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À La Une - Jihadisme

"J'appelle, j'appelle pas" : le désarroi des familles françaises face à la radicalisation d'un proche

Depuis le lancement fin avril 2014 d'une plateforme téléphonique dédiée aux familles par le ministère français de l'Intérieur, "plus de 2.200 personnes ont été signalées".

Les autorités françaises estiment qu'environ 500 jeunes Français sont partis dans la zone syro-irakienne, dont au moins 119 y ont trouvé la mort et que sur le territoire près de 2.000 personnes sont concernées par ce phénomène de radicalisation. Photo d'archives AFP

Longtemps les doigts de Marie ont hésité au-dessus du clavier: "Bon sang, c'était la dénoncer !" Elle a finalement composé le numéro vert pour signaler aux services de renseignement français la radicalisation islamiste de Léa, sa petite-fille.

Attablée au fond d'une brasserie en région parisienne, cette femme de 75 ans témoigne sous couvert d'anonymat. "Personne ne sait que j'ai appelé, pas même mon mari", explique-t-elle. "Ma fille - la mère de Léa - dit que je ne comprends rien, que je suis parano. Je suis vraiment seule dans cette famille à faire ce que j'estimais devoir faire".

C'était il y a un an, peu après le lancement de cette plateforme téléphonique dédiée aux familles par le ministère français de l'Intérieur, fin avril 2014. Depuis, "plus de 2.200 personnes ont été signalées" via le numéro vert, précise Pierre N'Gahane, le secrétaire général du Comité interministériel de prévention contre la délinquance (CIPD). "Si on ajoute les remontées des préfectures, on arrive à 4.500", selon les chiffres arrêtés fin mai. "Une vraie demande sociale s'exprimait dans le pays".

 

(Lire aussi : Le début de la « bataille (jihadiste) de France » ?)

 

"Ce numéro, c'est très bien. On m'a posé énormément de questions sur l'environnement familial, le mode de vie. Ils sont très empathiques et rassurants", se rappelle Marie. Alertée, la préfecture de son département l'a rapprochée de l'association locale, Société, Famille, Individu (Sofi), spécialisée dans le traitement des dérives sectaires. Depuis les attentats de Paris perpétrés début janvier par des Français radicalisés, sa présidente Michèle Cherpillod et son équipe de bénévoles suivent une quinzaine de familles. Une fois par mois, elles se réunissent dans un lieu tenu secret "pour leur anonymat et leur sécurité" et échangent leurs témoignages.
"Une mère a expliqué un jour que sa fille de 15 ans refusait de pousser son caddie car il y avait des bouteilles d'alcool dedans", rapporte Mme Cherpillod. A chacun(e), elle livre le même conseil: "Garder toujours un lien affectif, une sorte de fil d'araignée incassable. Il ne faut pas que leur seule porte de sortie soit le jihad".

 

(Lire aussi : Les mosquées salafistes dans le viseur des autorités françaises)

 

'Amies voilées comme elle'

La conversion de Léa, 23 ans, remonte à 2013. Tout est parti, selon sa grand-mère, d'un échec amoureux: "Son copain l'a quittée pour une autre fille, elle en était malade. A partir de là, elle m'a dit +le regard des hommes, je ne le supporte plus+". Elle démissionne de son travail de caissière, décroché après une scolarité abandonnée en première, "pour être femme au foyer".

Fini "les sorties, l'alcool, les feuilles d'artichaut" (cannabis) qu'elle cultivait sur son balcon, s'amuse encore Marie, qui se souvient de leur complicité passée. "On échangeait nos vêtements, on faisait les courses ensemble". Aujourd'hui, elles se voient toujours une fois par semaine mais "les rapports sont plus froids".
Les habits qu'elle lui offre "terminent à la poubelle", tout comme les livres et les posters "d'hommes bodybuildés" qui tapissaient les murs de sa chambre, où elle n'invite plus que "des amies voilées comme elle".

 

(Pour mémoire : Le "vivre ensemble" à la française est-il en danger ?)

 

Terminées aussi les confidences sur "ses nombreuses aventures": Léa préfère désormais déverser sa "haine des juifs", crier au "complot" des attentats du 11-Septembre, plaindre l'ex-chef d’État libyen Mouammar Kadhafi, "ce pauvre homme", douter de "la mort de Ben Laden" et fustiger "la propagande des médias" sur les atrocités commises par le groupe État islamique en Syrie et en Irak.

Elle rencontre son futur mari à la mosquée de Villiers-sur-Marne, dans la banlieue parisienne, "connue pour ses prêches violents", selon une source policière. C'est autour de cette mosquée que se concentre aujourd'hui une enquête judiciaire sur une filière d'envoi de jihadistes vers la Syrie démantelée en novembre 2013.

Les autorités estiment qu'environ 500 jeunes Français sont partis dans la zone syro-irakienne, dont au moins 119 y ont trouvé la mort et que sur le territoire près de 2.000 personnes sont concernées par ce phénomène de radicalisation.
Marie avoue avoir eu "peur d'un départ" de Léa vers la Syrie. Mais si ses craintes se sont un peu dissipées, elle a toujours besoin de se rassurer: "j'ai fait tout ce qu'il fallait pour qu'elle ne parte pas".

 

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Longtemps les doigts de Marie ont hésité au-dessus du clavier: "Bon sang, c'était la dénoncer !" Elle a finalement composé le numéro vert pour signaler aux services de renseignement français la radicalisation islamiste de Léa, sa petite-fille.
Attablée au fond d'une brasserie en région parisienne, cette femme de 75 ans témoigne sous couvert d'anonymat. "Personne ne sait que j'ai...

commentaires (2)

LA PLUPART SONT DIRECTEMENT RESPONSABLES DE LA RADICALISATION DE LEURS ENFANTS ! REGARDEZ BIEN LA PHOTO...

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 59, le 03 juillet 2015

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Commentaires (2)

  • LA PLUPART SONT DIRECTEMENT RESPONSABLES DE LA RADICALISATION DE LEURS ENFANTS ! REGARDEZ BIEN LA PHOTO...

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 59, le 03 juillet 2015

  • Appelez donc hollandouille valls ou fabius , ils sont a l'origine de cet exode , madame .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 11, le 03 juillet 2015

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