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À La Une - Terrorisme

La Libye, un repaire pour les extrémistes aux portes de la Tunisie

"Malgré les mesures de sécurité tunisiennes, il y a des réseaux capables de franchir la frontière pour amener des jeunes vers des camps en Libye (...)".

Des Libyens manifestant contre l'émissaire onusien AFP PHOTO / MAHMUD TURKIA

La Libye, plongée dans le chaos, est devenue un pôle d'attraction pour les groupes extrémistes qui y reçoivent un entraînement militaire avant de lancer des attaques à l'étranger, comme en Tunisie la semaine dernière.

Ce pays, séparé de la Tunisie par une frontière poreuse, compte deux Parlements et gouvernements rivaux et de nombreux groupes armés qui ont vu le jour et gagné en puissance après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Le chaos en Libye "a de graves implications pour la région sur le long terme sur le plan de la sécurité", estime Michael Nayebi-Oskoui, analyste à Stratfor, une société de conseil basée au Texas, aux États-Unis. "La Libye a vu arriver un flot réduit mais continu de combattants de retour de Syrie", ajoute-t-il.

La Tunisie est actuellement le principal fournisseur de jihadistes en Syrie, en Irak et en Libye, avec de 2.000 à 3.000 ressortissants dans ces zones de conflit selon les estimations. Parmi eux, quelque 500 sont rentrés au pays et représentent pour les autorités l'une des principales menaces pour la sécurité. Selon Tunis, le Tunisien qui a mené l'attaque le 26 juin contre un hôtel de Port el-Kantaoui (centre-est), qui a coûté la vie à 38 touristes, s'est entraîné au maniement des armes en Libye, tout comme les auteurs de l'attentat contre le musée du Bardo à Tunis en mars (22 morts). Les deux attaques ont été revendiquées par le groupe État islamique (EI).

 

(Pour mémoire : Après l'attentat, la Tunisie renforce la sécurité de ses sites touristiques)

 

D'après les autorités tunisiennes, les trois jeunes gens ont séjourné à la fin 2014 à Sabratha dans un camp d'Ansar al-Charia, un groupe jihadiste actif en Libye. Cette ville côtière, située à 60 km à l'ouest de Tripoli, est également à 100 km de Ras Jdir, le principal point de passage entre la Libye et la Tunisie.
"Sabratha est au bord d'une région appelée Jefara, à cheval sur la frontière tuniso-libyenne, qui se caractérise par un réseau d'anciennes tribus nomades vivant de trafics et de contrebande", explique Philip Stack, analyste au Verisk Maplecroft.

 

'Terrain fertile'

"La description de Sabratha comme camp d'entraînement ne signifie pas nécessairement qu'il est de nature militaire. Il y a une grande chance que son principal objectif soit la radicalisation", poursuit M. Stack, un expert du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Selon des responsables de la sécurité à Tripoli, où sont basées les autorités libyennes non reconnues par la communauté internationale, des centaines de combattants étrangers, dont des Tunisiens revenant d'Irak et de Syrie, sont entrés en Libye ces derniers mois, profitant du chaos.

 

(Pour mémoire : Libye: Tripoli appelle à la "mobilisation" générale face à l’État islamique)

 

L'EI a d'ailleurs pris récemment le contrôle de la ville de Syrte, la ville de Kadhafi, à quelque 500 km de Sabratha. "Le groupe a trouvé un terrain fertile dans la ville après avoir fait alliance avec les groupes armés pro-Kadhafi", a indiqué sous couvert de l'anonymat à l'AFP un responsable de Syrte. "La ville pourrait devenir un nouveau Fallouja et un terreau pour l'entraînement des extrémistes de divers pays", a-t-il dit, en référence à une ville irakienne proche de Bagdad passée sous la coupe des jihadistes.

Vendredi, le New York Times affirmait qu'un jihadiste tunisien de premier plan et ancien vétéran d'el-Qaëda avait été tué le mois dernier en Libye dans une frappe américaine. Seifallah Ben Hassine, alias Abou Iyadh, a selon le quotidien américain coordonné une campagne d'assassinats et d'attaques et était basé en Libye depuis 2013. "La situation libyenne pose un vrai danger pour la sécurité de la Tunisie", estime l'analyste politique tunisien Slaheddine Jourchi. "Malgré les mesures sécuritaires tunisiennes, il y a des réseaux capables de franchir la frontière pour amener des jeunes vers des camps en Libye, les former au type d'armes qu'ils vont utiliser dans leurs attaques puis les ramener en Tunisie pour faire appel à eux le moment venu", ajoute-t-il. "La Tunisie ne reviendra à la normale qu'une fois réglée la situation en Libye", juge-t-il.

 

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