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Liban - Torture à Roumieh

La commission des Droits de l’homme se penche à son tour sur le dossier des vidéos

Le ministre de l’Intérieur, hier, recevant une délégation d’ulémas de la Békaa. Photo Ani

Comme prévu, la commission parlementaire des Droits de l'homme s'est réunie hier pour se pencher sur l'affaire de la diffusion, samedi, de vidéos montrant des scènes de torture de détenus islamistes dans la prison de Roumieh, au mois d'avril. Présidée par le député Michel Moussa, la réunion s'est déroulée en présence du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a informé les députés Élie Keyrouz, Marwan Farès, Amine Wehbé, Marwan Hamadé, Atef Majdalani et Kassem Hachem, de certaines circonstances qui ont accompagné la circulation de la vidéo et de la condition des prisons qui sont « surpeuplées ». Le procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, était également présent, ainsi que des représentants du corps juridique, du ministère de la Justice et de l'ordre des avocats.
« Ce qui s'est passé à Roumieh est un acte individuel qui ne s'inscrit pas dans le cadre d'une pratique systématique de torture », a affirmé le ministre Machnouk durant la réunion. Devant les journalistes, il a déclaré que « cette affaire est finie à mon avis et la justice suit son cours. Nous ne pouvons pas condamner une institution comprenant 30 000 membres à cause des abus de 5 personnes ». « Toute une campagne a été menée suite à la diffusion de vidéos montrant des détenus battus, mais personne n'a manifesté un quelconque intérêt à la suite de la diffusion, il y a une vingtaine de jours, d'une vidéo montrant des agents des FSI battus par des détenus », a également dénoncé M. Machnouk, alors que le juge Hammoud assurait que l'enquête se poursuivra « jusqu'à ce que les coupables soient sanctionnés ».
Les participants à la réunion ont émis une série de recommandations, appelant notamment « à aller au-delà de cette affaire et suivre les cas de torture dans les prisons et postes de police afin d'appliquer les lois et conventions internationales », à appliquer l'article 402 du code de procédure pénale qui prévoit la visite périodique en prison – au moins une fois par mois – des juges et du procureur général près la Cour de cassation, à avaliser le projet de loi de lutte contre la torture qui a déjà été adopté en commission, et à ne plus avoir recours aux bulletins de délation.

« Pas de divergences au sein du Futur »
Le ministre de l'Intérieur a, sur un autre plan, reçu hier le président du Dialogue national Fouad Makhzoumi, qui a assuré au terme de la rencontre que l'incident de la prison de Roumieh ne devrait pas faire de l'ombre sur les exploits du ministre Machnouk et des services de sécurité. M. Machnouk a également reçu une délégation des ulémas de la Békaa, qui ont appelé à l'accélération des procès des détenus islamistes. Le chef de la délégation, le cheikh Bakr el-Rifaï, a affirmé avoir visité dans la matinée la prison de Roumieh pour rencontrer les prisonniers battus. Selon lui, ces derniers ont déclaré qu'ils étaient bien traités et que l'incident filmé était le résultat d'une mutinerie inhabituelle qui s'est déclarée dans le bâtiment D. Il a par ailleurs affirmé avoir « baissé le ton » du fait que l'enquête suit son cours et que les policiers impliqués dans l'affaire ont été punis.
Au sein du courant du Futur, de nombreuses voix ont tenu hier à assurer qu'il n'existe pas de divergences entre les cadres du courant, au lendemain de la réunion de franche explication qui s'est tenue entre le ministre de la Justice Achraf Rifi et le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk. Le député Amine Wehbé a ainsi assuré hier que « les ministres Machnouk et Rifi font partie de la même ligne politique, et qu'ils sont des collègues qui collaborent ensemble ». Il a par ailleurs estimé qu'il est possible que certains membres des forces de l'ordre soient responsables de la fuite des vidéos, ou même des factions politiques opposées au 14 Mars, « afin de porter préjudice au ministre de l'Intérieur ». Il a également indiqué qu'il est possible que le ministre Rifi, qui a accusé le Hezbollah d'avoir diffusé les vidéos, ait des informations à ce sujet.
Le député du bloc parlementaire du Futur Mohammad Hajjar a indiqué de son côté que le timing de la publication des vidéos de la prison était suspect, dans la mesure où il s'agit d'une tentative de déstabiliser le pays et d'y provoquer la discorde. Le député, qui s'est interrogé sur les objectifs de la publication de la vidéo en question, a rappelé que l'affaire date de plus de deux mois. Il a dans ce contexte appelé à attendre les résultats de l'enquête et à clôturer les procès des détenus islamistes de Roumieh. Pour sa part, le membre du bureau politique du courant du Futur, Rached Fayed, a déclaré qu'il existe chez certains une volonté de faire sortir le Futur de sa ligne politique de modération. Le ministre Sejaan Azzi a quant à lui estimé qu'un piège a été tendu au ministre Machnouk, qui a réussi à s'en sortir. Par ailleurs, le député Imad el-Hout a estimé que la diffusion des vidéos s'inscrit dans une tentative de positionner la communauté sunnite contre les forces de l'ordre et l'armée. « Dans des cas pareils, le ministre de l'Intérieur devrait démissionner. Mais nous comprenons les circonstances inhabituelles que connaît le Liban. C'est pour cela que nous avons demandé que l'enquête soit élargie, quitte à ne pas la limiter aux policiers qui apparaissent sur la vidéo », a-t-il indiqué.
Si le ministre Machnouk semble avoir survécu à la vague de réactions qui s'étaient déclenchées contre lui peu après la diffusion des vidéos, le député du courant du Futur Mohammad Kabbara a continué hier sur sa lancée. Dans un entretien accordé à l'agence al-Markaziya, il a appelé la commission parlementaire des Droits de l'homme « à se saisir du dossier de la prison de Roumieh ». « Les familles des détenus m'ont raconté que leurs fils ont été battus et torturés en prison, et le ministre a refusé de me croire quand j'ai transmis ces informations, a-t-il indiqué. Le ministre de l'Intérieur avait affirmé qu'il allait traiter les détenus qui avaient causé la mutinerie selon les normes légales, mais ce qui est arrivé est le résultat d'une décision prise de torturer les prisonniers, deux jours après leur insurrection. » « Le ministre Machnouk est aujourd'hui très embarrassé », a ajouté Mohammad Kabbara.

Comme prévu, la commission parlementaire des Droits de l'homme s'est réunie hier pour se pencher sur l'affaire de la diffusion, samedi, de vidéos montrant des scènes de torture de détenus islamistes dans la prison de Roumieh, au mois d'avril. Présidée par le député Michel Moussa, la réunion s'est déroulée en présence du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a informé les...

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