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Liban - Décryptage

Un Conseil des ministres pour marquer les positions et paver la voie à une nouvelle dynamique

Si les Libanais ne se font pas trop d'illusions, la classe politique, elle, a les yeux fixés sur la réunion du Conseil des ministres prévue demain au Sérail. Les spéculations vont bon train, mais les pronostics les plus proches de la réalité sont ceux qui n'en attendent pas grand-chose, ni éclatement du gouvernement ni décisions importantes. Rien qu'une rencontre de pure forme pour permettre au Premier ministre Tammam Salam de montrer qu'il compte continuer à assumer ses responsabilités, alors qu'en face de lui les différentes parties continuent de camper sur leurs positions. Autrement dit, cette réunion sera l'occasion pour toutes les parties au sein du gouvernement de marquer leur territoire et de confirmer leurs options. Avant de prendre la décision de convoquer à une réunion du gouvernement, le Premier ministre avait toutefois pris soin de consulter le président de la Chambre Nabih Berry qui l'avait encouragé dans ce sens, lui promettant d'assurer une couverture chiite à cette réunion, avec la participation des ministres qui lui sont acquis, Ali Hassan Khalil, ministre des Finances, et Ghazi Zeaïter, ministre des Travaux publics, la couverture chrétienne étant assurée par les ministres Kataëb et ceux des chrétiens du 14 Mars. Tammam Salam s'est ainsi assuré qu'il dispose d'une large majorité au sein du gouvernement, qui lui permet de montrer son autorité et de compenser l'absence de décisions importantes.
Contesté par certains de ses alliés au sein du courant du Futur et critiqué par l'ancien Premier ministre Nagib Mikati qui laisse entendre qu'en ne convoquant pas à une réunion, le Premier ministre est en train de porter atteinte aux droits des sunnites, Tammam Salam avait donc besoin de faire preuve d'autorité. Surtout après la déclaration du ministre du Hezbollah Mohammad Fneiche, dans laquelle il avait affirmé qu'il n'y aurait pas de réunion gouvernementale avant la fête du Fitr, et après l'exposé des exigences des ministres du CPL, qui voulaient imposer leur propre ordre du jour. Par cette convocation, M. Salam a ainsi rappelé que le Premier ministre convoque quand il le juge bon et fixe lui-même l'ordre du jour, tout en restant ouvert à la discussion de tous les sujets.
Sauf imprévu, tous les ministres devraient donc assister à la réunion, et, après le Premier ministre, qui pourrait faire appel au sens des responsabilités des ministres et mentionner les besoins pressants des citoyens et des institutions publiques, les ministres du CPL devraient évoquer les deux sujets qui les intéressent : la question des nominations militaires et la couverture politique donnée à l'armée à Ersal, en s'étonnant de la déclaration du ministre de la Défense qui estime qu'il en faut une plus grande à l'armée pour qu'elle assume toutes ses responsabilités dans cette localité, alors qu'une décision a été déjà prise à ce sujet au cours d'une précédente réunion du Conseil des ministres. Comme ces sujets ne figurent pas à l'ordre du jour établi par le Premier ministre, ils devraient provoquer une discussion qui pousserait M. Salam à lever la séance. De même, les ministres du CPL pourraient protester, sur la forme, contre la convocation, puisqu'en principe, l'ordre du jour du Conseil des ministres doit être envoyé 72 heures avant la tenue de la réunion. Or cette procédure n'aurait pas été respectée dans ce cas précis. Face à toutes ces protestations, il y aurait donc peu de chances que le gouvernement puisse prendre une décision importante sur un des dossiers dits chauds. En même temps, la procédure de promotion des officiers, qui se fait généralement début juillet, devrait être retardée car elle exige la signature des 24 ministres, puisque, traditionnellement, le décret des promotions est signé par le président de la République.
Selon toute probabilité, il s'agirait donc d'une réunion qui n'aurait pas d'autre avantage que celui d'avoir lieu, sans modifier les positions actuelles des différentes parties. Mais cette réunion permettra aux protagonistes de paver le terrain à d'autres rencontres qui devraient se tenir après la fête du Fitr. En effet, dans les coulisses politiques, il est de plus en plus question de l'importance de dynamiser le gouvernement parce qu'il y a des dossiers importants à régler. Du côté visible de l'iceberg, on parle surtout des salaires des fonctionnaires que le ministre des Finances ne pourra plus débloquer à partir du mois de septembre s'il n'y a pas une décision en ce sens du Conseil des ministres. On parle aussi de l'écoulement des produits agricoles et du dossier des biens-fonds maritimes qu'il devient de plus en plus urgent de traiter. Mais en filigrane, c'est surtout le dossier du pétrole qui occupe les différentes parties et qui risque de les pousser à accepter de surmonter leurs conflits. Les instances internationales, l'Onu en tête, sont en train de presser les responsables libanais à traiter ce dossier, pour éviter l'éclatement d'un conflit bien plus grave. Israël veut en effet accélérer le processus d'extraction du pétrole, et pourra, si le Liban n'y prend pas garde, puiser dans les gisements libanais, provoquant ainsi une nouvelle crise au Liban qui pourrait pousser le Hezbollah à réagir...

Si les Libanais ne se font pas trop d'illusions, la classe politique, elle, a les yeux fixés sur la réunion du Conseil des ministres prévue demain au Sérail. Les spéculations vont bon train, mais les pronostics les plus proches de la réalité sont ceux qui n'en attendent pas grand-chose, ni éclatement du gouvernement ni décisions importantes. Rien qu'une rencontre de pure forme pour...

commentaires (3)

peut etre l'argent que peut generer le dossier d'extraction du petrole coupera fin a l'idee de ne pas avoir une decision quelconque avant les nominations Tout le monde sait que l'Argent domine la politique

LA VERITE

13 h 09, le 01 juillet 2015

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Commentaires (3)

  • peut etre l'argent que peut generer le dossier d'extraction du petrole coupera fin a l'idee de ne pas avoir une decision quelconque avant les nominations Tout le monde sait que l'Argent domine la politique

    LA VERITE

    13 h 09, le 01 juillet 2015

  • LES ABRUTIS... S'ABRUTISSENT DE PLUS EN PLUS... PLUS DE MATIÈRE DANS LES BOÎTES CRÂNIENNES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 09, le 01 juillet 2015

  • En plein milieu du torrent monstre et jamais vu de manque de pudeur (قلة حيا) qui bloque et "rebloque" le Liban et désintègre ses institutions, surgit une tête : celle du Premier ministre des "chemises noires" qui a piétiné la dignité sunnite, pour faire la plus basse des démagogies sectaires, "critiquant" le chef du gouvernment Tammam Salam qui, selon lui, "en ne convoquant pas une réunion du Conseil des ministres, porte atteinte aux droits des sunnites". Un exemple typique et choquant de la bassesse politique qui règne dans ce pays et le ruine irrémédiabblement.

    Halim Abou Chacra

    10 h 14, le 01 juillet 2015

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