Rechercher
Rechercher

Économie

Grâce à Athènes, le FMI redécouvre son règlement

"Non à l'accord", peut-on lire sur cette affiche, collée dans une rue d'Athènes, le 3 juillet 2015. AFP/ ARIS MESSINIS

C'est un mystère que le FMI n'a pas réussi à percer : dans sa tentative d'éviter un défaut de paiement, la Grèce a su dénicher dans les textes du Fonds des clauses dont l'institution elle-même avait oublié l'existence. Ces recours de dernière minute n'ont pas empêché la Grèce de faire défaut mardi sur sa dette vis-à-vis du Fonds, mais ils montrent qu'Athènes scrute avec soin une institution qu'elle honnit et accuse de « comportements criminels ».
Le premier coup d'éclat grec s'est noué début juin : à court de liquidités, Athènes doit alors rembourser quelque 300 millions d'euros, et entretient le flou sur sa volonté et sa capacité à le faire. À la veille de la date limite, fixée au 5 juin, la directrice générale du FMI Christine Lagarde se dit pourtant « confiante » sur le fait que la Grèce va payer en temps et en heure.
Mais quelques instants plus tard, coup de théâtre : la Grèce fait jouer une clause lui permettant de regrouper les quatre paiements attendus en juin et d'obtenir un sursis jusqu'à la fin du mois, sans même que le FMI n'ait à donner son feu vert.
L'effet de surprise est total. De hauts responsables du Fonds confessent en privé n'avoir jamais entendu parler de cet obscur mécanisme qui n'a été utilisé qu'une seule fois, au milieu des années 1980 par la Zambie, pour réduire les coûts des transactions.
Un scénario à peu près similaire s'est rejoué mardi.
La Grèce n'a alors plus que quelques heures pour rembourser 1,5 milliard d'euros au FMI, qui répète inlassablement qu'aucun délai de paiement n'est envisageable. Mi-juin, Mme Lagarde avait elle-même clamé qu'il n'y aurait « pas de période de grâce ».
La Grèce ne l'entend pas de cette oreille et, à quelques heures de la fin du délai, fait à nouveau preuve de sa fine connaissance des règles du Fonds : Athènes va ainsi faire jouer une clause de la charte fondatrice du FMI – la provision G, section 7, article 5 – qui permet à un pays de demander le report d'un remboursement pour échapper à « une épreuve exceptionnelle ».
Là encore, la demande grecque prend par surprise les hautes sphères du FMI. Cette clause totalement méconnue n'a été utilisée qu'à deux reprises dans l'histoire du FMI, les deux fois en 1982 par le Nicaragua et la Guyane.
La requête n'a pour l'heure pas été approuvée par le FMI, mais elle pourrait ouvrir une possible boîte de Pandore en révélant aux pays emprunteurs qu'un report est légalement envisageable.
D'où la Grèce tire-t-elle cette connaissance quasi encyclopédique ? De ses conseillers de la banque Lazard ? De son représentant à l'institution ? Nul ne semble le savoir à Washington.
Mais la question ne laisse d'intriguer alors qu'une nouvelle échéance, et pourquoi pas un nouveau tour de passe-passe, approche : Athènes doit rembourser 455 millions d'euros au FMI d'ici au 13 juillet.

Lire aussi

Comment les Libanais vivent-ils le contrôle des capitaux en Grèce ?

Les sombres prévisions du FMI et les enjeux du référendum divisent la Grèce

 

C'est un mystère que le FMI n'a pas réussi à percer : dans sa tentative d'éviter un défaut de paiement, la Grèce a su dénicher dans les textes du Fonds des clauses dont l'institution elle-même avait oublié l'existence. Ces recours de dernière minute n'ont pas empêché la Grèce de faire défaut mardi sur sa dette vis-à-vis du Fonds, mais ils montrent qu'Athènes scrute avec soin une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut