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Économie

Athènes entre dans une zone grise

Il n’est pas impossible que le Premier ministre Tsipras cherche un terrain d’entente, estime un analyste après la victoire du non au référendum grec. Alkis Konstantinidis/Reuters

La Grèce va-t-elle sortir de l'euro ? Va-t-elle être emportée dans une tempête économique? Avec la victoire du non hier au référendum, Athènes fait un saut dans l'inconnu, dont les répercussions dépendront en grande partie des dirigeants européens et de la BCE.
« Sur le court terme, ça clarifie les choses, car une victoire du oui aurait entraîné une période de flottement politique en déstabilisant le gouvernement. Mais le non, clairement, va compliquer l'obtention d'un accord », estime Charles-Henri Colombier, économiste à COE Rexecode. Les partenaires d'Athènes vont-ils accepter de se rasseoir à la table des négociations ? Vont-ils lâcher du lest ? Le gouvernement d'Alexis Tsipras s'est dit confiant hier soir, assurant que « les initiatives pour arriver à un accord allaient s'intensifier ».
Hier soir, le gouvernement allemand a douché les espoirs de reprise des pourparlers. Alexis Tsipras a « coupé les derniers ponts » entre son pays et l'Europe, a estimé le ministre allemand de l'Économie Sigmar Gabriel, jugeant « difficilement imaginables » de nouvelles négociations.
Athènes, pour renouer les fils, pourrait-il renâcler aux avantages qu'il espérait obtenir? Le scrutin rend ce scénario peu probable. « Mais il n'est pas impossible malgré tout que Tsipras cherche un terrain d'entente. Le pays se trouve dans une situation d'urgence », estime M. Colombier. La Grèce, depuis mardi, se trouve en effet en défaut de paiement vis-à-vis du FMI. Elle doit encore honorer plusieurs échéances ce mois-ci, dont 3,5 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 juillet.
L'économie grecque, soumise depuis une semaine à un contrôle des capitaux, est en léthargie. Seule la BCE assure la survie financière du pays en maintenant à flot les banques grecques, via des prêts d'urgence (Ela) dont le montant se trouve gelé.
Les banques grecques fermées depuis lundi pourront-elles rouvrir mardi comme initialement prévu ?
L'institution de Francfort, au centre de l'attention, doit se réunir aujourd'hui. Quelle sera sa position ? Pour Agnès Bénassy-Quéré, le gel des Ela pourrait être maintenu quelques jours. Mais difficilement au-delà du 20 juillet, date à laquelle les 3,5 milliards d'euros lui sont dus.
Si les prêts d'urgence étaient suspendus, les réserves d'argent liquide dans les distributeurs seraient rapidement « épuisées » et le pays serait « dans l'incapacité de financer des biens d'importation via des décaissements », relève dans une note George Saravelos, de la Deutsche Bank.
Pour faire face aux manque de liquidités et payer ses fonctionnaires, le gouvernement pourrait introduire une monnaie « parallèle », les « IOU » (I Owe You). Des reconnaissances de dettes qui, une fois mises en circulation, s'étendraient au secteur privé. Mais ces titres provisoires risqueraient de vite perdre de leur valeur. Dans ce cas, le pays connaîtrait alors une inflation galopante. Et la Grèce sortirait de facto de la zone euro.

Un Grexit agité ?
L'hypothèse d'un Grexit agité est-elle la plus probable ? Pour les analystes de Barclays et JPMorgan, c'est l'un des scénarios privilégiés. « Ça ne ferait les affaires de personne, mais cela fait longtemps que les acteurs de ce dossier ont perdu tout rationalité », estime Xavier Timbeau.
Une sortie de l'euro, toutefois, ne se ferait pas sans difficulté. « Comme il n'y a pas de mécanisme légal pour la sortie de la monnaie unique, il y a un risque d'énorme incertitude partout en Europe pour ce qui se passera après », souligne Henrik Enderlein, de l'Institut Jacques Delors. La Grèce, dans ce cas, pourrait entrer dans une zone grise en continuant à utiliser des euros comme monnaie courante, sans faire formellement partie de la zone euro.
Valentin BONTEMPS/ AFP

La Grèce va-t-elle sortir de l'euro ? Va-t-elle être emportée dans une tempête économique? Avec la victoire du non hier au référendum, Athènes fait un saut dans l'inconnu, dont les répercussions dépendront en grande partie des dirigeants européens et de la BCE.« Sur le court terme, ça clarifie les choses, car une victoire du oui aurait entraîné une période de flottement politique...

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