Jeudi dernier, excédé par les propos du chef de la diplomatie, Gebran Bassil, qui ramenait en permanence le débat en Conseil des ministres aux « droits des chrétiens » et s'opposait à un déblocage de fonds pour l'exportation de produits agricoles et industriels, le Premier ministre, Tammam Salam, lui avait vivement reproché de « pleurnicher », avant de claquer la porte.
Gebran Bassil a riposté hier, à partir de Batroun, sa ville natale. Une riposte assortie de menaces à peine voilées d'escalade. Il est allé jusqu'à désigner les détracteurs du courant auquel il appartient comme étant des « Daech (éponyme de l'État islamique) politiques ».
S'exprimant à l'occasion d'un meeting axé sur les projets de développement à Batroun, M. Bassil a opté d'emblée pour l'attaque en soulignant le travail fourni pour réaliser en l'espace de trois ans des projets de développement d'une valeur globale de 555 milliards de livres pour Batroun.
« Certains veulent nous faire croire qu'ils nous font une faveur avec des microprojets, un poteau électrique par-ci et une conduite d'eau par-là. Si nous acceptons cette culture du minimum au niveau du développement, nous devrons l'accepter pour d'autres, ce qui est hors de question. Si quelqu'un veut obtenir un droit, qui est au cœur du partenariat et du pacte national, il risque de se retrouver malgré lui en train de quémander un bienfait », a-t-il dénoncé. « On nous fait croire en permanence que nous devons être reconnaissants d'actes de bonté et que nous obtenons plus que nous méritons. J'ai d'ailleurs entendu des propos en ce sens en Conseil des ministres. C'est ce qui est à pleurer. Aucune personne digne n'acceptera d'obtenir moins que ce dont elle a droit et d'être accusée en même temps d'avoir trop eu », s'est enflammé Gebran Bassil, en mettant en garde contre « des politiques qui peuvent provoquer une explosion ».
« Le problème n'est pas celui d'un ou de deux postes, mais d'une présence active, d'un partenariat et d'une dignité. Si cela signifie pour eux que nous pleurnichons et que nous mendions nos droits, nous allons leur montrer ce que pleurer signifie. (...) Vous voulez qu'on soit partenaires dans ce pays par la force ? Soit ! » a fulminé le ministre qui a souligné l'attachement de son courant à la présidence de la République et ses prérogatives, avant d'accuser le Conseil des ministres de les « court-circuiter ».
« Ils prétendent que le président prend connaissance seulement de l'ordre du jour du Conseil des ministres. Est-ce possible? La fonction de président est plus importante et nous la défendrons de toutes nos forces en Conseil des ministres. Nous ne permettrons à personne d'y porter atteinte. Nous ne recevrons d'ordres de personne. Nous sommes le Conseil des ministres et le président, puisque nous exerçons les prérogatives de ce dernier et nous défendrons les deux », a promis le chef de la diplomatie avant d'asséner : « Lorsque l'État cessera de nous accorder nos droits, nous appellerons à la désobéissance et nous rejetterons la politique vindicative. Des Daech essaient d'envahir nos côtes, mais nous avons un problème plus grand avec des Daech politiques qui essaient d'envahir nos têtes, nos cœurs, nos sièges (parlementaires) et nos postes. Que personne n'essaie de nous démentir. »
Liban
Violente réponse de Bassil à Salam
OLJ / le 06 juillet 2015 à 01h10
commentaires (3)
SI VOUS NE PERMETTEZ PAS BASSILO GENDRISSIMO PARAVENTISSIMO QU'ON PORTE ATTEINTE AU POSTE DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE... EH BIEN, SACHEZ QUE VOUS ÊTES DANS LE CLAN DE CEUX PAR QUI LES CHOSES SONT CE QU'ELLES SONT AUJOURD'HUI...
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 07, le 06 juillet 2015