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Lifestyle - Dans la peau d’une femme

Joëlle Naïm Zraick

Enseignante de lettres pendant quelques années, avec une formation de comédienne au Cours Florent et à l'école Jacques Lecoq à Paris, Joëlle Naïm Zraick vit et partage enfin sa passion, depuis quelques mois, en évoluant dans le monde du théâtre francophone de qualité. Elle s'apprête d'ailleurs à s'envoler pour Avignon assister au festival qui s'y
déroule chaque année, au rythme fou de 9 pièces par jour. Son mari, très encourageant mais moins « mordu », a d'ailleurs préféré ne pas l'accompagner !
Le théâtre, la scène, c'est son carburant à elle, son espace et son monde. Pendant longtemps, elle se contentait de se rendre régulièrement en France pour faire le plein de pièces de qualité, « pour me ressourcer », comme elle le dit, jusqu'au jour où elle décide de ramener ces pièces au Liban. La première tentative a eu lieu en février dernier avec Le Porteur d'histoire. Pour pouvoir le faire, elle a dû créer sa propre société de production et d'événementiel qu'elle a baptisée « Persona ». Ce coup d'essai a connu un tel succès qu'il était évident pour elle de continuer. Au début du mois de juin, elle a donc présenté au théâtre Monnot deux pièces de théâtre d'une grande qualité : Les Cavaliers de Joseph Kessel et Un obus dans le cœur de Wajdi Moawad. Là aussi, la réussite était au rendez-vous. Bien que la période ne soit pas idéale, en plein mois d'examens de fin d'année, et en dépit du peu de moyens dont elle dispose sur le plan de la publicité et de la communication, son initiative a été très appréciée et les deux pièces ont fait salle comble. De quoi faire vibrer de joie cette jeune personne émotive et passionnée qui, avec un naturel qui a été droit au cœur des spectateurs, a remercié tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce projet.
Ce n'était pourtant pas gagné d'avance, sachant que les pièces choisies ne sont pas destinées au grand public et n'ont rien de commercial. Pour Les Cavaliers, il s'agit presque d'un théâtre d'avant-garde, alors que le spectateur sort les larmes aux yeux et le cœur lourd après avoir vu Un obus dans le cœur. Le pari de Joëlle Zraick est justement d'éviter de tomber dans le commercial et de donner la priorité au plaisir du théâtre pur, au niveau des textes, de la mise en scène et du jeu des acteurs. « Pour moi, permettre à ces pièces d'être jouées au Liban, pratiquement en même temps qu'en France, et obtenir un tel succès, c'est un beau défi relevé. J'ai senti que les Libanais avaient soif de ce genre de spectacle et cela m'a fait chaud au cœur », confie-t-elle. En fait, ce projet qu'elle a commencé au début de l'année et qu'elle compte poursuivre l'a réconciliée avec le Liban. « J'étais fâchée avec mon pays, avoue-t-elle en toute simplicité. Je ne me reconnaissais plus dans cet après-guerre qui n'en finit pas et où rien ne redémarre. Je ne m'épanouissais que lorsque j'allais en France pour me rendre au théâtre. Maintenant je peux le faire chez moi. »
En effet, la réaction du public a été si exceptionnelle que Joëlle Zraick a eu le sentiment qu'elle n'était pas seule dans ce combat pour la préservation d'un Liban multiple, vivier d'idées et d'art. Elle a donc décidé de lancer sa propre résistance à la commercialisation, à une forme de médiocrité et à l'affaiblissement de la langue française. Non par mépris de l'arabe ou de l'anglais, mais tout simplement parce que la langue française est aussi une partie de notre identité, un enrichissement intellectuel, des valeurs et un engagement. Avec son enthousiasme, elle a fait le tour des sponsors et a réussi à obtenir l'aide de Bankers, mais aussi une contribution de l'Institut français du Liban et du ministère de la Culture. Son but n'est pas de faire de l'argent, mais juste de pouvoir continuer ce projet qui lui permet de maintenir « son » Liban en vie. Elle porte ces spectacles comme d'autres leurs plus beaux atours. « Ma façon de lutter contre la bêtise, la violence et l'ignorance. Avec la troupe des deux pièces, ce fut une aventure humaine et artistique passionnante. Nous avons vécu des moments extraordinaires et les spectateurs m'ont aussi exprimé leur bonheur. Ce n'est donc pas une bataille perdue d'avance. Au contraire, les Libanais qui ont soif de spectacles de qualité sont nombreux. Ils ont juste besoin d'être regroupés autour d'un projet. »

Enseignante de lettres pendant quelques années, avec une formation de comédienne au Cours Florent et à l'école Jacques Lecoq à Paris, Joëlle Naïm Zraick vit et partage enfin sa passion, depuis quelques mois, en évoluant dans le monde du théâtre francophone de qualité. Elle s'apprête d'ailleurs à s'envoler pour Avignon assister au festival qui s'ydéroule chaque année, au rythme fou...

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