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Liban - discours

Samir Frangié au Rotary Club de Beyrouth : Nous devons nous préparer à une intifada de la paix

Samir Frangié s’exprimant lundi soir au cours de l’iftar.

C'est à la villa Linda Sursock que le Rotary Club de Beyrouth a tenu lundi soir sa réunion statutaire autour d'un iftar traditionnel qui a fourni aux rotariens l'occasion d'accueillir l'ancien député Samir Frangié, élu la veille président du conseil national des indépendants du 14 Mars. Dans son intervention, M. Frangié a tenté de répondre à la fatidique question : « Peut-on éviter le pire ? »

« Cette question, chacun de nous se la pose quotidiennement, a-t-il déclaré. À notre frontière, un pays, la Syrie, est en voie d'être rayé de la carte. Un peu plus loin, un affrontement de nature religieuse, opposant chiites et sunnites, menace l'ensemble de la région d'une nouvelle "guerre de Trente Ans", semblable à celle qui avait ravagé l'Europe au XVIIe siècle. En parallèle, se déroule une politique d'épuration religieuse qui, avec l'exode des chrétiens, risque de priver le monde arabe de la diversité nécessaire à son développement. Allons encore plus loin. La violence qui ravage notre région n'épargne plus désormais l'Europe. L'attrait exercé par les mouvements jihadistes sur les jeunes marginalisés par une société qui ne parvient plus à leur donner un horizon d'espérance est considérable. Ces jeunes, ne parvenant pas à se projeter dans l'avenir, tentent de se projeter dans la mort. La violence a pour effet de changer le mépris de soi que provoque leur marginalisation en haine des autres. »

« Le Liban n'est pas à l'abri de cette violence qui s'étend de jour en jour, a-t-il ajouté. Une véritable guerre se déroule depuis plusieurs mois à sa frontière avec la Syrie, une guerre qu'il n'a pas choisi de mener et dont la durée est liée à celle du régime syrien. Face à une situation qui n'est pas sans rappeler celle que nous avons connue au début de la guerre civile en 1975, l'État ne parvient même plus à assurer la constitution de ses institutions et apparaît impuissant. Le gouvernement n'est pas en mesure de proposer des solutions. À cela s'ajoute le problème des réfugiés syriens. Dernière touche à ce tableau particulièrement noir, le sentiment d'impuissance qui s'est emparé de nous tous et qui a conduit certains parmi nous à vouloir introduire la Vierge de Fatima au Parlement pour assurer l'élection d'un président de la République. Cette démarche, qui est caractéristique de l'état d'esprit qui prévaut aujourd'hui, est de toute évidence malencontreuse, car elle ouvre la voie à une intrusion de la religion dans la pratique de nos institutions, et cela à un moment où le retour du religieux initie un cycle de violence sacrée qui menace l'ensemble de la région. »

« Être prêt »
Devant une centaine de convives, Samir Frangié a ensuite assuré qu'il ne croyait pas que « notre situation est désespérée ». « Pourquoi ? Parce que les Libanais ont jusque-là refusé de basculer dans la violence après avoir fait l'expérience de la plus longue des guerres civiles qui ont marqué les siècles passés, et ils refusent aujourd'hui de jouer une nouvelle fois le jeu de la violence, a-t-il souligné. Seule une minorité continue de croire à la vertu des armes alors même qu'elle commence à réaliser que son projet ne peut aboutir. Les Libanais ont, par ailleurs, pris conscience de l'exceptionnalité de l'expérience libanaise où chrétiens et musulmans sont associés dans la gestion d'un seul État et où sunnites et chiites sont partenaires dans la gestion de ce même État. Le Liban possède également une société civile dynamique qui commence à se mobiliser contre toute sorte de violences. Notre situation n'est pas désespérée, mais nous devons faire face à de nombreux obstacles, notamment le traditionalisme d'une classe dirigeante qui continue de réduire la politique à une simple lutte pour le pouvoir.

Que faire pour modifier le cours des choses ? En l'an 2000, un homme, le patriarche Nasrallah Sfeir, a pris en charge de lancer la bataille pour la seconde indépendance du Liban. Cinq ans après, un autre homme, Rafic Hariri, est assassiné. La société civile va faire de cet événement tragique le point de départ d'une incroyable réconciliation de chaque Libanais avec lui-même et avec les autres. Aujourd'hui, la société civile doit se préparer pour une nouvelle intifada de la paix. L'événement qui devrait permettre son déclenchement peut survenir à n'importe quel moment. Il faut être prêt. En tissant des liens entre tous ceux qui, aujourd'hui, refusent la violence et ont compris que chacun n'existe qu'à travers l'autre, et en tissant des liens avec ceux qui partagent nos valeurs de liberté et de tolérance dans le monde arabe, et des liens entre les modérés des deux rives de la Méditerranée », a-t-il ajouté, avant de répondre aux questions de l'assistance.

