Détenue à la prison de Baabda, elle décroche le bac, son passeport pour la liberté

C'est avec une grande joie et vive émotion que l'étudiante H.N. a reçu la bonne nouvelle de sa réussite au baccalauréat qu'elle avait présenté entre les murs de la prison des femmes à Baabda.
Cette étudiante pas comme les autres a réussi à passer ses épreuves officielles grâce à l'accompagnement serré d'une assistante sociale, Ghinwa Younès, et d'une psychologue, Ghina Yaacoub, toutes deux rattachées à l'association Dar el-Amal qui a rapporté l'information dans un communiqué.
L'étudiante avait reçu la visite du ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, durant la présentation de ses examens à la prison de Baabda où elle était surveillée par un inspecteur du ministère. Elle avait confié au ministre son rêve de devenir ingénieure. La jeune fille sortira prochainement de prison, poursuit Dar el-Amal qui paiera sa caution et œuvrera pour lui assurer de meilleures conditions de réussite après ce qu'elle a enduré dans le passé.
De fait, cette jeune diplômée revient de loin. Fille de parents illettrés, victime de violences au sein de la maison paternelle, elle devait s'occuper des tâches ménagères ainsi que de sa petite sœur. Malgré ses responsabilités et un père qui la frappait souvent, la jeune fille allait à l'école, déterminée à réussir ses études. H.N. est toutefois tombée dans la drogue à douze ans en avalant des pilules dopantes dans une boisson gazeuse. Des pilules auxquelles elle a rapidement pris goût, les drogues lui permettant d'oublier ses problèmes et sa misère. En juillet 2014, à l'âge de 25 ans, H.N. a été arrêtée en flagrant délit de possession de cocaïne. Elle a été ensuite transférée à la prison de Baabda où son comportement était décrit comme agressif et colérique.
Ce n'est qu'après l'intervention de l'association Dar el-Amal que H.N. a réussi à vaincre sa dépendance à la drogue et son agressivité, grâce notamment à de meilleures conditions de détention, explique l'association dans son communiqué. C'est aussi Dar el-Amal qui l'a poussée à poursuivre ses études et qui s'est chargée de présenter une demande de dérogation spéciale auprès du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, et du parquet de la Cour de cassation qui ont accueilli l'idée avec enthousiasme et l'ont encouragée. La jeune fille a ainsi pu présenter les épreuves officielles entre les murs de la prison.
Cette première initiative de Dar el-Amal et la réussite de H.N. représentent une lueur d'espoir pour les jeunes prisonnières qui peuvent désormais envisager un avenir meilleur, à travers l'éducation.