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Nos Lecteurs ont la Parole - Ronald BARAKAT

Les chrétiens-christianophobes du Liban

Ce nom composé ne renferme pas une contradiction, surtout pas au Liban. Les deux éléments sont assez conciliables, au vu de la réaction de certains chrétiens à la visite de la statue de Notre-Dame de Fatima, surtout ceux et celles faisant partie de la nomenklatura intellectuelle et se réclamant de la laïcité, érigée en statue dans leur esprit, objet de culte et d'encensement verbal.
Cette identité double trouve ses origines dans le Vieux et le Nouveau Continent où elle s'est propagée pour des besoins d'égalité, de liberté et de fraternité, en réaction, entre autres, aux abus cléricaux, pour ainsi consacrer la séparation – ou le divorce – entre l'État et l'Église. Elle se réclame des droits de l'homme uniforme, des valeurs républicaines qui ont institué les principes de laïcité et de neutralité, comme seule solution de compromis avec les communautés immigrantes de différentes confessions, auxquelles il n'était pas demandé de s'adapter aux valeurs chrétiennes de la société d'accueil. En effet, cette dernière s'est volontairement dépouillée de son identité d'origine, s'est « neutralisée » pour uniformiser la nouvelle société occidentale composite et ainsi s'épargner cet effort d'acculturation. C'est ce « principe de neutralité » qui commande, par exemple, le démontage des crèches dans les mairies de France et le déracinement des croix dans les parcs publics. Mais si, en outre-mer, ce nom composé a fini par perdre son premier élément (« chrétien ») au profit du second (« christianophobe ») suite à une déchristianisation systématique et à tous les niveaux, il survit au Liban chez une catégorie spécifique de chrétiens : chrétiens pour la forme, les conventions et les avantages politiques et sociaux, mais sans fond religieux, sans portée spirituelle, sans croyance ; chrétiens par culture, mais pas par « nature » ; par éducation, mais pas par conviction ; chrétiens par opportunisme pour une fonction publique ou une candidature à un strapontin confessionnel aux législatives ;
chrétiens pour le protocole, les festivités, les mariages, les baptêmes, les enterrements ; chrétiens à Noël et à Pâques, le temps de passer de bonnes vacances ; chrétiens pour recevoir les bons souhaits et s'en réjouir si on porte le prénom d'un saint. C'est ainsi que l'on parvient à mieux cerner le profil de ces « chrétiens-christianophobes » de chez nous qui, tout en prônant la liberté d'expression et de croyance pour eux, veulent la réprimer chez les autres, ne pas les laisser fêter tranquillement, pacifiquement, la visite de Notre-Dame de Fatima « incarnée » en statue, pour reprendre l'argument de saint Jean Damascène contre l'accusation d'idolâtrie. Durant tout le parcours de la statue, ils étaient là, les libres-penseurs, embusqués à l'ombre des processions, des incantations et des prières des fidèles, à grincer des dents, à râler, à piaffer, à ruer dans les brancards, à suivre fidèlement l'itinéraire auquel personne ne les a conviés, pour se déverser en critiques et moqueries. Dans leur esprit malveillant, dans leur mauvaise foi, ils ont tenté un parallélisme entre les processions pacifiques des fidèles et les gesticulations hystériques des jihadistes, entre le lancer de pétales et de riz, et l'agitation des bannières noires et lugubres, entre les prières et les chants liturgiques et les vociférations des fanatiques. Voyant la caravane passer malgré tout et cherchant désespérément un pétard pour l'arrêter, ils en ont trouvé un, mouillé, qu'ils ont lancé dans les médias et les réseaux sociaux : c'est un patriarche pro-Bachar qui est l'organisateur de cette visite; c'est Bachar qui tient les ficelles du cortège. Blague à part, et si c'était vrai, en quoi cela concernerait-il Notre-Dame de Fatima qui était là, dans toute sa magnificence, à délivrer son message de paix et d'amour, à répandre ses grâces pour tout le monde, croyants et incroyants, chrétiens et christianophobes, musulmans sunnites et chiites, ces derniers étant plus fidèles à la Vierge qu'ils vénèrent que ces soi-disant chrétiens de salon, chrétiens « laïcs » comme euphémisme pour « athées », chrétiens aux libertés à géométrie variable. Pourquoi vouloir prendre Notre-Dame en otage et la mêler à notre politicaillerie à la noix ? Et puis le Seigneur, à la lumière des récits bibliques, n'a-t-il pas utilisé des pécheurs pour délivrer son Message ? Mais le meilleur restait à venir, vers la fin de la tournée, en direction du Parlement. Les cris d'orfraie laïque ont aussitôt fusé de derrière les buissons.
Pécaïre ! Que vient faire la statue au Parlement ? Temple de la laïcité ? Haro sur les profanateurs ! C'en était trop pour les templiers de la République. Le sacrilège étant trop gros pour être avalé, ils se sont déversés en satires et récriminations, tournant en dérision l'initiative totalement déplacée pour eux et suggérant au convoi de se diriger plutôt à Rabieh, lieu d'origine de la vacance présidentielle. D'autres, plus sérieux, ont déploré cette confusion entre le spirituel et le temporel, oubliant par là que ce Parlement, autoprorogé et en état d'hibernation avancée, s'inscrivait justement dans l'atemporalité et méritait, plus que jamais, la visite de Notre-Dame de Fatima.
Chers défenseurs laïques des droits et libertés, vivez votre incroyance et laissez les autres vivre leur croyance ; exercez vos libertés sans culte et laissez les autres exercer leur liberté de culte ; laissez ceux qui croient chanter leur « Bonne Nouvelle », accueillir dans la joie leur mère céleste incarnée en statue, la couvrir de roses et de riz, implorer ses grâces, conjurer le mal qui hante notre pays et la région, exorciser les démons qui habitent notre Parlement, élever leurs prières et leurs invocations pour l'instauration de la paix dans le monde et dans les cœurs ; laissez-les vibrer d'espérance au milieu de cette désespérance, s'émerveiller en dépit des désillusions... tant que cela se déroule dans la paix et pour la paix, dans l'amour et pour l'amour, l'amour de la vie, l'amour du prochain comme soi-même, même l'amour des ennemis. C'est ce qui fait le génie du christianisme. Vous seriez les premiers à bénéficier de ces ondes positives, dont nous avons tant besoin, dans cet océan de négativité.

Ce nom composé ne renferme pas une contradiction, surtout pas au Liban. Les deux éléments sont assez conciliables, au vu de la réaction de certains chrétiens à la visite de la statue de Notre-Dame de Fatima, surtout ceux et celles faisant partie de la nomenklatura intellectuelle et se réclamant de la laïcité, érigée en statue dans leur esprit, objet de culte et d'encensement...

commentaires (3)

CHERCHEZ ET ANALYSEZ PLUTÔT L'ABRUTISSEMENT MASSIF DE TOUS LES CHEPTELS DE MOUTONS CHRÉTIENS ET DE LEURS PLUS HÉBÉTÉS PANURGES... BEAUCOUP PLUS AIGU QUE CHEZ LES CHEPTELS DE MOUTONS DES AUTRES COMMUNAUTÉS ET DE LEURS AUSSI PLUS HÉBÉTÉS PANURGES !!!

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 14, le 03 juillet 2015

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Commentaires (3)

  • CHERCHEZ ET ANALYSEZ PLUTÔT L'ABRUTISSEMENT MASSIF DE TOUS LES CHEPTELS DE MOUTONS CHRÉTIENS ET DE LEURS PLUS HÉBÉTÉS PANURGES... BEAUCOUP PLUS AIGU QUE CHEZ LES CHEPTELS DE MOUTONS DES AUTRES COMMUNAUTÉS ET DE LEURS AUSSI PLUS HÉBÉTÉS PANURGES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 14, le 03 juillet 2015

  • Les "capacités intellectuelles mais croyannntes" ont, par une sorte de pudeur à l'égard des "incroyants", accrédité la mesquinerie que c’était ces derniers qui dominent la scène ici. Alors que, since "l’éternité", cette scène restait au contraire représentée only par ces "croyants", et ce côté s'affirmait de + en + au fur et à mesure que s'effondrait l'influence de ces mêmes "croyants" dans les esprits Sains. S'agissant de défendre la forme de ce conFessionnalisme conStitué, ils disposeront toujours des voix des autres "croyants de tout poil ; s'agissant de son contenu, leur façon niaise de parler ne les distingue + des fanatiques "purs" d’antan, car ce sont précisément leurs intérêts réels qui forment le contenu de ce conStitutionalisme conFessionnel. Ce n'est donc pas la "méchante" Laïcité "incroyante", c’est la domination d’une certaine "croyance" essentiellement chréti(e)nne ; craignant pour ses privilèges ; qui se réalise dans la vie de ce système conFessionnel qui finira, non pas par mourir, mais…. par pourrir. Tout au long de cette domination, alors qu'elle joue sur le devant de la scène la pièce principale pleine de "faste honnête" mahééék, elle représentera à l'arrière-scène la tragédie des injures et des invectives continuelles ; sans ménagement ; à l’encontre des Sains Laïcs ! Cette sorte de "croyance" aura le "tact" d'avouer ; quand même ; que dans ces "incroyants" n’est-ce pas, ce n'est pas des criminels qu'elle jugera mais des ennemis, khâââï, qu'elle écrasera !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 27, le 03 juillet 2015

  • "Vivez votre incroyance et laissez les autres vivre leur croyance." ! En effet, tout à fait OK, mais tant que celle-ci se "laisse viiivre" à l'intérieur de "ces églises" et non au sein du Parlement ou au milieu des détritus sur la chaussée !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 32, le 03 juillet 2015

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