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Liban - Émigration

À Barranquilla, en Colombie, une association aide les Levantins à renouer avec leur pays d’origine

Tisser des liens concrets entre les Libanais et la diaspora d'Amérique latine et permettre aux Levantins des troisième et quatrième générations d'émigrés de rester en contact avec leur patrie d'origine sont parmi les objectifs de la « Fundacion encuentro cultural colombo-arabe ».

Roberto Manzur, originaire de Miniara, et Zuleima Slebi de Manzur, originaire de Bethléem et de Miniara, font partie de la diaspora libanaise en Colombie. Zuleima a fondé une association pour aider les Levantins à renouer avec leur pays d’origine et Roberto travaille dans la construction et le textile.

Zuleima Slebi de Manzur, actuellement en visite au Liban, fait partie de la troisième génération d'Arabes de Colombie. Née de père d'origine palestinienne et de mère d'origine libanaise, elle a créé la Fundacion encuentro cultural colombo-arabe (Fondation de la rencontre culturelle arabo-colombienne) pour rapprocher les Levantins de leur terre d'origine.

« Aujourd'hui, la Colombie compte plus d'un million de personnes d'origine libanaise, palestinienne et syrienne ; les ancêtres de la plupart d'entre elles avaient fui, entre la fin du XIXe siècle et la fin de la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman. Parmi elles figurent environ 700 000 personnes d'origine libanaise », indique-t-elle. « Cette première vague d'émigrés constituée de maronites, de grecs-orthodoxes, de melkites et de druzes était la plus importante. Elle a été suivie par une deuxième vague durant les années quarante, elle concerne notamment les Palestiniens qui fuyaient la judaïsation de la Palestine. La troisième vague d'émigrés du monde arabe vient du Liban durant les années soixante-dix et quatre-vingt. Il s'agit surtout de Libanais de la communauté musulmane qui fuyaient la guerre qui avait éclaté dans le pays », explique Mme Slebi.

Zuleima a épousé un Colombien d'origine libanaise, Roberto Manzur, dont la famille est originaire de Miniara (Akkar) et qui travaille dans le textile et la construction. C'est lui qui a sauvé de la destruction le vieux centre-ville de Barranquilla, une ville côtière qui compte un très grand nombre de Colombiens d'origine libanaise et arabe.
Habitants et commerçants commençaient à délaisser le centre-ville vers le nord et les vieux bâtiments tombaient en ruine. Roberto Manzur en a acheté quelques-uns non pas pour les détruire mais pour les restaurer.
« Les Libanais et les Arabes sont très fidèles au pays qui les a accueillis. Ce sont eux, à la force de leurs bras, qui ont bâti des autoroutes ou qui ont contribué à édifier des monuments nationaux », indique-t-il.


(Pour mémoire : La « Lebanese Diaspora Energy » clôture ses travaux : vers la création d'un Conseil national des émigrés)

 

Projets de jumelage
« Les Arabes de la première génération ont travaillé à s'adapter aux pays d'accueil, de la deuxième génération ont œuvré à réussir et ceux de la troisième veulent renouer avec leurs racines », indique Mme Slebi de Manzur. « Les traditions et les qualités libanaises et arabes, celles de la générosité, de l'hospitalité, de la gentillesse et de l'importance de la famille ont été passées aux jeunes générations d'émigrés, qui connaissent aussi les mets culinaires du Levant mais qui ont perdu l'usage de la langue arabe. Ma fondation a pour but de rapprocher la Colombie du Levant et vice versa. Cela se passe notamment en encourageant les jeunes à venir séjourner dans leurs villages d'origine. Sur un plan plus concret, nous avons déjà signé deux partenariats entre des localités libanaises et une ville colombienne, il s'agit de deux accords de jumelage entre Zahlé et Miniara côté libanais et la ville de Carthagène des Indes côté colombien », dit-elle.
« Nous voulons rapprocher les deux pays. Récupérer la nationalité libanaise. En Colombie, il existe une localité qui a pris le nom du Liban. À Beyrouth, actuellement grâce aux efforts de l'ambassadrice de Colombie, Georgine Mallat, il y a une rue qui porte le nom de notre pays d'accueil (la rue de Colombie est située au centre-ville de Beyrouth, non loin du centre Starco) », note-t-elle.

