Des affrontements, qui ont fait plusieurs blessés, dont un soldat de l'armée et trois civils – ont opposé dans la nuit de mardi à mercredi des membres du courant du Futur à des miliciens des « brigades de la Résistance » (Saraya al-Moukawama, relevant du Hezbollah) après des tirs de membres de la brigade contre un café appartenant à Mohammad el-Assaad, un cadre du courant du Futur, à l'entrée de Saadiyate. Ce dernier est soupçonné, selon les habitants, par les brigades de la Résistance d'être à l'origine d'une attaque contre leur lieu de prière situé dans la même région.
Sur le bâtiment qui abrite le lieu de culte concerné, sont érigés par ailleurs des haut-parleurs, un sujet de polémique depuis plusieurs semaines. Selon les habitants, ces haut-parleurs censés appeler simplement à la prière, après un accord préalable entre le courant du Futur et la direction du Hezb, par respect aux autres communautés présentes, ont servi à la diffusion de morceaux réservés à la cérémonie de Achoura, commémoration exclusivement chiite, et des discours partisans du président syrien Bachar el-Assad. Cette attitude a été jugée provocatrice par les notables de la région, notamment le maire de la localité.
Contacté par L'Orient-Le Jour, le député du courant du Futur, Mohammad Hajjar, a estimé que le seul responsable de ces incidents est le Hezbollah et sa direction. « Le Hezbollah est une milice avec une mentalité de milice qui ne pense qu'à travers les armes, il ne peut s'épanouir dans une ambiance pacifique démocratique », explique le député. « Les résidents de Saadiyate souffrent depuis longtemps de la présence militarisée des groupes de la milice chiite qui essayent par diverses façons de s'imposer et imposer leurs slogans, leurs drapeaux et leurs traditions dans une région où ils n'ont aucune assise populaire », reprend-il.
Pour le député du Futur, l'origine du dérapage, qui a eu lieu mardi tard en soirée entre les militants du Hezbollah et les habitants de la région sur la route côtière, remonte à plusieurs mois déjà et il en avait parlé aux services de renseignements de l' « armée qui ne savent plus où donner de la tête ».
(Lire aussi : Le crime de Saadiyate, une tentative du Hezbollah de « contrôler les voies menant au Liban-Sud », estime le 14 Mars)
Un centre qui sert de « dépôt d'armes »
« Nous sommes tous frères et nous devons vivre ensemble harmonieusement. Nous tentons de calmer les habitants, les appelons à se maîtriser. Mais cela est très dur à réaliser dans un contexte aussi tendu, surtout quand des voitures blindées aux fenêtres fumées diffusant en boucle des discours de Hassan Nasrallah circulent la nuit dans les ruelles de la région, faisant fi des affinités politiques des habitants », dit M. Hajjar.
« De quel droit des partisans du Hezb peuvent-ils circuler armés en toute impunité, terrorisant les gens et imposant leur hégémonie dans la région de l'Iqlim el-Kharroub (à grande majorité sunnite) et la route côtière de Saadiyate ? De quel droit peuvent-ils avoir un centre qui leur serve de dépôts d'armes ? » se demande-t-il. Selon le député de la région, ces débordements étaient prévisibles et ne peuvent être contenus que par la force de la loi, à travers l'interdiction de toute manifestation armée.
« Nous avons peur que les jeunes (de la région) ne se détournent des chemins de modération à laquelle nous appelons sans cesse et versent dans l'extrémisme, faute de confiance en la capacité de protection de l'armée », conclut-il.
Le Hezbollah a pour sa part nié les accusations du courant du Futur, assurant que la voiture qui a servi aux auteurs des tirs a poursuivi son chemin et a tiré par la suite vers le bâtiment qu'ils occupent à l'entrée nord du village, provoquant ainsi un accrochage entre les partisans des deux partis.
Le responsable du Hezbollah au Mont-Liban, Bilal Dagher, a considéré de son côté que les incidents qui ont eu lieu hier étaient prémédités et sont « la conséquence du laxisme des forces de sécurité », et ne sont « en aucun cas de la responsabilité du Hezb, qui n'a qu'un lieu de culte et un complexe résidentiel à Saadiyate, ce à quoi ils ont droit comme toute autre communauté présente dans la région ».
« La communauté chiite est présente à Saadiyate à l'instar des chrétiens et des sunnites, nous bénéficions tous de la liberté du culte et les provocations et les atteintes aux personnes sont complètement condamnées. Mais nous ne pouvons pas obliger nos partisans à ne pas se défendre lorsqu'ils se font attaquer », conclut-il.
L'armée libanaise s'est déployée dans la région mercredi à l'aube, rétablissant le calme. Mais ce calme reste précaire cependant, car menacé par une tension sous-jacente palpable, qui n'est maîtrisée que grâce aux médiations politiques et au dialogue regroupant autour d'une même table les cadres des deux partis.
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commentaires (7)
Epiphenomene , bien sur monte en boucle pour provoquer plus de discoerde .
FRIK-A-FRAK
15 h 15, le 02 juillet 2015