Rechercher
Rechercher

À La Une - vienne

Nucléaire iranien : "Ou ça marche dans les 48h, ou pas"

L'Iran et les grandes puissances butent toujours sur des questions "très très difficiles".

Après onze jours de discussions acharnées sur le nucléaire iranien à Vienne, rien ne semble joué et l'accord se dérobe toujours, tant les points d'achoppement persistent, selon les différentes parties. AFP PHOTO / POOL / CARLOS BARRIA

La négociation sur le nucléaire s'est brusquement tendue mardi à Vienne, l'Iran et les grandes puissances butant toujours sur des questions "très très difficiles", au point de prolonger de nouveau leurs tractations pour "quelques jours" et tenter d'arracher enfin un accord historique.

Après onze jours de discussions acharnées dans la capitale autrichienne, rien ne semble joué et l'accord se dérobe toujours, tant les points d'achoppement persistent, selon les différentes parties. Des questions encore "très très très difficiles" restent à régler, a estimé mardi soir un haut responsable occidental, chaque partie faisant passer des messages dramatiques ou conciliants dans ce qui semble s'annoncer comme le rush final.

Les négociations, qui étaient censées s'achever ce mardi, ont été finalement prolongées "de quelques jours", mais les grandes puissances et l'Iran semblent avoir une appréciation différente de cette notion. "On touche à la fin. On vient de procéder à une ultime prolongation. On voit mal pourquoi et comment nous irions au-delà : ou ça marche dans les 48h, ou pas", a martelé une source proche des négociations, tandis qu'un haut responsable occidental affirmait que les discussions ne pouvaient pas être "infinies". "Si les autres ont une date butoir, ce n'est pas notre problème", a rétorqué le négociateur iranien Abbas Araghchi. "Nous sommes prêts à rester à Vienne autant que nécessaire, prêts à prolonger jour après jour les discussions", a-t-il ajouté sur les télévisions iraniennes.

 

(Lire aussi  : « Un bon accord est un accord qui rassure les alliés des grandes puissances »)

 

Réunions tendues
L'interminable négociation sur le nucléaire iranien, entamée il y a des années mais réellement lancée en novembre 2013, est censée aboutir à un accord historique garantissant que Téhéran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions contre son économie.

Depuis 2013, un accord provisoire entre les grandes puissances et l'Iran a été renouvelé déjà deux fois, et un accord cadre, devant servir d'architecture au texte définitif, a été conclu dans la douleur à Lausanne en avril dernier. Les discussions de Vienne sont censées être les dernières. Depuis le début de la semaine, les chefs de la diplomatie du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), venus à Vienne pour peser de tout leur poids dans la balance, ont enchaîné les réunions. Entre eux, et avec leur homologue iranien Mohammad Javad Zarif, toujours souriant mais redoutable négociateur.

Mais sans percée jusqu'à présent, le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov évoquant même "sept ou huit points" toujours en suspens. "Il y a un certain nombre de questions. Il faudra des marchandages et des décisions difficiles de part et d'autre", a estimé son homologue britannique Philip Hammond. Les échanges semblent avoir été parfois houleux. "Il y a eu des tensions", selon le Français Laurent Fabius, "cela a parfois été dur", a confié la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. La plupart des ministres du P5+1 sont repartis mardi soir de Vienne, où ils devraient revenir mercredi soir pour de nouvelles séances de discussions nocturnes.

 

(Reportage : Maisons closes et balades en vélo en marge des négociations sur l'Iran)

 

Embargo sur les armes
Les points d'achoppement restent toujours les mêmes, avec une acuité différente suivant les périodes. Ils concernent essentiellement la durée d'un accord, les sanctions contre l'Iran, et la "possible dimension militaire" (PMD) du programme nucléaire iranien, selon M. Fabius. Dans le volet "sanctions", Sergueï Lavrov a confié mardi que la question de l'embargo sur les armes frappant l'Iran demeurait un "problème majeur". L'Iran demande la fin des sanctions sur les armes adoptées par le Conseil de sécurité de l'Onu, a confirmé mardi Abbas Araghchi à la télévision d'Etat. "Les pays du 5+1 doivent changer d'approches sur les sanctions s'ils veulent un accord", a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté en 2010 une résolution interdisant la vente à l'Iran d'armes (telles que chars de combat, hélicoptères d'attaque, navires de guerre, missiles et lanceurs de missiles...) et prohibant les activités balistiques de Téhéran. "Les restrictions sur les armes et les missiles" seront maintenues dans le cadre d'un éventuel accord, a cependant déclaré mardi soir un officiel américain.
La levée des restrictions sur les armes et les missiles dans un accord serait difficile à faire passer, compte tenu du contexte régional, et de l'implication iranienne dans plusieurs conflits, notamment en Syrie ou en Irak.

Un autre point de blocage concerne la PMD, la possible dimension militaire du programme nucléaire iranien au moins jusqu'en 2003, sur laquelle l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) veut faire toute la lumière. La communauté internationale réclame l'accès aux sites, documents et scientifiques qui pourraient avoir été impliqués dans ce programme, ce que Téhéran refuse, assurant n'avoir jamais voulu se constituer un arsenal nucléaire militaire.

Un échec de la négociation ruinerait près de deux ans d'efforts destinés à apurer un contentieux qui empoisonne les relations internationales depuis plus de douze ans. "Nous n'avons jamais été aussi proche d'un accord... et pourtant nous ne sommes pas au point où nous devrions être", a déploré le haut responsable américain, estimant que ce serait "une tragédie" si tous les mois passés de négociations échouaient.

 

Lire aussi

A Vienne, le nucléaire iranien, jusqu'à l'obsession

En cas d'accord sur le nucléaire, Paris devra reconquérir la confiance des Iraniens

De l'importance d'être Ernest Moniz...

La négociation sur le nucléaire s'est brusquement tendue mardi à Vienne, l'Iran et les grandes puissances butant toujours sur des questions "très très difficiles", au point de prolonger de nouveau leurs tractations pour "quelques jours" et tenter d'arracher enfin un accord historique.
Après onze jours de discussions acharnées dans la capitale autrichienne, rien ne semble joué et l'accord...

commentaires (3)

Tant pis, ou plutôt tant mieux....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 57, le 08 juillet 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Tant pis, ou plutôt tant mieux....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 57, le 08 juillet 2015

  • Le travail avance. Le principal est atteint. Le reste ne sont que des détails. Les 5+1 + 1 camouflé sont surpris de voir un pays considéré comme inférieur posséder les connaissances qu'ils croyaient seuls posséder. Iran NPR.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 20, le 07 juillet 2015

  • LA LEVÉE DE L'EMBARGO SUR LES ARMES SANS DES SOLUTIONS AUX DOSSIERS PARALLÈLES DES INTERVENTIONS PERC(S)ÉES SERAIT UNE ERREUR ! COMME çA... ET ILS TROUVENT LE MOYEN D'ARMER TOUTES LEURS MILICES RELIGIEUSES DANS TOUS LES PAYS ARABES... QU'EN SERAIT-IL AVEC UNE LEVÉE DE L'EMBARGO SUR LES ARMES ? D'AILLEURS UN ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE QUI N'ENGLOBERAIT PAS DES SOLUTIONS AUX INTERVENTIONS PERSES SERAIT UNE TRÈS GRAVE ERREUR !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 11, le 07 juillet 2015

Retour en haut