Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Conflit

Vers une intervention militaire turque en Syrie ?

Poutine promet de soutenir Damas y compris militairement, selon Moallem.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présidé hier la réunion du Conseil national de sécurité (MGK) qui a eu lieu au palais présidentiel d’Ankara. Photo AFP/Turkish Presidential Palace Press Office/Kayhan Ozer

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présidé hier une importante réunion de sécurité consacrée à la situation en Syrie, sur fond d'informations de presse insistantes évoquant une intervention militaire turque sur le sol de son voisin.
La réunion, mensuelle, du Conseil national de sécurité (MGK) a eu lieu au palais présidentiel d'Ankara, en présence de M. Erdogan, de son Premier ministre Ahmet Davutoglu, des ministres en charge des Affaires de sécurité et de l'état-major de l'armée, ont rapporté les médias turcs.
Depuis que les milices kurdes ont chassé mi-juin les jihadistes du groupe État islamique (EI) de la ville frontalière syrienne de Tall Abyad, les dirigeants islamo-conservateurs turcs ont manifesté à plusieurs reprises leur inquiétude quant à la progression des forces kurdes le long de leur frontière avec la Syrie.
Le chef de l'État a répété que son pays « ne permettra jamais l'établissement d'un nouvel État » dans le nord de la Syrie, en référence à une région autonome kurde de Syrie susceptible d'inspirer les quelque 15 millions de Kurdes de Turquie.
Dimanche soir, M. Davutoglu a répété que son pays était « prêt » à répondre « à toute menace potentielle à ses frontières ». « Notre nation et nos forces armées sont déterminées à maintenir un environnement pacifique dans notre pays », a-t-il dit devant la presse.
Plusieurs médias turcs ont affirmé que le gouvernement envisageait une opération militaire en Syrie pour repousser loin de ses frontières les combattants de l'EI et empêcher en même temps la progression des forces kurdes, proches des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mènent la rébellion en Turquie depuis 1984.
En octobre dernier, le Parlement turc avait autorisé l'armée à intervenir militairement en Irak et en Syrie contre les jihadistes. Mais le gouvernement turc était resté l'arme au pied pendant toute la bataille pour le contrôle de la ville frontalière syrienne de Kobané, qui s'est soldée en janvier par la victoire des Kurdes sur les jihadistes.
Selon le quotidien turc, Yeni Safak, proche du parti de la Justice et du Développement (AKP, islamo-conservateur), « le président Erdogan a déjà appuyé sur le bouton autorisant une offensive militaire sur le territoire syrien », ajoutant que quelque 18 000 soldats sont mobilisés et prêts au combat.
Selon le journal, plusieurs réunions sécuritaires ont déjà eu lieu récemment, afin d'élaborer un plan visant à former une zone-tampon à la frontière syro-turque.
Dans ce cas, plusieurs scénarios ont été discutés concernant la réaction de la communauté internationale. Le premier consiste à avoir un appui ferme des alliés de la Turquie, pouvant légitimer l'action d'Ankara. Le second, par contre, met en avant l'hostilité de la communauté internationale concernant une éventuelle offensive de l'armée turque. Dans ce cas, toujours selon Yeni Safak, la Turquie adoptera le même modèle utilisé par l'armée israélienne au Liban-Sud.

Moallem à Moscou
Sur un autre plan, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem a affirmé hier à Moscou avoir reçu des assurances du président russe Vladimir Poutine que son pays continuera à aider la Syrie, y compris militairement. « J'ai reçu une promesse du président Poutine qu'il allait soutenir la Syrie, politiquement, économiquement et militairement », a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec son homologue russe Sergueï Lavrov et après une rencontre avec le dirigeant russe.
La Russie est un allié de premier plan du régime de Bachar el-Assad qu'il a soutenu depuis le début du conflit en mars 2011. Son appui s'est traduit par des veto au Conseil de sécurité de l'Onu chaque fois que les Occidentaux ont voulu condamner Damas ainsi que par une assistance militaire et financière.
Moscou a également accueilli deux séances de négociations entre le régime et une opposition tolérée mais peu représentative, qui n'ont pas abouti à des conclusions concrètes d'autant que l'opposition en exil, soutenue par l'Occident, n'y participait pas.
M. Poutine, après sa rencontre avec M. Moallem, a assuré que son pays continuera à se ranger du côté du régime syrien, faisant ainsi taire les rumeurs et les affirmations d'analystes sur un prétendu changement de position de Moscou. « Nous sommes convaincus qu'au final, le peuple syrien sera victorieux. Et notre politique, qui vise à soutenir la Syrie, les dirigeants syriens et le peuple syrien, reste inchangée », a affirmé le président russe.
Il a également discuté de la possibilité de constituer une nouvelle coalition internationale pour combattre le « terrorisme ». « Tous nos contacts avec les pays de cette région montrent que lorsqu'il s'agit de combattre le soi-disant État islamique, chacun est prêt à combattre ce mal. Cela s'applique à la Turquie, la Jordanie, l'Arabie saoudite », a-t-il ajouté. Mais M. Moallem s'est montré sceptique. « Je sais que Poutine est un homme qui fait des miracles, mais une alliance avec l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar ou les États-Unis nécessite un grand miracle », a-t-il dit avec humour.

Combats à Hassaké
Sur le terrain, douze membres des forces gouvernementales syriennes ont été tués dimanche par l'explosion de trois voitures piégées du groupe État islamique (EI) à Hassaké, une ville du nord-est de la Syrie, a indiqué hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les trois véhicules piégés ont explosé dans deux quartiers du sud de la ville, où les jihadistes de l'EI étaient entrés jeudi.
Hier, les combats se poursuivaient dans la ville, contrôlée par les forces du régime et les forces kurdes. L'agence officielle syrienne Sana a indiqué pour sa part que les forces gouvernementales avaient détruit un camion piégé, tuant et blessant de « nombreux terroristes ». Selon l'OSDH, les raids aériens du gouvernement contre les positions de l'EI se poursuivaient hier, en parallèle avec les bombardements menés par les jihadistes sur différents points de la ville.
(Sources : agences
et rédaction)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présidé hier une importante réunion de sécurité consacrée à la situation en Syrie, sur fond d'informations de presse insistantes évoquant une intervention militaire turque sur le sol de son voisin.La réunion, mensuelle, du Conseil national de sécurité (MGK) a eu lieu au palais présidentiel d'Ankara, en présence de M. Erdogan, de son Premier...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut