Au-delà du problème de sa dette, qu'elle va devoir régler une fois pour toutes, la Grèce ne pourra retrouver le chemin de la croissance qu'en réformant en profondeur son économie, qui souffre de déséquilibres et de faiblesses structurelles, soulignent des experts.
Voici un passage en revue des priorités qui s'imposeront à Athènes, une fois passée la zone de turbulences que traverse le pays.
Rééquilibrer les finances publiques ; désamorcer la bombe des retraites
Pour Olivier Passet, directeur des synthèses économiques chez Xerfi, c'est la « priorité numéro un » pour rétablir une croissance pérenne au pays d'Aristote : les finances publiques grecques, structurellement déficitaires, « devront être rééquilibrées » afin qu'Athènes puisse retrouver des marges de manœuvre budgétaires.
Pour cela, le pays devra à moyen terme résoudre l'épineuse question des retraites, véritable « bombe à retardement » pour les comptes publics.
Lutter contre l'évasion fiscale
Pour rééquilibrer ses comptes, l'État grec devra aussi améliorer son efficacité fiscale. « Il y a clairement des insuffisances dans le prélèvement de l'impôt et des problèmes d'évasion fiscale. Athènes va devoir apporter des solutions », estime Xavier Timbeau, directeur de recherches à l'Observatoire français de conjoncture économique (OFCE).
En 2012, le directeur de la brigade grecque des contrôles fiscaux, Nikos Lekkas, avait évalué le manque à gagner de 40 à 45 milliards d'euros par an, soit 12 à 15 % du PIB.
Attirer les investissements
Un « enfer administratif », « une bureaucratie étouffante » : pour Olivier Passet comme pour Charles Wyplosz, professeur à l'Institut des hautes études internationales de Genève, le retour de la croissance en Grèce passe par une simplification administrative, seule à même d'attirer les investissements.
Un objectif qui passe par une sécurisation du cadre juridique. « Sans stabilité, on ne peut pas attirer les capitaux », met en garde M. Timbeau.
Diversifier le tissu économique
Pour Gabriel Colletis, professeur à l'université de Toulouse et proche du parti Syriza, « le problème principal de la Grèce, c'est le sous-développement de ses activités productives ». Un avis partagé par beaucoup d'observateurs, qui pointent les « carences » du tissu économique grec, trop peu diversifié.
Le pays dispose pourtant de secteurs compétitifs : le tourisme, les services portuaires et l'agroalimentaire. Mais nombre d'entreprises ont fait faillite avec la crise.
Améliorer les capacités d'exportations
« Les échanges de produits agricoles sont incroyablement déficitaires pour la Grèce. L'essentiel de ce que les Grecs consomment, ils l'importent », a rappelé lundi sur France Inter Gabriel Colletis. En 2014, la balance commerciale de la Grèce s'est établie à -20,5 milliards d'euros. Un déséquilibre dû aux importations d'énergie mais aussi aux difficultés rencontrées par les entreprises grecques pour se faire une place sur les marchés internationaux.
Lutter contre la fuite des cerveaux
Depuis le début de la crise, la Grèce a vu le chômage monter en flèche, jusqu'à toucher 26,9 % de la population active et 50 % des moins de 25 ans. « Le pays s'est enfoncé dans la pauvreté. C'est un problème social, mais aussi économique », souligne Xavier Timbeau.
Car la fuite des cerveaux, qui découle de ce chômage de masse, menace l'avenir à long terme du pays. « Les diplômés aujourd'hui se réfugient dans la fonction publique ou bien à l'étranger. Il faudrait drainer ces ressources humaines vers les secteurs qui apportent de la valeur ajoutée », estime Olivier Passet.
(Source : AFP)
commentaires (2)
TOUT EN IMPOSANT LES REFORMES... IL FAUT BOIRE LE CALICE AMER JUSQU'À LA LIE !!!
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 02, le 02 juillet 2015