Binômes

Le cinéma aime les tandems masculins. Les copains. Les potes. Ce genre de binôme n'existe pourtant pas au féminin. Et s'il a essayé d'exister, il n'aura pas fait long feu. Brigitte Bardot dans Viva Maria avec Jeanne Moreau ou encore avec Claudia Cardinale dans Les Pétroleuses, une équation semi-ratée. Mais les potes hommes, le grand écran il adore ça. Si, pour les Américains, les tandems se limitaient plutôt au genre comique, l'un étant l'alter ego de l'autre, comme notamment Laurel et Hardy (fusionnels jusqu'à s'y méprendre), Jerry Lewis et Dean Martin, ou encore Walter Matthau et Jack Lemmon, les Français eux ont élargi leur champ d'action. Certes, il y eut l'époque où l'on ne dissociait pas Michel Serrault de Jean Poiret, Jean-Marc Thibaut de Roger Pierre. Mais les années 70 et 80 voient émerger d'autres « couples » de cinéma qui excellent tant dans le registre comique que dramatique : Alain Delon /Jean-Paul Belmondo, Gérard Lanvin/Bernard Giraudeau et enfin Patrick Dewaere/Gérard Depardieu. Ce dernier pouvait permuter avec Pierre Richard pour le genre comique. Retour par la suite à une série de films drôles interprétés par le tandem Reno/Clavier. Et puis ?... plus rien. Le cinéma français semblait être en quête de l'équation idéale. Aujourd'hui la période de flottement est terminée. Le tandem s'est reformé autour de Dujardin/Lellouche. L'un renvoie l'image de l'autre. Ils se ressemblent comme des... frères jumeaux ? Amis ou collègues ? Ils sont de nouveau à l'affiche dans The French et ceci vaut le détour. Le 7e art français légèrement boîteux retrouve, semble-t-il, cet équilibre qui fait sa force.