M. Frangié a notamment affirmé, dans le cadre des questions-réponses, que le fait de refuser la violence ne signifie pas qu'il faut accepter la violence de l'État islamique, par exemple, mais qu'il faut renouer avec toutes les composantes qui s'opposent à cette formation pour l'anéantir. Il a également rappelé que l'EI est une minorité et qu'il ne faut pas distinguer entre une violence et une autre. « Cent têtes coupées par Daech, c'est un crime. Plus de 300 000 morts en Syrie, ça l'est aussi », a-t-il déclaré, avant d'indiquer qu'il ne croyait pas à l'éventualité d'un redécoupage des frontières. « Un partage de la Syrie signifierait un partage de la Jordanie, de l'Irak, de l'Iran et de la Turquie », a-t-il encore dit, avant d'assurer que l'Europe est très consciente du problème de la violence. « Nous avons quelque chose à leur apprendre ainsi qu'au monde arabe, a affirmé M. Frangié. Eux qui n'avaient jamais compris ce que nous voulions dire par le terme "vivre-ensemble", aujourd'hui ils en parlent. Des formations comme l'EI affectent très facilement la politique en Europe. L'EI et le Front national, en France par exemple, se renforcent mutuellement », a-t-il conclu.

M. Frangié avait été présenté par une allocution écrite par Camille Menassa qui n'a pas pu être présent pour des raisons de santé. Elle a été lue par Tony Hafez, secrétaire général du Rotary Club de Beyrouth dont le mandat prend actuellement fin. Qualifiant l'ancien député d'intellectuel, de journaliste, de chercheur, d'homme politique, de militant, de rebelle, d'activiste et de réformateur, M. Hafez a relevé chez Samir Frangié son « souci obsessionnel de paix, d'entente et de convivialité, loin de toute forme de violence », ainsi que son défi, « celui de définir un projet de vie commune, le vivre-ensemble, plutôt qu'un compromis ». La cérémonie a également été une occasion pour le club de décerner différentes distinctions à quelques-uns de ses membres les plus actifs.

 

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C'est à la villa Linda Sursock que le Rotary Club de Beyrouth a tenu lundi soir sa réunion statutaire autour d'un iftar traditionnel qui a fourni aux rotariens l'occasion d'accueillir l'ancien député Samir Frangié, élu la veille président du conseil national des indépendants du 14 Mars. Dans son intervention, M. Frangié a tenté de répondre à la fatidique question : « Peut-on...

commentaires (3)

IL FALLAIT METTRE DES POINTS SUR LES " I ". DÉNONCER VAGUEMENT COMME ÇA NE DONNE AUCUN RÉSULTAT. ON EN A DÉJÀ ENTENDU DES TONNES DE DISCOURS DE CETTE FAIBLESSE. IL FAUT DONNER DES NOM, QUI FAIT QUOI TOUTES CES FAMILLES ROYALES QUI NOUS EXPLOITENT, QUI NOUS EMPOISONNENT ET QUI NOUS.......

Gebran Eid

13 h 02, le 01 juillet 2015

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Commentaires (3)

  • IL FALLAIT METTRE DES POINTS SUR LES " I ". DÉNONCER VAGUEMENT COMME ÇA NE DONNE AUCUN RÉSULTAT. ON EN A DÉJÀ ENTENDU DES TONNES DE DISCOURS DE CETTE FAIBLESSE. IL FAUT DONNER DES NOM, QUI FAIT QUOI TOUTES CES FAMILLES ROYALES QUI NOUS EXPLOITENT, QUI NOUS EMPOISONNENT ET QUI NOUS.......

    Gebran Eid

    13 h 02, le 01 juillet 2015

  • NOUVEAU TERME... INTIFADA DE LA PAIX ! C.A.D. DES PAROLES ET DES PAROLES ! OU : LE "NUL" AVEC CONTRE LE MUR... LE "CUL" !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 14, le 01 juillet 2015

  • Intifada pour la paix : est-ce que cela veut dire lutte contre toutes les figures de l'hostilité?

    Beauchard Jacques

    11 h 21, le 01 juillet 2015

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