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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Rana Salem, nouvelle pépite du cinéma libanais, primée à Moscou

Coupures d'électricité, crise économique, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

L’actrice et réalisatrice Rana Salem et son partenaire Guy Chartouni. Capture d’écran du film « The Road »

Décidément talentueuse et pleine de vitalité, la jeune génération du cinéma libanais s'est trouvé une nouvelle pépite avec Rana Salem. La réalisatrice libanaise a remporté le prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique (Fipresci) à l'occasion de la 37e édition du Festival international du film de Moscou, qui s'est déroulée du 19 au 26 juin dernier, pour son premier long-métrage intitulé The Road, intimiste et sans fioritures.

Tout juste rentrée de Moscou, Rana Salem, 34 ans, a encore des étoiles plein les yeux. « Je suis encore très surprise par ce prix prestigieux », explique-t-elle dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour. « Ce film représente une grande partie de ma vie et le prix vient prouver que les gens sont sensibles à un genre particulier de cinéma et à cette image du Liban, à la fois connue et méconnue », poursuit-elle.

"The Road" raconte l'histoire de Rana et de Guy, un jeune couple marié, joué par la réalisatrice et son compagnon dans la vie, Guy Chartouni. Rana lâche soudainement son travail et sombre dans la déprime. Son mari décide alors de quitter leur appartement de Beyrouth, ville trépidante mais irrespirable. Les deux partent pour un road-trip qui les emmène vers un ailleurs difficile à situer. « Ce film est avant tout l'histoire d'un couple de trentenaires libanais et dresse aussi le portrait d'une ville tiraillée entre tradition et modernité, qui provoque tout un ensemble de sentiments. Un documentaire artistique, en somme », explique Rana Salem.

The Road vient de loin : « L'idée a germé en 2010. C'était supposé être un court-métrage à l'origine, mais ce film a grandi avec moi », poursuit la jeune femme.
Réaliser ce film fut en outre un véritable parcours du combattant. « Il nous a fallu trois ans pour le faire parce que nous n'avions quasiment pas de budget. Nous n'avons pas eu de fonds. J'ai dû travailler en parallèle pour pouvoir mettre de l'argent de côté et réaliser ce projet. Nous avons dû nous-même acheter la caméra et le matériel informatique. Les membres de l'équipe du film n'ont été rémunérés que de manière symbolique. Tout le monde a généreusement donné de son temps. Nous étions vraiment indépendants », raconte la jeune femme.

Un film « silencieux et méditatif »

Ce long-métrage de 96 minutes est filmé au plus près des personnages, à la caméra portée. « Je voulais faire ressentir au spectateur la présence de la caméra », explique Rana Salem qui assume une part de voyeurisme, « un choix délibéré d'auteur ». Seuls quelques plans fixes et esthétiques de paysages viennent ponctuer de longues séquences filmées de manière crue.

Autre particularité du film, il comporte très peu de dialogues. Rana le décrit comme « silencieux et méditatif ». Seules quelques phrases du quotidien prononcées dans un arabe usuel viennent briser le silence. Là aussi, un choix artistique délibéré. « Je suis une grande fan du cinéma classique dans lequel on n'avait pas vraiment besoin de dire les choses. Les personnages du film, en plein questionnement sur eux-mêmes, montrent que quelquefois, les mots ne suffisent pas. Les images sont tellement fortes que l'on peut parfois se passer des mots », indique la jeune réalisatrice.

Pour cette diplômée de l'Alba, The Road s'adresse avant tout au public libanais. « J'attends que le film soit projeté au Liban parce qu'il nous met, nous Libanais, face à nous-mêmes, face à notre société complexe », souligne-t-elle.

Une lignée plus ancienne

Rana Salem se dit impatiente de voir la réaction des spectateurs. « Le public libanais peut être difficile parce qu'émotionnel, surtout lorsqu'il s'agit d'un film sur le Liban, comme si certains n'avaient pas envie de voir les choses en face », explique-t-elle. Et d'ajouter : « Mon film n'est pas politique ou social au premier abord. Mais finalement, le réalisateur italien Pier Paolo Pasolini a raison lorsqu'il dit que tout est politique. Tous les films sont une réflexion sur l'époque. »

Lorsqu'on l'interroge sur la nouvelle génération du cinéma libanais, Rana Salem, originaire du village de Amatour, dans le Chouf, répond : « Même si on est encore à un niveau embryonnaire, la production de films a augmenté ces dernières années. Beaucoup plus de jeunes se lancent dans le cinéma. Nous avons la chance de voir des films un peu différents en ce moment. » La réalisatrice préfère, elle, s'inscrire dans une lignée plus ancienne mais non moins avant-gardiste, celle de Maroun Bagdadi, Ghassan Salhab et Danielle Arbid.

La suite pour Rana Salem ? « Un deuxième film en tête », assure-t-elle. Pour ce nouveau projet, elle aimerait « travailler avec d'autres acteurs », mais avec la même équipe. « Je suis très fidèle. Le cinéma, c'est comme une petite famille. »


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