Le couple Manzur évoque fièrement les Libanais de Colombie. Ce sont les Levantins qui ont le mieux réussi dans ce pays d'Amérique latine. En arrivant, ils ont travaillé dans le commerce. Ils ont été les premiers à instaurer le système de crédit. « Ils inscrivaient sur un cahier leur dû, que les habitants des villes où ils se sont installés payaient à une date fixée au préalable. C'est ainsi qu'ils ont permis à une classe plus pauvre que les familles féodales de la Colombie à se développer et avoir accès à des biens que seuls les riches pouvaient se permettre », explique Mme Slebi de Manzur.


(Pour mémoire : De la première à la quatrième génération, ils portent toujours le Liban dans leur cœur)

 

Éducation et vie publique
« Les émigrés d'origine libanaise ont surtout pensé à l'éducation de leurs enfants, qui se sont spécialisés au début dans la médecine ensuite dans la justice. Ils se sont intégrés à la vie publique du pays. Il y a une dizaine d'années, 45 % des hommes politiques colombiens étaient d'origine levantine. Aujourd'hui, ce taux est de 25 %. Actuellement, les présidents du Sénat, du Parlement et le ministre de l'Intérieur sont d'origine libanaise », ajoute-t-elle, rappelant que Julio César Torbey, ancien président colombien, était originaire du pays du Cèdre et notant, un brin de fierté dans la voix, que son propre oncle maternel, originaire de Miniara, était le premier sénateur d'origine arabe en Colombie.

Le couple Manzur cite de nombreux académiciens, médecins ayant effectué des découvertes sur le plan mondial et artistes colombiens nés d'émigrés d'origine libanaise.
Zuleima et Roberto Manzur ont d'ailleurs tous les deux des success stories, concernant leurs familles respectives, à raconter.
Le grand-père paternel de Zuleima est arrivé en 1910 à Barranquilla. Il est originaire de Bethléem. Comme la plupart des émigrés levantins, il s'est lancé dans le commerce et a fondé ensuite un empire dans l'industrie du textile. La mère de Zuleima est, elle, originaire de Miniara au Liban-Nord, de la famille Moussa, devenue Moses en Colombie.
Roberto Manzur vient également d'une famille originaire de Miniara. Son grand-père, Abraham, avait quitté le village en 1904 pour prendre un bateau du port de Beyrouth jusqu'à Barranquilla. « Il fuyait une famille au village qui lui en voulait à la suite d'une rixe... Il a passé 90 jours en bateau à manger des olives, du fromage séché et du pain rassis. Six ans plus tard, il est rentré au Liban pour prendre sa femme et ses enfants, dont mon père, vivre en Colombie. La famille fonde également un empire dans le textile et exporte des tissus fabriqués en Colombie vers les États-Unis », dit-il.
M. Manzur a une formation d'avocat. Dans le centre-ville de Barranquilla, qui était voué à la destruction, l'un des immeubles datant des années soixante, typique de l'architecture de l'époque en Colombie, et qu'il a lui-même fait restaurer, porte désormais son nom.
Il met l'accent sur l'importance de la ville de Barranquilla et de son port, qui est à 48 heures, pour un cargo, du port de Miami. Selon lui, le gouverneur de la région et le maire de la ville sont aussi d'origine libanaise.
M. Manzur et son épouse, qui se rendent régulièrement au Liban, passeront quelques jours dans la maison familiale de Miniara avant de rentrer en Colombie.

 

Pour mémoire
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Zuleima Slebi de Manzur, actuellement en visite au Liban, fait partie de la troisième génération d'Arabes de Colombie. Née de père d'origine palestinienne et de mère d'origine libanaise, elle a créé la Fundacion encuentro cultural colombo-arabe (Fondation de la rencontre culturelle arabo-colombienne) pour rapprocher les Levantins de leur terre d'origine.« Aujourd'hui, la Colombie compte...

commentaires (1)

L union europeenne vient d exempter de visa les colombiens,il serait bien souhaitable que le LIBAN en fasse de meme au plus tot....il est vraiment inadmissible qu un pays comme la COLOMBIE ou reside plus d un million de libanais ne figure pas dans la liste des pays exemptes de visa comme le sont l immense majorite des pays d amerique latine.

HABIBI FRANCAIS

11 h 46, le 04 juillet 2015

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Commentaires (1)

  • L union europeenne vient d exempter de visa les colombiens,il serait bien souhaitable que le LIBAN en fasse de meme au plus tot....il est vraiment inadmissible qu un pays comme la COLOMBIE ou reside plus d un million de libanais ne figure pas dans la liste des pays exemptes de visa comme le sont l immense majorite des pays d amerique latine.

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 46, le 04 juillet 2015

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