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À La Une - Terrorisme

Un gouverneur turc fait arrêter brièvement quatre journalistes qui l'interrogeaient sur l'EI

Vague de protestations sur les réseaux sociaux sous le mot-clé #nesoriymvalime ("Qu'est-ce que je demande à mon gouverneur"?).

"Turquie, libère les journalistes", peut-on lire sur une pancarte brandie lors d'une manifestation en 2011. Photo d'archives AFP

Un gouverneur turc a fait brièvement arrêter mardi quatre journalistes qui l'avaient interrogé sur la présence en Turquie de jihadistes du groupe Etat islamique (EI), après la chute de la ville syrienne de Tall Abyad aux mains des forces kurdes.

Les quatre reporters, Hasan Akbas, du quotidien Evrensel, Pinar Ogunc, du journal Cumhuriyet, Özlem Topcu, de l'hebdomadaire allemand Die Zeit, et Deniz Yücel, du quotidien allemand Die Welt, ont annoncé sur leurs comptes Twitter avoir été interpellés, puis remis en liberté, après un contrôle d'identité.
Présents au poste-frontière turc d'Akçakale (sud) pour couvrir la bataille de Tall Abyad et l'exode massif de réfugiés qu'elle a provoqué vers la Turquie, ils y ont rencontré le gouverneur de la province de Sanliurfa, Izzetin Kücük.

Au cours de leur entretien, deux d'entre eux ont suscité sa colère en lui demandant un commentaire sur l'inquiétude manifestée par certains habitants d'Akçakale quant à la présence dans leur ville de militants de l'EI. "Terminé !", s'est emporté M. Kücük, avant de donner aux policiers qui l'accompagnaient l'ordre suivant : "embarquez-les !"

 

(Lire aussi : Ankara a facilité l'entrée de jihadistes en Syrie, affirme un quotidien turc)

 

Interrogé par l'AFP, un responsable turc a confirmé l'incident, mais précisé que les quatre journalistes n'avaient pas été officiellement arrêtés mais soumis à un contrôle d'identité. Cet épisode a immédiatement causé une vague de protestations sur les réseaux sociaux sous le mot-clé #nesoriymvalime (Qu'est ce que je demande à mon gouverneur ?).

Souvent accusé d'avoir soutenu ou d'encore soutenir les jihadistes de l'EI, le gouvernement islamo-conservateur turc l'a toujours nié. Le mois dernier, le quotidien proche de l'opposition Cumhuriyet a publié les photos de l'interception par la gendarmerie turque, en janvier 2014, d'un convoi relevant des services de renseignement (MIT) et chargé d'armes en direction de la Syrie. Le président Recep Tayyip Erdogan a porté plainte contre son rédacteur en chef, Can Dündar, qui risque une lourde peine de prison.

 

Par ailleurs, un tribunal d'Ankara a condamné le rédacteur-en-chef du quotidien turc Today's Zaman à une peine de vingt-et-un mois de prison avec sursis pour avoir écrit un tweet jugé "insultant" à l'encontre de M. Erdogan.
"Heureusement, la respectable mère de cet homme indigne ne vit plus pour voir quel fils elle a et peut s'épargner cette torture", avait écrit l'an dernier Bülent Kenes sur les réseaux sociaux, sans même citer le nom du chef de l'Etat.
Dans son jugement, le tribunal de la capitale turque, qui a eu recours à un expert pour trancher, a malgré tout considéré ces lignes comme injurieuses à l'endroit de l'homme fort du pays, à l'époque Premier ministre, a rapporté le quotidien Today's Zaman, version anglaise du titre le plus vendu de la presse turque, Zaman.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, M. Erdogan, élu en août 2014 à la magistrature suprême, a multiplié les plaintes en diffamation ou insulte contre ses adversaires, qu'il s'agisse d'adversaires politiques, de journalistes, d'artistes ou de simples citoyens.

La Turquie est d'ailleurs régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui dénoncent les pressions du pouvoir sur les journalistes. Dans son classement mondial de la liberté de la presse 2015, Reporters sans frontières place la Turquie à la 149e place, sur un total de 180 pays.

 

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