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Culture - Web Culture

Qui est Simi, roi du velfie ?

Si Voltaire, el-Jahez ou autres G. B. Shaw devaient ressusciter, au lieu de leurs pamphlets incendiaires, ils feraient sans doute des Velfies. Et ce n'est pas Issam Merheb, alias Simi, qui dirait le contraire.

Qui est-il cet humoriste improvisé à l’allure de jeune premier qui égratigne la suffisance de ses compatriotes ?

Entre chamailleries politiques et autres selfies d'underboobs, entre des vidéos de danseuses de ballet virevoltant et d'autres de chats miaulant en chœur, sévit un personnage qui fascine la blogosphère (et vlogosphère) libano-libanaise. Mesdames et messieurs, voici Issam Merheb, Simi pour les intimes, le croustillant auteur des Velfies (selfies sur vidéo) made in Lebanon.

Un œil bleu se faisant tantôt pétillant, tantôt assassin; une bouche qui a du mordant et du tordant ; un nez qui flaire les travers puis les souffle avec une odeur de soufre, et des mèches rebelles domptées, hérissées plutôt, avec du gel ultrafixant, un peu comme sa propension à faire des blagues sur les fixettes de ses compatriotes et néanmoins amis : le jeune homme est sympathique ou antipathique, arrogant ou drôle, intelligent ou suffisant, bilieux ou attachant. Bref, il ne laisse personne indifférent, et c'est tant mieux pour nous, le commun des Facebookeurs et YouTubeurs qui se régale de ses vidéos devenues virales, partagées à plus d'un demi-million d'utilisateurs.
Mais qui est-il, cet humoriste improvisé à l'allure de jeune premier qui égratigne la suffisance de ses compatriotes, qui malmène leurs travers et dépèce leurs stéréotypes avec la jouissance d'un félin devant une proie rebelle ? Entre ses rôles d'acteur ou d'organisateur de festival, Issam Merheb affirme n'avoir jamais forcé les choses. « Je suis comme ça, sarcastique. » « Boute-en-train des soirées », confirment ses amis.

Petite enquête sur le Web, confirmée en live par l'intéressé qui appartient à une tribu d'artistes. Maman est Nay Lahoud, célèbre danseuse et chorégraphe, papa est Alain Merheb, roi de la houara et danseur virtuose de dabké. Tonton est Roméo Lahoud, grand metteur en scène de comédies musicales.
Il a de qui tenir, direz-vous, la houara pratiquée avec maestria par son paternel est l'art de la satire en paroles et musique, telle que la pratiquaient nos ancêtres... les Libanais. Très attaché à ses racines, au patrimoine et aux traditions du pays du Cèdre, Issam Merheb ne comprend pas pourquoi le Libanais jaljou' (comme il le nomme) suit aveuglément les trends de l'Occident ou de l'Orient. Simi a ainsi raillé, dans un Velfie très réussi, la mode du quinoa et du kale vs la moujaddara et la mouloukhiyé. Ou encore la mode des « destination wedding », les cérémonies de mariage que l'on se plaît à célébrer à l'étranger, alors que toute notre famille réside dans un village du Mont-Liban.

Il sermonne, il juge et condamne, dans l'hilarité générale. Le néohumoriste du Web, comme l'intello de jadis, dirait-il le vrai et le bien ? On l'aura compris, loin d'être une simple critique, les Velfies proposent des réflexions sur les rapports humains, l'amour, les tics de comportement, les stéréotypes. Si dans le temps, le conte ou le roman sentimental et larmoyant étaient les moyens de répandre, dans les intelligences les plus simples, quelques idées philosophiques, aujourd'hui, dans nos sociétés bouffées par le consumérisme d'images et le voyeurisme, de partage sur Facebook, et de retweet, c'est le Velfie de Simi qui vise et touche.
Alors évidemment, il en agace plus d'un. Et ceux-là, qui ont la rage au cœur et l'humour en berne, qui l'abreuvent d'insultes, il les « bloque » (350 interdits de sa page à ce jour).

Issam Merheb commence toujours ses Velfies par « Ahla w sahla fikon bi velfie jdid » et les conclut par « Save Lebanon, hater for life ».
Il insiste à plusieurs reprises : « J'adore mon pays. Et mes compatriotes. Je ne suis pas un alien, un extraterrestre. C'est parce que je suis comme eux que je me permets de les critiquer. Mais il y a des choses que je ne fais pas comme le jaljou' (NDLR : le plouc). » Par exemple ? « Cette manie exécrable de faire sur Facebook, un check in au business lounge de l'aéroport, avant de prendre l'avion ! »

Les Velfies sont l'occasion pour Simi Merheb de défendre le bon Libanais. Celui qui offre le café à son voisin. Qui chérit son histoire, son patrimoine, ses valeurs.
Et si le fait qu'il fasse ses vidéos en tenant le volant en irrite plus d'un, il promet la main sur le cœur, ne plus faire de Velfies en voiture.
Au final, Issam Merheb dit aimer, respecter assez son compatriote pour lui dire la vérité. « Tant qu'on hait, on aime encore », disait l'autre. Entre Simi et le jaljou', une histoire d'amour/haine, scellée à vie, pour le meilleur et pour le rire.

 

Coucou ou Yo Yo ?
En exclusivité pour L'Orient-Le Jour, Issam Merheb a concocté un Velfie spécial francophonie. Ou le sempiternel débat des Frenchie Coucou vs les English Yo Yo.

 

 
Quinoa/Kale

 

 

Entre chamailleries politiques et autres selfies d'underboobs, entre des vidéos de danseuses de ballet virevoltant et d'autres de chats miaulant en chœur, sévit un personnage qui fascine la blogosphère (et vlogosphère) libano-libanaise. Mesdames et messieurs, voici Issam Merheb, Simi pour les intimes, le croustillant auteur des Velfies (selfies sur vidéo) made in Lebanon.Un œil bleu se...

commentaires (2)

C'est vrai ce que Simi dit. On est fiers de parler trois langues, l'arabe, le français et l'anglais et on les pratique. Et alors?!

Dounia Mansour Abdelnour

15 h 30, le 15 juillet 2015

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Commentaires (2)

  • C'est vrai ce que Simi dit. On est fiers de parler trois langues, l'arabe, le français et l'anglais et on les pratique. Et alors?!

    Dounia Mansour Abdelnour

    15 h 30, le 15 juillet 2015

  • Super la dernière sur les frenchies. Bravo Simi, continue!!! On est ts fans de toi car tu es une des rares personnes qui ose crever l'abcès des snobissimes libanais.

    El Asmar Claudia

    10 h 53, le 15 juillet 2015

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