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Liban - En toute liberté

À quoi tiennent les divisions de l’Église

Le communiqué final du Saint-Synode de l'Église grecque-orthodoxe qui vient de se tenir à Balamand (23-26 juin) rend brièvement compte des préparatifs de la tenue d'un grand concile de tous les patriarcats autocéphales orthodoxes. Mais pour affirmer tout de suite après que l'un des facteurs qui entrave, ou retarde, sa tenue est le conflit de « territoire » qui oppose le patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche à celui de Jérusalem, au sujet de l'Église grecque-orthodoxe au Qatar. Selon un accord de principe conclu à Athènes en juin 2013, le Qatar relève de la juridiction d'Antioche, précise le communiqué, ce que continue d'ignorer le patriarche de Jérusalem. De ce fait, le patriarcat d'Antioche a décidé, jusqu'à nouvel ordre, de rompre la communion qui le lie au patriarcat de Jérusalem, précise le communiqué.
Dans une déclaration récente, le patriarche de Constantinople Bartholomée 1er a confirmé la tenue d'un grand concile orthodoxe à la Pentecôte 2016 à Istanbul. L'événement, qui réunira les 14 Églises orthodoxes autocéphales qui se reconnaissent comme telles entre elles, sera historique. Des thèmes sensibles devraient être débattus : l'autocéphalie, l'avenir de la diaspora orthodoxe, les relations avec les autres Églises chrétiennes, les questions éthiques et sociales, le calendrier liturgique et la primauté de Constantinople. La tenue de ce concile, souhaité par le patriarche de Constantinople Athénagoras en 1961 (il y a donc 54 ans !), a longtemps été bloquée par le patriarcat de Moscou.
Le patriarche œcuménique a en outre redit sa préoccupation au sujet des chrétiens du Moyen-Orient, en particulier les chrétiens d'Irak et de Syrie. Évoquant ses rencontres avec le pape François, au mois de novembre à Istanbul, Bartholomée 1er a plaidé une nouvelle fois pour la réconciliation au Moyen-Orient et pour un dialogue constructif avec l'islam.
Voilà comment à l'heure où les yeux du monde entier s'ouvrent sur le danger qui menace la présence millénaire des chrétiens au Proche-Orient, ces Églises continuent de se déchirer.
La crise entre Antioche et Jérusalem a éclaté après l'ordination épiscopale par Jérusalem de l'archimandrite Makarios comme métropolite de Qatar pour les grecs-orthodoxes, alors que le territoire du Golfe relève du patriarcat d'Antioche.
Le désaccord a été rendu public par le patriarcat d'Antioche à Balamand le 13 mars 2013. La décision du patriarcat de Jérusalem a été condamnée, en « espérant qu'il (le patriarcat d'Antioche) ne sera pas contraint à des prises de position pouvant aller jusqu'à la rupture de la communion », si la décision n'est pas ramenée. Aujourd'hui, nous y sommes.

Gardienne des lieux saints
L'Église orthodoxe de Jérusalem, dont la juridiction inclut Israël, la Palestine, la Jordanie et le Sinaï, n'a jamais été importante numériquement, mais a toujours occupé une place spéciale au sein de l'Église orthodoxe du fait de son rôle de gardienne des lieux saints de Jérusalem. Le patriarche orthodoxe de Jérusalem est, anomalie dans un monde arabe, un grec.
Mais aujourd'hui que la rupture de communion a été prononcée, on est en droit de s'interroger : le conflit de territorialité sur le Qatar justifie-t-il une telle rupture ? Dans certains milieux orthodoxes, on inscrit le différend entre Antioche et Jérusalem dans le contexte plus large de deux géopolitiques qui s'affrontent. Le patriarche de Jérusalem devrait être un arabe et non un grec, plaide Antioche. Certains pays comme le Qatar délivrent plus volontiers des visas au clergé orthodoxe relevant d'Athènes qu'à ceux d'Antioche, ajoutent ces milieux, qui rappellent que le patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche a son siège à Damas. Voilà donc l'Église orthodoxe embourbée dans la lutte entre des pôles régionaux et internationaux ayant leurs intérêts propres, économiques et politiques, et sujette aux aléas de rivalités et d'antagonismes étrangers à sa mission. Sans compter le côté personnel des différends qui surgissent et la lutte pour la suprématie entre Moscou, qui veut être « la deuxième Rome », et Istanbul. Il n'y a pas à dire, l'unité de l'Église – au niveau de la hiérarchie – avance à pas de tortue, alors même que le peuple des fidèles martyrisé, déporté, massacré n'en comprend plus les raisons et réclame l'unité !

La date de Pâques
La preuve, l'accueil réservé récemment à une prise de position du pape en faveur d'une même date de Pâques pour tous les chrétiens, une décision souhaitable pour favoriser l'unité. François l'a annoncé, au cours d'un dialogue informel, précisant que les Églises orientales célèbrent en effet Pâques selon le calendrier julien, abandonné par l'Église latine au XVIe siècle, au profit du calendrier grégorien, et donc pour des raisons totalement circonstancielles, aléatoires, sans aucune importance dogmatique.
« L'œcuménisme est la volonté de Jésus, a expliqué le pape. Nous nous scandalisons quand Daech brûle vif ce pauvre pilote dans cette cage, mais dans notre histoire nous l'avons fait ! Il faut demander pardon pour toutes les fois où nous avons tué au nom de Dieu (...) et pour toutes les fois où l'unité du corps du Christ a été brisée par nos péchés de division. »
Si donc, comme tout le monde peut le voir, les chrétiens vivent aujourd'hui « l'œcuménisme du sang », combien plus devraient-ils avoir le droit de vivre l'œcuménisme véritable. Tout récemment, le patriarche Tawadros II, le chef de l'Église copte orthodoxe, s'est prononcé pour une date commune de la célébration de Pâques : il a déclaré que ce problème « n'avait pas d'implications en termes de foi et de doctrine ». Pas plus que n'en ont les désaccords (et rivalités) entre Antioche et Jérusalem, ou Moscou et Istanbul.

Le communiqué final du Saint-Synode de l'Église grecque-orthodoxe qui vient de se tenir à Balamand (23-26 juin) rend brièvement compte des préparatifs de la tenue d'un grand concile de tous les patriarcats autocéphales orthodoxes. Mais pour affirmer tout de suite après que l'un des facteurs qui entrave, ou retarde, sa tenue est le conflit de « territoire » qui oppose le patriarcat...

commentaires (3)

À QUOI TIENNENT-ELLES... SINON À L'HÉBÉTUDE QUI LES FRAPPE TOUS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 18, le 30 juin 2015

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Commentaires (3)

  • À QUOI TIENNENT-ELLES... SINON À L'HÉBÉTUDE QUI LES FRAPPE TOUS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 30 juin 2015

  • C'est l' histoire du conflit interminable sur le sexe des anges entre les Eglises d'Orient.

    Halim Abou Chacra

    06 h 48, le 30 juin 2015

  • "Tawadros s'est prononcé pour une date commune de la célébration de Pâques : il a déclaré que ce problème n'avait pas d'implications en termes de foi et de doctrine. Pas plus que n'en ont les désaccords et rivalités entre Antioche et Jérusalem, ou Moscou et Istanbul." ! Oui, mais bon, où en est-on présentement et quid du "Sexe des Anges" ? Please !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 26, le 30 juin 2015

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