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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Damas déterminé à reprendre Alep coûte que coûte

Les forces du régime ont bombardé, hier, la ville d'al-Bab à l'entrée d'Alep contrôlée par l'EI, après avoir fait exploser dimanche un tunnel creusé par les groupes de l'opposition pour tenter de franchir la deuxième ligne de défense tenue par l'armée loyaliste.

Des immeubles détruits par des raids aériens de l’armée loyaliste dans la ville d’Alep au nord de la Syrie. Zein al-Rifaï / AMC / AFP

Les affrontements qui ont eu lieu jusqu'à présent à Alep sont restés circonscrits et limités à une zone de 12 km de long et 2 km de large, et se sont concentrés à l'ouest. Mais l'armée du régime tente désormais de porter ces combats dans les quartiers tenus par les groupes d'opposition avec pour objectif de réduire la distance entre les lignes de front et le centre urbain de l'ancienne capitale économique du pays.

Sur le terrain, l'armée syrienne tient deux lignes de défense, séparées par une distance d'un kilomètre. La stratégie des tunnels mise en œuvre par les groupes d'opposition vise donc à traverser la deuxième ligne pour entrer dans la zone où se concentre la population. Mais la prise de la ville d'Alep nécessiterait une coordination poussée entre les différents groupes de l'opposition dont les effectifs varient de 12 à 15 mille combattants face à une armée gouvernementale capable de mener des offensives sur plusieurs axes à la fois. Or entre le premier groupe d'obédience saoudienne et ceux directement affiliés à el-Qaëda, les procès de guerre se poursuivent et aucun compromis régional n'a encore été trouvé pour résoudre les désaccords de fond.

La configuration de la bataille d'Alep est donc très différente de celle d'Idleb et Jisr el-Choughour où le rapprochement entre la Turquie et l'Arabie saoudite avaient permis de regrouper les forces sous un commandement unifié. Par ailleurs, la ville d'al-Bab à l'entrée d'Alep reste aux mains du groupe État islamique, et dans ce contexte une défaite de l'armée loyaliste tournerait à l'avantage de Daech qui occuperait aussitôt le terrain pour étendre sa zone d'influence. Or ces évolutions s'inscriraient en faux avec la stratégie discursive américaine d'une guerre totale contre le groupe État islamique. La situation actuelle ne laisse pas entrevoir d'évolutions rapides et décisives dans la bataille d'Alep.

 

(Pour mémoire : Assad devra choisir : sauver Damas ou sauver Alep ?)



Ce constat est confirmé par l'expert en questions stratégiques Richard Labévière qui estime que les parties sont engagées dans un combat de longue haleine. « Rappelons que contrairement à ce qui a été dit au cours de ces dernières semaines, l'armée du gouvernement a essuyé certains revers liés à un problème de coordination, mais qui ne sont en rien décisifs. Alep et Damas réunissent la moitié de la population syrienne. La défense d'Alep est donc fondamentale dans les priorités stratégiques du régime et l'armée n'a pas renoncé à la reprise totale de la ville », explique Richard Labévière.

Il rappelle que si dans un camp Riyad a augmenté le recrutement de mercenaires en provenance du Caucase pour élargir les rangs des groupes d'opposition, et Ankara apporte un soutien actif à tout groupe susceptible de s'engager contre l'armée du régime dans une ville qui revêt une profondeur stratégique pour les Turcs, dans l'autre camp la mobilisation ne faiblit pas. « Le soutien de la Russie est indéfectible, celui de l'Iran ne se dément pas et le Hezbollah a redoublé d'efforts avec une coordination intelligente avec l'armée libanaise dans la bataille du Qalamoun.

À ce stade, la confrontation est dure, elle s'annonce longue et douloureuse, mais le régime de Damas ne s'est pas plus fragilisé. Alep est une bataille urbaine dont les suites s'annoncent extrêmement difficiles mais dont la reprise est essentielle », estime Richard Labévière.

 

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