L'acteur égyptien d'origine libanaise Omar Sharif, né Michel Chalhoub, est décédé hier au Caire d'une crise cardiaque à l'âge de 83 ans, a indiqué son agent londonien. « Il est mort cet après-midi d'une crise cardiaque au Caire. Il était dans un hôpital spécialisé pour les patients atteints d'alzheimer », a déclaré son agent Steve Kenis.
Charmeur au regard langoureux et nomade flambeur vivant entre hôtels de luxe et casinos, Omar Sharif était devenu une légende du cinéma grâce à Lawrence d'Arabie et à Doctor Jhivago. La maladie l'avait contraint à s'éloigner des plateaux en 2012, après une dernière apparition dans Rock The Casbah, de Laïla Marrakchi, clôturant une carrière riche de plus de 70 films.
Michel Chalhoub est né le 10 avril 1932 à Alexandrie, dans le nord de l'Égypte, dans une famille de négociants en bois précieux d'origine libanaise, de Zahlé.
À 11 ans, sa mère, le trouvant trop gros, l'envoie dans une école anglaise, le Victoria College d'Alexandrie, dans l'espoir qu'il y sera moins tenté par la nourriture. L'objectif est atteint, et, en plus, il y découvre le théâtre et l'anglais, que ce polyglotte parlera couramment comme le français, l'italien ou encore le grec. Après des études de mathématiques et de physique à l'Université du Caire, il accepte de travailler cinq ans avec son père, alors qu'il rêve de jouer.
Sa rencontre avec Youssef Chahine fait basculer sa vie. Le réalisateur le fait tourner en 1954 dans Ciel d'enfer. Ce film marque sa rencontre avec la star égyptienne Faten Hamama, qu'il épouse un an plus tard. Pour elle, Omar Sharif, élevé dans le rite grec-catholique melkite, se convertit à l'islam. Il confiera plus tard se sentir « agnostique ».
Fréquemment partenaire de sa femme à l'écran, c'est à ses côtés qu'il joue son premier rôle occidental dans La châtelaine du Liban de Richard Pottier en 1956.
Éclectisme
Six ans plus tard, Lawrence d'Arabie de David Lean, où il joue aux côtés de Peter O'Toole, fait de lui une star internationale. Il remporte le Golden Globe du meilleur second rôle en 1963 et signe avec la Columbia.
À Hollywood, Omar Sharif décide de se séparer de son épouse, car « entouré de belles femmes, j'étais persuadé que j'allais tomber amoureux d'une starlette et je ne voulais pas l'humilier, ni l'empêcher de refaire sa vie ».
Incarnation d'un certain « éternel masculin » (titre de son autobiographie parue en 1976), l'acteur à l'élégante moustache et à la voix rauque assurera pourtant n'être plus jamais tombé amoureux et démentira la plupart des conquêtes qui lui seront prêtées.
En 1965, il retrouve David Lean qui le dirige dans Doctor Jhivago pour lequel il reçoit le Golden Globe du meilleur acteur pour son interprétation du médecin russe. Très éclectique, il incarne par la suite Gengis Khan, le tsar Nicolas II, le capitaine Nemo, et joue notamment dans Funny Girl de William Wyler (1968) avec Barbra Streisand, Mayerling (1968) de Terence Young, Che ! (1969) de Richard Fleischer.
Flambeur
Rarement satisfait de ses prestations – « Je suis content de dix secondes dans un film et de dix secondes dans un autre », disait-il –, l'acteur confiera avoir tourné « beaucoup de mauvais films » par nécessité.
Car, loin des plateaux de tournage, Omar Sharif est un flambeur. Joueur de bridge professionnel – il a écrit un livre sur le sujet et des jeux vidéo portent son nom –, amateur de courses hippiques, il fréquente assidûment les casinos pour tromper sa « solitude. Tout l'argent que je gagne, je le perds. Quand j'ai de l'argent, je suis obligé de le dépenser, mais ça ne me gêne pas de ne pas en avoir », assurait-il. Pour payer ses dettes de jeu, il devra même vendre en urgence le seul appartement qu'il ait jamais possédé, à Paris.
Omar Sharif, dont l'humour était aussi fin que le caractère ombrageux, préférait d'ailleurs mener une vie de « nomade ». « Je suis le seul acteur au monde qui suis étranger partout. J'avais ma valise, j'allais dans les hôtels » de luxe, comme « invité », racontait-il. Il a vécu surtout en France, aux États-Unis et en Italie. Au soir de sa vie, souffrant de la maladie d'Alzheimer, il s'était rapproché de sa famille au Caire.
Couronné en 2003 par un Lion d'or au festival du film de Venise pour l'ensemble de sa carrière, il avait reçu, en 2004, le césar du meilleur acteur pour Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron : il y interprète un vieil épicier arabe qui se lie d'amitié avec un jeune garçon juif.
(Source : AFP)
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ALLAH YIR7AMOU !
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 16, le 11 juillet 2015