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Agenda - Hommage

À la Grande Dame des Souks d’Alep, Jenny Poche Marrache

Tel le chant du cygne, signe prémonitoire, tu avais tenu, malgré toutes les supplications de ton entourage, à retrouver Alep ton amour pour vivre de concert votre passion au point d'imploser ensemble et subir le démembrement de vos extrémités.
Jenny ! En feuilletant ton livre de famille, famille de Levantins établis depuis le XVIe siècle à Alep, livre rédigé par toi et que tu m'avais dédicacé, je ne peux que retrouver tes dons de conteur, dons révélés déjà depuis notre plus tendre enfance en colonie de vacances à Slenfe pour jouer Le Corbeau et le Renard. Avec les années, ces dons, tu les as affinés en y ajoutant beaucoup de culture et de savoir. De plus, tu as su les perpétuer chaque vendredi en ouvrant ta maison familiale des Souks, maison reconnue comme 1er consulat de Venise, ayant reçu bon nombre de têtes couronnées européennes, et devenue le passage obligé à Alep pour tout touriste en quête d'histoire.
Jenny ! Ton esprit de tolérance a toujours suscité notre admiration. De la petite fille chouchoutée et toujours accompagnée, tu étais devenue la « Sett » respectée des Souks, une habitante toutefois parmi tant d'autres, au point que tu prenais leur accent, interpellant le « Hajji » avec un « Chlonak » pour t'entendre rétorquer « Tfadalli Jaretna ».
Jenny ! Ton courage allant jusqu'au stoïcisme nous a toujours étonnés, voire époustouflés.
Avec la guerre qui a ravagé Alep jusque dans ses entrailles, tu as assisté avec impuissance et amertume à la destruction de cinq de tes demeures et non des moindres, et cela sans laisser exprimer un quelconque débordement. Face aux maladies et malgré tous les avis et conseils aussi bien médicaux qu'amicaux, tu donnais libre cours à ton humour comme pour les tourner en dérision et permettre à la fatalité de prendre toute sa dimension.
Jenny ! Aujourd'hui de là-haut où tu as retrouvé Georges, ton époux, je reste persuadé qu'en plus de veiller sur vos enfants et petits-enfants, tu essaieras de convaincre le bon Dieu que ta maison et les Souks millénaires d'Alep détruits sur terre méritent largement d'être reconstruits au Paradis pour en devenir La Grande Dame aussi.

Jean-Marie MEGARBANÉ
et tes amis d'enfance

Tel le chant du cygne, signe prémonitoire, tu avais tenu, malgré toutes les supplications de ton entourage, à retrouver Alep ton amour pour vivre de concert votre passion au point d'imploser ensemble et subir le démembrement de vos extrémités.Jenny ! En feuilletant ton livre de famille, famille de Levantins établis depuis le XVIe siècle à Alep, livre rédigé par toi et que tu m'avais...