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Liban - L’éclairage

Les contacts se multiplient pour extirper Aoun de l’impasse dans laquelle il s’est placé

Publié par la presse proche du 8 Mars, le rapport de la rencontre entre l'ambassadeur du Liban à Moscou, Chaouki Bou Nassar, et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, suscite l'étonnement dans les milieux du 14 Mars. Selon ce rapport, « la Russie est en faveur d'une élection présidentielle au Liban et s'étonne de l'attachement du chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, à sa candidature, en dépit du fait que ce dernier sait qu'il ne peut pas être élu, dans la mesure où un camp politique important au Liban ne le considère pas comme un candidat consensuel. C'est aussi le cas de Samir Geagea, mais le Premier ministre Saad Hariri nous a dit que ce dernier était prêt à se retirer en faveur d'un candidat consensuel si Michel Aoun sortait de la course ».

Le responsable russe révèle par ailleurs avoir dit à l'adjoint du chef de la diplomatie iranienne, Hussein Amir Abdel Lahyane, que « l'attachement à la candidature du général Aoun ne facilite pas l'élection d'un président et pourrait conduire Aoun à perdre un autre poste, tel que le commandement de l'armée ». Le diplomate iranien a tenté de rejeter la responsabilité de l'obstruction et du vide sur le 14 Mars, appelant Moscou à « adopter la proposition du chef du CPL d'élire le chef de l'État au suffrage universel direct ». « Cette proposition porte atteinte aux chrétiens, qui sont devenus une minorité », a répondu Mikhaïl Bogdanov, plaidant en faveur d'un « candidat consensuel, puisque les chrétiens sont divisés entre chrétiens sunnites et chrétiens chiites ».

Dans les milieux du CPL, les questions se multiplient : comment un tel rapport diplomatique, censé être secret, a-t-il bien pu transpirer ? Pourquoi a-t-il été diffusé aux médias gravitant dans l'orbite du 8 Mars, et du Hezbollah surtout ? Pourquoi certains de ces médias, très proches du Hezbollah, l'ont-ils publié dans son intégralité, alors qu'il ne joue pas en faveur de la candidature du général Aoun, allié et candidat unique du parti chiite, à en croire les déclarations du cheikh Naïm Kassem ? De plus, le rapport ne sert pas l'axe Iran-Syrie-Hezbollah ni les intérêts du parti chiite. Pourquoi donc a-t-il été publié à la veille de la signature de l'accord sur le nucléaire iranien et alors que les développements s'accélèrent en Syrie, notamment sur le front du Qalamoun et aux portes de Damas ? Pour des sources politiques bien informées, la publication du rapport comporte en effet plus d'un message local et régional, tant qu'aucune clarification ni aucun démenti n'a émané de Moscou ou de son ambassade à Beyrouth.

La position du président de la Chambre Nabih Berry, qui refuse le blocage du gouvernement sur fond du dossier des nominations sécuritaires, a gêné au plus haut point le général Aoun, si bien que ce dernier a adressé un message de mécontentement au Hezbollah, estimant que M. Berry ne saurait adopter une telle posture s'il n'avait pas l'aval du parti de Hassan Nasrallah. Dans son message au directoire du Hezb, le chef du CPL a indiqué qu'il se sentait délaissé et qu'il voyait derrière les propos du chef du législatif un message selon lequel le parti chiite n'était pas disposé à le soutenir jusqu'au bout.

 

(Pour mémoire : Comment Kassem a détruit la candidature « consensuelle » du général Aoun...)


Ces données ont tout changé, notamment à Aïn el-Tiné. Alors que le blocage devait être restreint, en principe, à une ou deux séances du Conseil des ministres, le voilà qui s'éternise. Des sources du 8 Mars proches du Hezbollah indiquent ainsi qu'il n'y aura pas de séances durant le mois de ramadan, afin de permettre au Premier ministre de mener ses concertations avec les parties et de parvenir à un accord. Surtout qu'il s'est avéré que Tammam Salam n'a aucune volonté de défier qui que ce soit, le CPL inclus. Au contraire, il souhaite poursuivre les contacts avec toutes les forces politiques et discuter une série de propositions pour résoudre la crise actuelle. Cependant, estiment certaines sources bien informées, Michel Aoun serait prisonnier de ses propres prises de position. Il a été trop loin et peut difficilement faire marche arrière, sauf si une formule lui est concoctée pour lui sauver la face. C'est ce qui est d'ailleurs en cours d'élaboration.

Face au message virulent qui lui a été adressé par le général Aoun, le Hezbollah a voulu prouver au chef du CPL qu'il était bel et bien à ses côtés, d'où la multiplication des déclarations de soutien récentes de la part des pôles du Hezbollah à ce dernier, parmi lesquelles la position-diktat de Naïm Kassem concernant la présidentielle : « Aoun ou le vide. » Le ministre Mohammad Fneich a également tenu à se rendre au Grand Sérail en compagnie du chef de la diplomatie, Gebran Bassil, cette semaine – une autre manière de prouver au courant aouniste que l'alliance entre les deux formations est indéfectible, quand bien même le Hezbollah ne souhaiterait pas aller jusqu'à provoquer la chute du cabinet Salam.
En dépit de cette surenchère de la part du Hezbollah et d'un état d'esprit qui incite Michel Aoun à penser plus que jamais qu'il sera effectivement le prochain chef de l'État, beaucoup d'indices indiquent qu'un éventuel déblocage de la présidentielle commence à poindre à l'horizon. D'autant que le Hezbollah, en raison des développements régionaux, surtout en Syrie, est contraint de combler le vide présidentiel et de redynamiser les institutions afin de se préparer une place au soleil une fois que le grand règlement régional aura lieu, après la signature, à Genève, de l'accord sur le nucléaire iranien.

 

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commentaires (5)

Mais, qu'ils le laissent donc barboter dans sa mouise !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 24, le 20 juin 2015

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Commentaires (5)

  • Mais, qu'ils le laissent donc barboter dans sa mouise !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 24, le 20 juin 2015

  • Aoun est un pauvre monomaniaque qui se roule par terre, je pense que la sédation et la camisole ne sont pas loin.

    Christine KHALIL

    09 h 19, le 20 juin 2015

  • SI SIMPLE ! LE HEZB ET SES COMPARSES LE PUBLIENT POUR ÉVITER TOUT POSSIBLE ACCORD ENTRE CHRÉTIENS... MÊME SUR LA PERSONNE DU PARAVENTISSIME... ET GARDER LA CRISE DE LA PRÉSIDENTIELLE... QUI LES SERT CAR ILS SONT LES TIREURS DES FICELLES... TELLE QUELLE !!!

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 15, le 20 juin 2015

  • J'ai la naussée, je lis et je constate que tout ce que souhaite Hassan Nassrallah , il arrive à l'botenir ! ça fait 3 ans qu'il combat en Syrie, et le 14 mars crie, pleure , gémit pour qu'il revient au berceau , mais lui il s'en fout !!! Et c'est quand lui , il décide, nous aurons un président !!!!! C'est malheureux pour ce pays !

    Hind Faddoul FAUCON

    07 h 37, le 20 juin 2015

  • La mégalomanie aiguë de Aoun-Iznogoud dépasse l'entendement. De ce train, comme la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, il s'enfle si bien qu'il...

    Dounia Mansour Abdelnour

    02 h 40, le 20 juin 2015

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