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Économie - Liban - Télécommunications

Nouveau bras de fer politique autour de la gestion des réseaux mobiles

Un appel d'offres pour de nouveaux contrats de gestion des deux réseaux de téléphonie mobile devait avoir lieu le 15 juin. Mais le cahier des charges, approuvé le 29 avril dernier en Conseil des ministres après de longues tractations politiques, fait de nouveau débat, entraînant le report de la procédure. Décryptage.

L’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms prend toute son importance dans la perspective d’une future privatisation de la téléphonie mobile.

À peine rentré du Caire, le Premier ministre Tammam Salam va devoir à nouveau se plonger dans l'épineux dossier de la téléphonie mobile, et tenter de trouver un compromis entre les ministres du 8 Mars et celui des Télécommunications.

L'affaire semblait pourtant réglée. Le 29 avril, le Conseil des ministres avait chargé Boutros Harb de lancer un appel d'offres le 15 juin pour la gestion des deux réseaux de téléphonie mobile, après en avoir approuvé les modalités. Le lendemain, le ministre prolongeait, pour la huitième fois consécutive, le contrat des opérateurs actuels – l'égyptien Orascom et le koweïtien Zain – pour une période de 6 mois, en attendant le lancement de la procédure. Mais la mouture finale du cahier des charges, distribuée aux différents ministres la semaine dernière, a remis le feu aux poudres.

Climat de défiance
La définition des modalités et des critères d'éligibilité de l'appel d'offres avait pourtant fait l'objet de longues tractations entre les ministres des Télécommunications, Boutros Harb, des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et d'Etat pour les affaires du Parlement, Mohammad Fneich. Signe de la confiance qui règne entre les deux camps, les discussions avaient d'abord buté sur la partie chargée de mener l'appel d'offres, le 8 Mars souhaitant que la tâche soit confiée à la direction publique des adjudications. Ce à quoi Boutros Harb avait finalement consenti.
La deuxième pierre d'achoppement était le nombre minimal d'abonnés requis pour participer à l'appel d'offres. À l'origine, Boutros Harb avait proposé 15 millions d'abonnés, arguant de la nécessité de privilégier les grands opérateurs mondiaux. Selon lui, confier la gestion des réseaux à des opérateurs plus expérimentés permettrait d'améliorer la qualité du service et les projets de développement du secteur. Les deux autres ministres au contraire ont mis en avant la nécessité de stimuler la concurrence en faisant participer le plus grand nombre d'entreprises possible.
Un compromis avait été trouvé sur un minimum de 10 millions d'abonnés. Mais Gebran Bassil et Mohammad Fneich contestent aujourd'hui une phrase du cahier des charges précisant que les opérateurs doivent avoir 10 millions d'abonnés au cours des cinq dernières années. Pour eux, cette condition restreint une nouvelle fois le champ des candidats potentiels. Les deux ministres ont donc sollicité le chef du gouvernement, qui a demandé un report de la procédure pour quelques jours.
Cette nouvelle crispation autour du dossier des cellulaires s'inscrit dans un climat global de défiance entre les deux camps, et une volonté manifeste de bloquer les actions des uns et des autres, ou du moins de les monnayer.

Privatisation en perspective
En filigrane, les deux parties s'accusent aussi de vouloir servir leurs propres intérêts. Comme à chaque appel d'offres pour l'attribution d'un marché public au Liban, la crainte est d'avoir un cahier des charges « sur mesure » pour privilégier telle ou telle entreprise.
Pour le Hezbollah, l'enjeu sécuritaire est évident : les gestionnaires de réseau ont accès à des données stratégiques. Après avoir établi une relation de confiance avec les opérateurs actuels, le parti n'aurait pas forcément envie de les voir tomber aux mains d'un opérateur public du Golfe, par exemple. Le cahier des charges du nouvel appel d'offres aurait toutefois apporté des garanties de confidentialité.
La dimension clientéliste est aussi évoquée, des sources du 14 Mars accusant les ministres du CPL d'avoir placé « leurs amis » dans la direction des sociétés actuelles. Mais le cahier des charges garantit aussi la continuité en termes d'emplois au moment du changement de gestionnaire des sociétés existantes.
Reste l'enjeu économique, et il n'est pas des moindres. Le marché porte uniquement sur la gestion des réseaux pour une durée de trois ans. Le contrat n'est donc pas particulièrement juteux. Mais le ministre des Télécommunications ne cache pas sa volonté de privatiser le secteur, et c'est dans cette perspective que cet appel d'offres prend toute son importance. Les entreprises qui le remporteront auront en effet une longueur d'avance sur leurs concurrentes en cas de cession des réseaux.

 

Lancement prochain d'un plan quinquennal pour développer les télécoms

Le ministre des Télécommunications, Boutros Harb, va dévoiler le 1er juillet au Grand Sérail un plan quinquennal pour développer le secteur des télécommunications, intitulé : « Liban 2020 : la vision des télécoms à l'ère du numérique ». Fruit d'une collaboration avec de nombreux experts, notamment des Libanais de la diaspora, la stratégie vise à « permettre au Liban de rattraper le retard accumulé à ce niveau et de lui donner les moyens de jouer un rôle régional », a-t-il expliqué lors d'une rencontre avec la presse. Cette stratégie, dotée d'une enveloppe globale de près de 750 millions de dollars, sera financée par le budget du ministère des Télécommunications sur cinq ans. Parmi les principaux volets de ce plan : le déploiement de la fibre optique jusqu'à l'utilisateur final et l'extension de la couverture de la 4G à l'ensemble du territoire.

 

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