet accord sera en grande partie géré par l'AIEA », a-t-il précisé.

Ranimer la course aux armements nucléaires
Dans les coulisses de l'Onu, le scepticisme est de mise. « C'est pour le meilleur et pour le pire », indique un diplomate onusien. « Je ne pense pas que cet accord, entre Téhéran et les six nations soit un bon accord. Les procédures de vérification ne sont pas bien ficelées et la guerre contre la terreur se rapproche », estime pour sa part un grand analyste onusien. « Cet accord va ranimer la course aux armements nucléaires dans la région. L'Arabie saoudite a déjà annoncé son intention d'acquérir rapidement l'arme nucléaire pour se mettre au diapason iranien. Ce n'est pas une bonne nouvelle ! Nos enfants et nos petits-enfants en subiront les conséquences », dit-il.
« Même s'il respecte entre-temps les termes de l'accord, dans douze ou treize ans l'Iran sera en mesure de développer son arme nucléaire », ajoute l'analyste moyen-oriental. Et de poursuivre : « Je suis étonné par la déclaration du secrétaire général de l'Onu qui a accueilli l'accord de manière si rapide. Il ne semble pas qu'il ait lu tous les détails de cet accord. Il est étonnant qu'il n'y ait pas eu de participation directe de l'Onu dans les négociations. Ban Ki-moon a tout simplement parlé de la valeur du dialogue. Ce que, je pense, pourrait être une erreur », a-t-il ajouté.

« Plus de leviers sur l'Iran »
« Je pense qu'il y aura des problèmes dans l'application de cet accord », note pour sa part un journaliste de l'Onu qui suit les négociations de près. « Les sanctions imposées par l'Onu seront levées pour arrêter l'activité nucléaire future. Ce qui n'est pas une bonne chose dans la mesure où il élimine les leviers que les États-Unis et l'Europe ont pour arrêter la capacité nucléaire iranienne. Cet accord réanimera les tensions dans la région. Il favorise les chiites au détriment des sunnites. Ce qui engendrera une agitation qui risque de mener à une course à l'armement nucléaire des Saoudiens ou d'autres pays », ajoute-t-il.
« Tout d'abord, nous ne connaissons pas tous les détails de l'arrangement. Toutefois, il semble qu'il aura un grand impact sur le Moyen-Orient, confie à L'Orient-Le Jour une autre grande journaliste de l'Onu. Sans nul doute, cet accord inquiète les sunnites d'Arabie saoudite et du Qatar. Il ouvre la voie à l'inquiétude de voir les nouvelles relations se développer entre l'Iran et les États-Unis, et l'impact qu'elles pourraient avoir sur tous. Le fait de la disponibilité de l'argent pourrait aider l'Iran à acheter des armes pour venir en aide au Hezbollah, au Hamas et aux houthis, ce qui pourrait être un sujet d'inquiétude aussi. » « Je pense que les gens voient les avantages et les coûts ; mais il est trop tôt pour dire vraiment quel impact direct cet accord aura sur la région », conclut-elle.

 

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commentaires (3)

Une débâcle plutôt, oui, mais pour qui à votre avis ? Yâ hassirtîîîh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 47, le 15 juillet 2015

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Commentaires (3)

  • Une débâcle plutôt, oui, mais pour qui à votre avis ? Yâ hassirtîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 47, le 15 juillet 2015

  • DE L'ABRUTISSEMENT CONJUGUÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 13, le 15 juillet 2015

  • surtout un mariage de cocus ...dont tout le monde avait besoin.....!

    M.V.

    11 h 32, le 15 juillet 2015

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